Jamais les tiques n’auront fait autant parler d’elles ! Ces petits acariens, redoutés de nos animaux de compagnie, s’attaquent également à bien plus gros…
Des plateaux de télévision aux urgences de l’Hôtel-Dieu, le Dr Gérald Kierzec, régulièrement consulté comme expert, est sur tous les fronts. Vous avez dû entendre son nom quelque part et en particulier si vous vous intéressez à la maladie de Lyme. En effet, il y a quelques mois, après une sortie en forêt, il se retrouve de façon plutôt inattendue dans le service de réanimation… en tant que patient. Le Dr Kierzec est diagnostiqué positif à la borréliose de Lyme, plus communément appelée maladie de Lyme.
De quoi parle-t-on ?
La maladie de Lyme se transmet par l’intermédiaire d’une tique (Ixodes ricinus, espèce la plus courante en France). Si cette dernière vous mord, il y a alors un risque qu’elle vous transmette, par la même occasion, des bactéries répondant au doux nom de Borrelia. Cette famille de bactéries a fait de la tique son hôte de choix et ce sont elles qui provoquent le développement de la maladie de Lyme. En France, le taux de tiques portant la bactérie oscille entre 4 et 20 % (en moyenne 10 %). Vous l’aurez donc sûrement compris, tique n’est pas égal à Lyme ! Pour contracter cette maladie, il faut que la tique soit elle-même infectée et qu’elle vous infecte aussi par la suite. Le risque de transmission en cas de morsure est de 1 à 5 %. Friande de sang, elle va s’accrocher aux mollets ou aux oreilles qui passent par là.
Généralement, ce sont nos animaux de compagnie qui en font les frais, car plus exposés aux herbes, mais nous ne sommes pas non plus à l’abri. Il est important de préciser que les tiques sont dans toutes les herbes en dessous de 1 500 mètres d’altitude. En effet, pas besoin d’aller jusqu’en forêt pour être exposé au risque de morsure ; 30 % des personnes piquées le sont dans leur jardin. La borréliose de Lyme aurait touché près de 67 000 personnes en France en 2018. C’est d’ailleurs ce qui est arrivé à Gérald Kierzec. Le médecin urgentiste a commencé à manifester des symptômes bien étranges, de façon plutôt violente, quelques jours après être sorti en forêt. Il se retrouve alors cloué dans un lit d’hôpital.
Symptômes
Comme l’urgentiste, les personnes touchées par la borréliose de Lyme manifestent les signes d’une infection environ 30 jours après une morsure. Cela commence avec un cercle rouge appelé « érythème migrant » qui apparaît sur la peau, autour de la morsure. Pourquoi « migrant » ? Car si l’infection n’est pas stoppée et se propage, le cercle s’agrandira. Après cette phase de manifestations dermatologiques peuvent apparaître des symptômes plus sévères, dans les semaines, voire les années suivant la morsure. Ce sont ainsi des atteintes neurologiques, cardiaques ou rhumatologiques (articulaires ou musculaires) qui peuvent s’aggraver et persister. Elles peuvent survenir même si la borréliose est traitée. L’évolution vers cette phase de la maladie n’est cependant pas systématique et, dans 70 à 80 % des cas, l’infection guérit dès le traitement aux antibiotiques après apparition d’un érythème.
Traitement
Le premier moyen de se prémunir contre la maladie de Lyme est la prévention. En effet, il est assez facile de s’en protéger en choisissant des tenues adaptées lors d’une sortie dans la nature, en particulier à l’arrivée des beaux jours, et ce, jusqu’à la fin de l’automne, saisons de prédilection des tiques. Que ce soit dans votre jardin, un champ ou en forêt, il est recommandé de porter des vêtements longs qui couvrent bien la peau afin de ne pas vous exposer à des risques de morsure. Après votre activité de plein air, pensez à inspecter vos vêtements et votre peau afin de vérifier qu’aucune tique ne s’y est accrochée. Elles aiment les endroits chauds et humides, c’est donc au niveau des zones de transpiration qu’il vous faudra accentuer votre observation. N’hésitez pas à renouveler ce petit contrôle quelques heures après votre balade, car des larves de tique peuvent aussi s’être accrochées.
Elles ne seront visibles qu’après avoir bu un peu de sang. Si des tiques ont échappé à votre surveillance ou que vous en avez retiré une (voir encadré) et que vous remarquez sur votre peau le fameux cercle rouge, il faut alors consulter un médecin qui vous prescrira des antibiotiques afin d’éliminer la bactérie ayant pris possession de votre corps.
Des cas plus graves
Dans certains cas rares, des manifestations graves peuvent persister quelques années plus tard, même avec un traitement. Il est souvent compliqué de les identifier comme conséquences de la maladie de Lyme, car les atteintes sont hétéroclites et pourraient s’apparenter à d’autres pathologies neurologiques, articulaires, cutanées ou cognitives. Ces séquelles encore mal comprises expliquent, en partie, les controverses autour de cette maladie, le statut des malades et même les façons de l’identifier. Il n’existe, à ce jour, aucun traitement universel pour toutes les symptomatiques de Lyme (à l’exception du traitement antibiotique à prescrire en première phase d’infection).
Dans une interview accordée au journal Le Parisien, le Dr Kierzec pointe du doigt une maladie minimisée. « Il y a des garde-chapelles, avec des gens qui croient à cette maladie et des gens qui n’y croient pas. Les bons tests pour faire les diagnostics n’existent pas. » Il alerte également sur le fait que la borréliose n’est pas qu’estivale, « il faut s’en méfier à tout prix et tout le temps » et il est primordial de s’inspecter après une balade dans la nature.
« il faut s’en méfier à tout prix et tout le temps »
Comment diagnostiquer une maladie de Lyme ?
Le moyen le plus fiable de diagnostiquer une borréliose de Lyme est le repérage des signes d’infection, c’est-à-dire l’apparition de l’érythème migrant. Il est alors possible de commencer le traitement antibiotique.
Si ce signal dermatologique est raté, il est ensuite compliqué de diagnostiquer la maladie, car les symptômes peuvent être multiples et peu parlants, puisque non spécifiques à Lyme. Ainsi, les médecins ne pensent pas systématiquement à faire tester leurs patients pour la borréliose. Et encore moins lorsque ces derniers ne rapportent pas de sortie en nature où ils auraient pu être mordus par une tique.
Il existe donc des tests de dépistage assez controversés, car ne pouvant donner de résultat sûr à 100 %. À partir d’une prise de sang, les tests biologiques sont censés pouvoir détecter dans le sang la présence d’anticorps spécifiques. En effet, lorsque nous sommes envahis par un pathogène, notre corps cherche à se défendre et produit alors des anticorps permettant la reconnaissance des organismes indésirables. Certains médecins pensent que ces tests sont inefficaces, car donnant souvent de faux négatifs (le test revient négatif pour la présence de la bactérie alors que celle-ci est présente), et appellent à des techniques de dépistage plus performantes.
La meilleure arme contre la maladie de Lyme reste encore la prévention. Le plus important est donc de faire connaître cette maladie, de sensibiliser sur ses risques insidieux et de transmettre les bons gestes à adopter après une sortie dans la nature.
Comment enlever une tique ?
Plus la tique est enlevée rapidement (dans les 24 heures), moins il y a de risque qu’elle transmette la bactérie, si elle en est porteuse. Pour la retirer, vous pouvez utiliser un tire-tique, trouvable en pharmacie. Saisissez la tique (ou la larve) à la base et tournez en tirant (dans n’importe quel sens). Avec une pince à épiler, il faut saisir la tique à la base et tirer sans torsion. Désinfectez ensuite la zone et surveillez en cas d’apparition d’un érythème.
En résumé
- Avant une activité en nature
Se couvrir avec des vêtements longs - Après une activité en nature
Inspecter son corps - Après une morsure
Surveiller la zone et l’apparition de l’érythème
Par Juliette Dunglas





