Incontinence, infections urinaires, pyélonéphrites… Voici un tour d’horizon de vos questions sur les troubles urinaires.
« Depuis hier, j’ai des brûlures lorsque j’urine. Est-ce une infection urinaire ? » Madeleine, 32 ans
En effet, vous souffrez probablement d’une infection urinaire, également appelée cystite. Cette pathologie touche une femme sur deux au cours de sa vie. Les principaux symptômes sont les brûlures à la miction, l’envie pressante de devoir aller aux toilettes, le fait d’uriner très souvent mais en très petite quantité, avec quelques fois des traces de sang dans les urines. Dans 90 % des cas, la bactérie Escherichia coli est à l’origine de cette pathologie : présente dans le tube digestif, elle se retrouve parfois au niveau de l’anus ; proche de l’urètre (le conduit évacuant l’urine), elle va alors remonter ce tuyau pour arriver dans la vessie, où elle prolifère, causant une inflammation. Il faut rapidement prendre rendez-vous chez votre généraliste, pour qu’il vous prescrive des antibiotiques adaptés. Dans quelques mois, les pharmaciens d’officine devraient être habilités à en délivrer dans des conditions précises. À suivre.
« J’enchaîne les infections urinaires. Comment m’en prévenir ? » Laura, 22 ans
On dit qu’une femme a des infections urinaires récidivantes lorsqu’elles surviennent au moins quatre fois sur une période de 12 mois consécutifs. Jusqu’à 30 % des femmes seraient touchées par une récidive de cystite, et cela se répercute sur leur qualité de vie. Les principaux facteurs de risque chez la femme jeune sont la fréquence des rapports sexuels, l’utilisation de spermicides, l’âge de première infection urinaire (avant 15 ans) et les antécédents chez la mère. Une prise en charge préventive existe pour diminuer la fréquence des cystites :
- boire au moins 2 litres d’eau par jour,
- ne pas se retenir lorsqu’une envie d’uriner survient,
- aller aux toilettes après chaque rapport sexuel,
- ne pas utiliser de spermicides,
- éviter les vêtements trop serrés à la peau et privilégier les sous-vêtements en coton,
- ne pas se laver les organes génitaux plus d’une fois par jour, et bannir les douches vaginales, car cela entraîne un déséquilibre de la flore vaginale.
Vous pouvez également voir avec votre médecin, pour mettre en place une antibiothérapie de prévention si elles persistent malgré ces mesures.
« Si je rigole trop fort, je ne peux pas m’empêcher de faire pipi, et je n’ai pas le temps d’arriver jusqu’aux toilettes, suis-je la seule ? » Roselyne, 58 ans
L’incontinence urinaire est un sujet tabou. Pourtant, cela ne touche pas que les personnes âgées ! En effet, 10 % des Françaises entre 20 et 29 ans en seraient touchées, et cette proportion augmente avec l’âge, pour atteindre plus de 30 % des femmes de 80 ans et plus. Dans votre cas, il s’agit d’une incontinence d’effort, où les fuites urinaires surviennent sans besoin d’uriner, en particulier lors d’un effort, comme une forte toux, ou encore le port d’une charge lourde. Elle est due à un sphincter urinaire relâché et à un périnée pas assez musclé. Il est donc important d’en parler, car des solutions existent pour améliorer le contrôle urinaire, comme la rééducation périnéale chez un kinésithérapeute.
« Les hommes peuvent-ils aussi avoir des infections urinaires ? » Guillaume, 38 ans
Oui ! Appelées auparavant prostatite, les infections urinaires masculines (IUM) sont rares, mais existent. La rareté de cette pathologie chez l’homme a une raison anatomique. En effet, l’urètre, le tuyau partant de la vessie pour éliminer l’urine, est plus long chez l’homme que chez la femme. Les bactéries ont alors plus de « difficultés » à remonter jusqu’à la vessie. D’arrivée plus brutale que chez la femme, les IUM associent fièvre, mictions anormales ou incomplètes, brûlures à la miction, et ce sont les plus souvent des infections de la prostate. Bien qu’elles soient moins fréquentes, elles sont cependant plus graves. Les IUM peuvent entraîner une rétention d’urine, car l’inflammation de la prostate va enserrer l’urètre et empêcher l’urine de s’écouler. Le principal risque est le passage des bactéries dans le sang (bactériémie) et, à terme, la septicémie.
« Y a-t-il des risques à ne pas traiter une infection urinaire ? » Jessica, 27 ans
Si elle n’a pas été traitée à temps, ou mal traitée, l’infection peut remonter dans les reins, et entraîner une pyélonéphrite. Le principal signal d’alarme est la fièvre : si vous avez des symptômes d’infection urinaire et de la fièvre, prenez rendez-vous immédiatement avec votre généraliste.
Cette pathologie, si elle n’est pas prise en charge à temps, peut être dangereuse : abcès rénal, septicémie, infections d’autres organes… Mis à part la fièvre, la personne souffrant de pyélonéphrite ressent une altération de son état général, des douleurs dans la zone lombaire qui irradient le plus souvent vers les côtes ou vers le pubis, ainsi que des troubles digestifs. Un ECBU et un antibiogramme seront réalisés (voir encadré).
« Est-ce que la canneberge fonctionne lors des épisodes de cystite ? » Valérie, 45 ans
Si vous souffrez de cystite aiguë, la canneberge (ou cranberry) ne la soignera pas. En effet, les infections urinaires sont dues à des bactéries, il faudra alors prendre un antibiotique (qui sera administré en fonction de la bactérie retrouvée) pour en venir à bout.
En prévention, l’utilisation de canneberge diminuerait l’adhésion de certaines bactéries à la paroi urinaire, et ainsi le risque de prolifération. En pratique, certaines femmes utilisent la canneberge en prévention et y voient une efficacité. Cependant, selon l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses), les données cliniques ne sont pas suffisantes pour déduire d’un réel effet préventif sur les cystites.
Fuites urinaires et grossesse
Durant la grossesse et après l’accouchement, l’incontinence urinaire est un problème fréquent. Elle touche en effet plus d’une femme sur trois. Ceci est dû à plusieurs facteurs : pendant la grossesse, la production d’urine est augmentée, et plus bébé grandit, moins il laisse de place à la vessie ! Si les fuites continuent trop longtemps après l’accouchement, la rééducation périnéale est la solution (à commencer 6 à 8 semaines après l’accouchement). Il s’agit d’exercices permettant de retonifier les muscles du périnée (autour du vagin, de l’urètre et de l’anus). À réaliser auprès d’un kinésithérapeute ou d’une sage-femme, les dix séances sont complètement prises en charge par l’Assurance maladie.
C’est quoi un ECBU et un antibiogramme ?
- L’ECBU correspond à l’examen cytobactériologique des urines. Il recherche l’existence dans les urines de bactéries et de cellules naturellement présentes, dont l’augmentation indiquera une cystite (les taux d’hématies et de leucocytes s’accroissent).
- L’antibiogramme est réalisé si une ou plusieurs bactéries ont été détectées dans les urines. Cette technique teste plusieurs antibiotiques sur ces bactéries pour essayer d’en trouver un qui fonctionne. Si l’antibiotique agit, la bactérie est dite sensible, s’il n’agit pas, la bactérie est dite résistante.
10% des françaises entre 20 et 29 ans sont touchées par l’incontinence.
- Une femme sur deux aura une infection urinaire au cours de sa vie. Dans 90 % des cas, elle est due à une bactérie : Escherichia coli.
Par Léna Pedon





