Avec un nombre de nouveaux cas en augmentation depuis quelques années, les allergies sont une cause de recours aux soins de plus en plus fréquente. Le point sur ce phénomène immunitaire.
Quelle est la différence entre allergie et atopie ?
Très étroitement liés, les termes d’atopie et d’allergie sont souvent confondus. Il existe cependant une nuance entre les deux termes dans la mesure où l’atopie correspond à une forme particulière d’allergie. En effet, l’allergie est un dérèglement du système immunitaire qui se caractérise par une réaction excessive faisant suite à l’exposition à une substance normalement inoffensive, l’allergène. Cette réponse se développe en deux étapes :
- une première étape, dite de sensibilisation qui correspond au premier contact entre un allergène et les cellules immunitaires. Aucun symptôme allergique n’est recensé durant cette phase.
- une deuxième étape, dite effectrice, au cours de laquelle les cellules immunitaires, après avoir recroisé l’allergène auquel elles ont été sensibilisées, réagissent en masse et provoquent l’inflammation responsable des symptômes allergiques.
L’atopie, quant à elle, est un phénomène allergique héréditaire, qui se caractérise par la fabrication par le système immunitaire d’anticorps particuliers, les IgE, spécifiquement dirigés contre un allergène. Les principales manifestations de l’atopie sont l’asthme, la rhinite, la conjonctivite allergique et la dermatite atopique.
Les allergies sont-elles héréditaires ?
Comme mentionné précédemment, il existe effectivement une prédisposition génétique à développer certaines allergies : l’atopie. C’est pourquoi de nombreuses études menées sur plusieurs générations ont évalué les probabilités de certaines personnes d’être allergiques en fonction de leurs antécédents familiaux. Cependant, l’allergie reste une maladie environnementale et beaucoup de travaux ont pointé que la génétique ne pouvait justifier à elle seule la hausse du nombre d’allergies observée sur les 30 dernières années. Des recherches ont par exemple suggéré que la pollution atmosphérique aurait un rôle dans l’augmentation de la fréquence des allergies aux pollens. Il a par ailleurs été démontré que le réchauffement climatique avait allongé la période de pollinisation.
Quels sont les traitements indiqués dans l’allergie ?
Dans la mesure du possible, le meilleur traitement de toutes les allergies reste l’éviction du contact avec l’allergène lorsque ce dernier a été mis en évidence. Typiquement, si une personne est allergique aux poils de chat, il lui sera très fortement déconseillé d’en posséder un à son domicile. Mais dans certains cas, l’éviction est un processus complexe à mettre en place, et le recours sera d’envisager un traitement symptomatique.
Il existe donc une grande variabilité de molécules dont la voie d’administration et la posologie vont dépendre de l’allergie considérée et de la gravité de l’inflammation. Sommairement, les principaux traitements sont représentés par les médicaments anti-histaminiques et les médicaments corticoïdes, qui vont réduire la réaction inflammatoire, mais il en existe bien d’autres, notamment dans le traitement de l’asthme allergique.
Qu’est-ce que l’allergie croisée ?
S’il y a bien un phénomène qui illustre toute la difficulté de l’identification d’un allergène au cours de l’examen clinique, c’est bien les allergies croisées. En effet, chez certaines personnes déjà sensibilisées à un allergène, le premier contact avec un nouvel allergène peut entraîner une réaction allergique.
Ces croisements, qui s’expliquent par la présence de structures moléculaires semblables ou très voisines entre différents allergènes, peuvent aussi bien concerner deux pollens ou deux aliments, qu’un pollen et un aliment. L’exemple le plus marquant de ce cas de figure est l’homologie entre l’allergène du pollen de bouleau et celui des fruits de la famille des rosacées comme la pomme, la pêche ou l’abricot. Un grand nombre de recensements a été effectué à ce jour.
Sur le plan clinique, les manifestations induites sont regroupées sous le terme de « syndrome oral allergique » et se traduisent par des démangeaisons au niveau des lèvres et de la bouche, associées à un gonflement de la zone oropharyngée. En cas d’ingestion importante, la réaction peut être plus brutale et entraîner un gonflement de la peau et des muqueuses, appelé oedème de Quincke, ou un choc anaphylactique.
Comment se passe le diagnostic ?
L’allergie est diagnostiquée par un allergologue et se fait généralement en deux étapes, une étape de confirmation de l’allergie suivie d’une étape d’identification de l’allergène responsable. Pour confirmer la suspicion, le médecin procède à un interrogatoire minutieux du patient, visant à détailler ses symptômes, les circonstances déclenchantes, ses antécédents et ceux de sa famille, son environnement, etc., ainsi qu’à un examen clinique de la peau, de la muqueuse nasale, des yeux ou encore des poumons. Par la suite, il réalise une batterie de tests cutanés afin d’identifier l’allergène :
- Les prick-tests, praticables dès les premiers mois de la vie, qui consistent à piquer l’épiderme à l’aide d’aiguilles spéciales au travers d’une goutte d’allergène afin d’observer une réaction.
- Les tests de provocation, au cours desquels l’allergène suspecté est administré au niveau de la muqueuse respiratoire ou digestive.
Essentiels, ces tests sont toutefois limités par leur dangerosité. C’est pour cela qu’ils doivent être impérativement réalisés dans des structures aptes à prendre en charge des réactions allergiques graves. Un examen sanguin est également possible pour confirmer l’identité de l’allergène, ou le rechercher dans l’éventualité où les tests cutanés ne seraient pas réalisables.
Quelle est la différence entre une allergie et une intolérance alimentaire ?
Souvent confondues, ces pathologies ont en réalité des mécanismes bien distincts. En effet, comme toute allergie, l’allergie alimentaire se caractérise par une réponse anormale du système immunitaire en réponse à un allergène, représenté ici par un aliment. L’intolérance alimentaire, quant à elle, est une réaction métabolique due à l’absence ou à l’inactivité d’une enzyme impliquée dans la digestion et ne met donc pas en jeu le système immunitaire. Les exemples les plus marquants de ce cas de figure sont ceux de l’intolérance au lactose et l’intolérance au fructose, respectivement imputables à une carence en lactase et en aldolase B. Mais dans certaines situations, comme celle de l’intolérance au gluten, la distinction est plus complexe. Aussi appelée maladie coeliaque, cette pathologie est provoquée par une protéine contenue dans le gluten, la gliadine, responsable de la formation d’anticorps dirigés contre la paroi intestinale. Et c’est justement la présence de ces autoanticorps qui classe cette affection dans le groupe des pathologies auto-immunes, où les défenses de l’individu se retournent contre lui, et non dans celui des allergies. Autre différence majeure, les symptômes de l’allergie sont généralement brutaux tandis que ceux de l’intolérance apparaissent de manière progressive et s’installent dans la durée.
Qu’est-ce que la désensibilisation ?
Si la plupart des traitements symptomatiques ont une efficacité reconnue dans l’atténuation des crises allergiques, ils ne permettent pas la guérison qui, à ce jour, n’est envisageable que par une seule technique : la désensibilisation. Ce procédé, qui est aussi appelé immunothérapie spécifique ou vaccinothérapie des allergies, a été reconnu comme efficace dans la prise en charge de l’allergie par l’Organisation mondiale de la santé. Il nécessite que l’allergène suspecté au cours de la consultation médicale ait été identifié par des tests cutanés ou sanguins. La désensibilisation se déroule en deux étapes :
- une phase d’initiation au cours de laquelle des doses croissantes d’allergènes purifiés sont administrées jusqu’à l’obtention de la dose maximale tolérée,
- une phase d’entretien au cours de laquelle cette dose maximale est ré-administrée. Sa durée est comprise entre 3 et 5 ans.
Longtemps contraignante puisque la seule voie d’administration disponible était la voie sous-cutanée, la désensibilisation peut désormais s’effectuer par la voie orale. Seul bémol : la prise doit désormais être quotidienne alors qu’elle est hebdomadaire par voie sous-cutanée. Malheureusement, toutes les allergies ne sont pas éligibles à cette technique.
Qu’est-ce que le choc anaphylactique ?
Manifestation extrême d’une réaction allergique, le choc anaphylactique est une urgence médicale grave, susceptible d’entraîner rapidement la mort de la personne concernée par arrêt cardiaque ou respiratoire. Tous les allergènes sont susceptibles de provoquer ce phénomène brutal, mais, dans les faits, ce sont les allergies alimentaires, à certains médicaments, aux venins d’hyménoptères (abeilles, guêpes, frelons, bourdons) et au latex, qui sont le plus fréquemment recensées.
Sur le plan symptomatique
le choc anaphylactique se caractérise par un malaise général avec une grande multitude de symptômes à l’apparition très rapide. Ils peuvent ainsi être à la fois cutanés (urticaire, démangeaisons, éruption…), digestifs (diarrhée) et respiratoires (asthme). Mais les plus graves d’entre eux, qui mettent en jeu le pronostic vital et nécessitent une prise en charge immédiate, sont la chute de pression artérielle et l’œdème de la muqueuse laryngée qui peut conduire à l’asphyxie.
Le traitement
repose sur l’injection d’adrénaline en intramusculaire au niveau de la cuisse à l’aide d’un stylo autoinjecteur. Cette injection doit être effectuée le plus tôt possible et ne se substitue absolument pas à l’appel des secours qui demeure impératif. Les patients à risque, ou ayant déjà eu une réaction similaire, doivent donc garder un stylo auto-injecteur en permanence auprès d’eux. numéro d’urgence SAMU : 15
Quelles sont les principales catégories d’allergènes ?
- 25 à 30% de la population est allergique à une substance (source Inserm)
Les pneumallergènes, ou aéro-allergènes, qui pénètrent l’organisme par les voies aériennes et respiratoires. Ils peuvent aussi bien être d’intérieur (acariens, poils d’animaux) que d’extérieur (pollens, pesticides).
Les trophallergènes ou allergènes alimentaires, qui sont ingérés. Les plus fréquents sont représentés par les protéines de lait de vache, les arachides, les œufs de poule ou encore les fruits de mer.
Les allergènes de contact, responsables de symptômes cutanés, tels que le latex, le nickel ou encore certains composants des produits cosmétiques.
Les médicaments, en particulier certains antibiotiques.
Les venins d’hyménoptères, tels que les abeilles, les guêpes ou les frelons.
Julien Dabjat





