Le frottis cervico-utérin (FCU) est l’examen de référence pour dépister le cancer du col de l’utérus. Quelques éléments pour mieux comprendre les résultats de cet examen.
Un frottis, pourquoi ?
Le frottis est un moyen simple et efficace de prévenir le cancer du col de l’utérus. Il permet de détecter d’éventuelles lésions précancéreuses, voire un cancer peu avancé. Ainsi, une prise en charge précoce adaptée peut être mise en place dans le but soit d’empêcher les lésions précancéreuses de se transformer en cellules cancéreuses, soit de ralentir l’évolution du cancer. À noter : la plupart des cancers du col de l’utérus sont dus à une infection par des virus appelés papillomavirus (HPV). Toutefois, dans la majorité des cas, la présence d’HPV est bénigne est n’entraînera pas de lésions cancéreuses.
Qui est concerné ?
La Haute autorité de santé recommande aux femmes de 25 à 65 ans de réaliser un frottis tous les 3 ans, après deux examens sans anomalie à 1 an d’intervalle. Il existe quelques exceptions à ces recommandations. En effet, dans certains cas particuliers, un suivi plus régulier est nécessaire. C’est le cas de femmes aux antécédents de pathologie cervicale, sous immunosuppresseurs ou porteuses du VIH notamment.
En pratique, c’est quoi ?
Le frottis peut être réalisé par un médecin généraliste, un gynécologue ou une sage-femme. La patiente est placée en position gynécologique, afin que le médecin (ou la sage-femme) puisse récupérer des cellules du col de l’utérus (à la jonction entre l’exocol et l’endocol, cf. schéma). Il existe deux types de prélèvement :
- Frottis en milieu liquide : le prélèvement s’effectue avec une petite brosse, placée ensuite directement dans un flacon.
- Frottis conventionnel : le prélèvement s’effectue avec une spatule, que le médecin devra étaler et fixer sur une lame de microscope.
Aujourd’hui, le frottis en milieu liquide est davantage privilégié. « Avec cette méthode, il est également possible de faire une recherche de papillomavirus en cas de suspicion d’anomalie sur ce seul prélèvement », précise le Dr Brigitte Letombe, gynécologue à Lille. Ensuite, le prélèvement est envoyé à un laboratoire où il sera analysé par un médecin biologiste.
Comment interpréter un frottis ?
« Les résultats d’un frottis ne sont pas faciles à lire et nécessitent d’être interprétés par un médecin », rappelle le Dr Brigitte Letombe. Le frottis permet l’analyse de nombreux types cellulaires différents présents de façon normale au niveau du col : cellules glandulaires, cellules pavimenteuses, cellules intermédiaires, cellules malpighiennes, polynucléaires… D’un frottis à l’autre, on peut constater des différences, même lorsqu’il n’y a pas d’anomalie. En effet, des cellules peuvent être en cours de transformation (cellules dites « métaplasiques » par exemple). Les bacilles de Döderlein sont souvent mentionnés dans les résultats : ce sont des bactéries qui constituent la flore vaginale et contribuent à son équilibre. Lorsque le frottis ne présente pas d’anomalies particulières, il est clairement indiqué en conclusion que le résultat est satisfaisant. En cas de résultats anormaux, ceux-ci ne vous sont pas envoyés directement. Ils sont envoyés au médecin, afin que celui-ci puisse vous les donner lui-même, et vous les expliquer. Il peut notamment être indiqué « ASC-US » ou « ASC-H » (ASC signifiant « atypies des cellules malpighiennes ». ASC-US évoque la présence d’une anomalie d’origine indéterminée. « Dans ce cas, une recherche du virus HPV à partir du prélèvement fait pour le frottis est nécessaire pour mettre en évidence ou non la présence du virus », explique la gynécologue. La mention « ASC-H » indique un risque de lésions précancéreuses.
Que se passe-t-il en cas d’anomalies ?
En cas de résultats anormaux, une colposcopie va être réalisée. Il s’agit d’un examen qui consiste à observer le col de l’utérus via un colposcope, une sorte de grosse loupe. Au cours de cette observation, le médecin va recueillir du tissu à l’aide de pinces. Ces prélèvements seront analysés pour préciser leur nature. En fonction des résultats, le médecin proposera un traitement adéquat.
Exemple de résultat de frottis, sans anomalie :
Bon à savoir
Un frottis doit être réalisé à distance des règles, afin de garantir un prélèvement de bonne qualité.
Chez certaines femmes ménopausées (notamment en l’absence de traitement hormonal ou d’activité sexuelle), un traitement hormonal général ou local peut être pris en amont (une quinzaine de jours avant) dans le but de rendre le col plus accessible et ainsi garantir la qualité du prélèvement.
Et la vaccination ?
La vaccination anti-HPV permet aujourd’hui de protéger contre deux ou quatre types de papillomavirus (HPV 6, 11, 16 et 18). Un vaccin nonavalent (efficace sur ces différents types d’HPV) est en attente de commercialisation. « La vaccination est un moyen de prévention primaire qui peut éviter la survenue d’anomalie, mais qui aujourd’hui ne suffit pas. Eu égard au nombre d’HPV oncogènes, c’est-à-dire susceptibles d’entraîner des lésions cancéreuses, il est nécessaire de poursuivre la pratique des frottis pour dépister les anomalies », indique le Dr Brigitte Letombe.
Par Charlène Catalifaud