Le reflux gastro-œsophagien pour tous !
Brûlures d’estomac, remontées acides… Ces symptômes sont typiques de ce qu’on appelle le reflux gastro-œsophagien ou RGO. Rassurez-vous : « Tout le monde a des remontées acides de temps en temps, explique le Dr Xavier Hébuterne, gastroentérologue et chef du pôle digestif du CHU de Nice, notamment après un repas trop copieux. C’est lorsque cela entraîne des symptômes et que cela devient chronique qu’on parle de RGO. »
Les principales causes ont été identifiées : notre mode alimentaire très gras, le surpoids et l’obésité, ainsi que l’alcool et le tabac. « Le RGO est très fréquent, détaille le Dr Hébuterne, il concerne 15 à 20 % de la population, à tout âge, et ce chiffre est en augmentation. »
Un dysfonctionnement entre l’œsophage et l’estomac
La barrière entre l’œsophage et l’estomac est appelée le cardia. C’est ce sphincter qui, lorsqu’il est moins performant, se relâche et laisse remonter l’acidité de l’estomac dans l’œsophage. Le contenu de l’estomac ayant été prédigéré, il est acide, d’où ces sensations de brûlures.
Il est démontré que le surpoids ou l’obésité entraîne la compression des organes, avec en conséquent une diminution de l’efficacité du sphincter. C’est ce qui explique également pourquoi les femmes enceintes souffrent quasiment toutes de RGO pendant la grossesse, qui disparaît après l’accouchement.
Chez les nourrissons, les régurgitations sont fréquentes mais sans lien avec le poids : le cardia n’est simplement pas encore totalement fonctionnel.
Le stress semble également avoir un rôle en agissant sur le sphincter inférieur de l’œsophage et favorise le RGO.
Un diagnostic par élimination
Le diagnostic de RGO est aisé en raison des symptômes typiques. « Le test du lacet est courant et efficace : en se baissant, penché vers l’avant pour refaire son lacet, le patient souffrant de RGO sentira la brûlure caractéristique qui confirmera l’inefficacité du cardia », explique Dr Hébuterne.
La gastroscopie (tube, muni d’une caméra, inséré jusqu’à l’estomac) est réalisée pour confirmer qu’il n’y a pas d’infections, d’anomalies ou de lésions qui seraient à l’origine du RGO. « On la recommande particulièrement pour les personnes de plus de 50 ans afin d’éliminer tout risque de lésions ou de cancer de l’œsophage », précise le Dr Hébuterne.
La pHmétrie (capteur placé en bas de l’œsophage) mesure l’acidité du bas de l’œsophage pendant 24h et confirme le reflux acide.
Des traitements variés et très efficaces
Il existe trois principaux traitements du RGO :
- les pansements gastriques (type Gaviscon) qui, pris après le repas ou au moment du coucher, vont protéger l’œsophage en cas de remontées.
- les inhibiteurs de la pompe à protons (type Mopralpro, Pantoloc Control) qui, eux, agissent en réduisant l’acidité de l’estomac.
- la chirurgie qui est radicale mais qui n’est indiquée qu’en cas d’échec du traitement médical bien conduit et après un bilan complet qui élimine les contre-indications.
Quand consulter ?
Même si certains traitements sont disponibles sans ordonnance et qu’ils sont efficaces, il ne faut pas y recourir sur le long terme sans avis médical : « Au delà de trois ou quatre semaines, si le reflux persiste à l’arrêt du traitement, il faut consulter son généraliste, insiste Dr Hébuterne. Des examens permettront de voir si le RGO ne cache pas des causes plus graves : une infection, une œsophagite (infection de l’œsophage), ou parfois même un cancer. »
Gaëlle Monfort
Des règles simples pour éviter le RGO
Avant de prendre des traitements, sachez que quelques conseils simples peuvent vous aider à diminuer le reflux.
- Par exemple : éviter les vêtements trop serrés au niveau de l’abdomen (le ventre détendu, le sphincter sera plus efficace, il est aussi conseillé de manger 1h30 à 2h avant de se coucher et d’éviter de dormir à plat.
- Pour les nouveau-nés, privilégiez la position demi-assise après le biberon, elle évitera les régurgitations. Dr Hébuterne rassure : « Les régurgitations du nourrisson sont courantes car le cardia est immature, mais ne préjugent pas d’un RGO plus tard. »
- Chez l’adulte (sauf femmes enceintes), le surpoids est la principale cause de reflux, donc la perte de quelques kilos peut le faire diminuer sans avoir recours à un traitement.
- Pour tous, les repas trop gras sont à éviter, tout comme l’alcool, le tabac ou le chocolat qui ont tendance à relâcher le cardia et donc favoriser le RGO.
Attention aux interactions médicamenteuses
Aucun médicament n’est anodin. Si vous avez des traitements en cours, indiquez-les à votre pharmacien ou à votre médecin : les traitements du RGO peuvent interagir avec vos autres médicaments et en diminuer l’efficacité (traitements anticoagulants, contraceptifs, etc.).
En savoir +
Un livre sur notre appareil digestif, quelle drôle d’idée !
Oui, mais laissez-vous tenter par ce livre plein d’humour et d’autodérision. Giulia Enders, jeune médecin, nous entraîne dans le secret de nos entrailles lorsque nous sommes en bonne santé et malade. Un livre très instructif, sans tabou, à recommander sans modération !
Le charme discret de l’intestin, par Giulia Enders, Actes sud.
> Le blog informatif, gourmand et digeste de Julie Delorme