Face à la montée des cas d’allergies, qui touchent aujourd’hui près d’un tiers des Français, la mise en place de traitements efficaces est devenue nécessaire. Des antihistaminiques aux biothérapies en passant par la désensibilisation, retour sur ces nouveaux outils de lutte contre les allergies.
Les allergies sont de plus en plus communes au fil des années. Selon une enquête réalisée par l’association de l’asthme et des allergies en partenariat avec l’Ifop, près de 34 % des Français seraient allergiques. Ces réactions inappropriées du système immunitaire peuvent être traitées par divers dispositifs médicaux.
Antihistaminiques : le premier choix
L’utilisation d’antihistaminiques permet de traiter les symptômes allergiques. Ces médicaments agissent directement sur les cellules pour bloquer les récepteurs à l’histamine, une molécule produite par le système immunitaire qui a pour rôle de déclencher l’expulsion des allergènes de l’organisme. Ce rejet se traduit par divers symptômes comme des éruptions cutanées, des écoulements nasaux, des larmoiements ou encore de la toux. Pris suffisamment en amont, les antihistaminiques permettent de prévenir ces réactions allergiques. Ils sont généralement utilisés par voie orale sous forme de comprimés ou de solution buvable. Les antihistaminiques les plus récents ont de légers effets indésirables sur le sommeil et l’augmentation de l’appétit, c’est pourquoi il faut rester vigilant lors de leur consommation.
La désensibilisation, un bon traitement ?
Lorsque les antihistaminiques ne sont plus efficaces, il est possible de se tourner vers la désensibilisation, aussi appelée immunothérapie, pour se débarrasser de son allergie. « Les traitements les plus efficaces contre les allergies saisonnières, par exemple le pollen, ou domestiques, comme les acariens, sont les désensibilisations allergéniques », souligne la Dr Juliette Caron, praticienne hospitalière au service d’allergologie de l’hôpital Saint Vincent de Paul à Lille. Mais c’est contre les piqûres d’hyménoptères (abeilles, guêpes…) que l’immunothérapie est la plus effective, la Haute Autorité de santé (HAS) souligne le fait que « l’efficacité de la désensibilisation sur le venin de guêpe est d’environ 95 % et de 80 % pour l’abeille ».
Concernant les pollens, qui sont à l’origine de la majorité des allergies saisonnières, « environ 80-85 % des personnes recevant un traitement d’immunothérapie pour les pollens observeront une amélioration de leur condition », souligne l’association des allergologues et immunologues du Québec.
Au final, les symptômes classiques des allergies (éternuements, nez qui coule, larmoiement, démangeaisons et rougeurs) sont très largement atténués.
« Les traitements les plus efficaces contre les allergies saisonnières, par exemple le pollen, ou domestiques, comme les acariens, sont les désensibilisations allergéniques » Dr Juliette Caron, allergologue à l’hôpital Saint Vincent de Paul à Lille.
Gouttes, comprimes, injections… Quelles formes ?
Les immunothérapies allergéniques peuvent se faire par des injections sous-cutanées ou bien via des gouttes ou des comprimés sublinguaux. Les injections sous-cutanées doivent être réalisées au moins une fois par semaine pendant 6 mois avec une dose qui va augmenter graduellement au cours de cette période.
Par la suite, le patient aura la même dose chaque mois durant 3 à 5 ans. Concernant les traitements à base de comprimés ou de gouttes, ils se prennent une fois par jour pendant 6 mois et doivent être renouvelés chaque année pendant 3 à 5 ans. Les effets de ces thérapies peuvent se prolonger jusqu’à 9 ans après la fin du traitement.
Quid des corticoïdes dans l’asthme allergique ?
Bien qu’elle soit une bonne solution face à la majorité des symptômes, l’immunothérapie ne permet pas d’agir efficacement contre l’asthme allergique. Lorsqu’une personne allergique est confrontée à ce type de crise, il est recommandé de se tourner vers les corticoïdes. Ils peuvent être pris par inhalation ou sous la forme de comprimés.
Les corticoïdes possèdent un fort pouvoir anti-inflammatoire permettant de réduire l’inflammation des bronches produite par l’asthme allergique.
Cependant, les corticoïdes ne sont pas dénués d’effets indésirables, en particulier s’ils sont utilisés sur une longue durée. Ils peuvent être à l’origine de plus d’une dizaine d’effets indésirables comme de l’hypertension artérielle, une perte de calcium osseux, un ralentissement de la croissance chez l’enfant ou encore des problèmes psychiques.
L’espoir de la biothérapie
Pour éviter ces complications et tout de même traiter les cas d’asthme sévères, un nouveau type de traitement a vu le jour ces dernières années, il s’agit de la biothérapie. Celle-ci se base sur l’injection de molécules par voie sous-cutanée agissant directement sur les anticorps à l’origine des réactions allergiques. Cette thérapie ciblée, prescrite à un rythme variable en complément des corticoïdes, évite d’occasionner trop de dommages collatéraux ce qui lui permet d’avoir peu d’effets secondaires. L’efficacité de ce traitement s’observe 4 à 6 mois après le début de la thérapie et celui-ci doit être maintenu par la suite pour plusieurs années.
Tout comme les corticoïdes, la biothérapie n’est pas un traitement pour guérir l’asthme, mais pour le contrôler. L’utilisation de la biothérapie ne se limite pas à l’asthme dans le cadre des réactions allergiques, mais elle concerne aussi l’eczéma et pourrait bientôt être prescrite dans d’autres types d’allergies. « Concernant les allergies alimentaires et la rhino-conjonctivite allergique, il n’existe actuellement pas de biothérapie en autorisation de mise sur le marché en France. Cependant, dans les prochaines années, il est probable que l’indication de certaines biothérapies indiquées dans l’asthme et/ou la dermatite atopique soient étendues aux allergies alimentaires sévères », explique la Dr Juliette Caron.
Malgré l’efficacité des nouveaux traitements face aux allergies, ils ne sont pas suffisants pour limiter au mieux les risques. L’hygiène a aussi un rôle clé dans la lutte face aux allergies. Le meilleur moyen de ne pas subir de crises allergiques c’est encore d’éviter la source allergénique.
« Si l’on prend l’exemple de la rhinite aux acariens. Il est nécessaire d’aérer le domicile quotidiennement, d’aspirer les matelas, les moquettes, les canapés plusieurs fois par semaine. Si malgré cela, la personne est gênée plusieurs fois par semaine et doit prendre des antihistaminiques, je lui conseille de consulter un allergologue », conclut la praticienne hospitalière spécialisée en allergologie.
« Il est nécessaire d’aérer le domicile quotidiennement, d’aspirer les matelas, les moquettes, les canapés plusieurs fois par semaine ». Dr Juliette Caron, allergologue à l’hôpital Saint Vincent de Paul à Lille.
Changement climatique : un catalyseur des allergies saisonnières
« La prévalence des allergies respiratoires a été multipliée par 3 en 30 ans », pointe un rapport de l’Anses de 2022. Cette forte augmentation durant les trois dernières décennies est particulièrement liée au changement climatique. Dans une étude, publiée dans la revue scientifique Atmosphere en mai 2023, des chercheurs italiens expliquent que le changement climatique allonge la durée de la saison pollinique et augmente le volume de pollens éjectés par les plantes. Cela s’explique principalement par l’augmentation de la quantité de CO2 servant de carburant pour la photosynthèse qui accroît la quantité de pollens. Qui plus est, celui-ci, avec le reste des gaz à effets de serre, augmente la température moyenne du globe, prolongeant ainsi la durée durant laquelle les plantes peuvent se reproduire.
34 % Des Français seraient allergiques
80 % Des personnes sous immunothérapie pour les pollens observeront une amélioration de leur condition
Par Corentin Bell





