Pratiquée de manière empirique pendant des siècles, la vaccination a fait la renommée de Louis Pasteur, qui a su expliquer son fonctionnement et populariser son utilisation. Comment peut-elle aider à combattre le Covid-19 ?
Indispensable dans l’arsenal thérapeutique moderne, la vaccination a permis l’éradication de la variole et de la poliomyélite, et a fait disparaître du territoire européen de nombreuses maladies comme la rage. Elle se différencie d’autres traitements par son mode d’action particulier, le vaccin forme le système immunitaire à se protéger contre des bactéries et des virus spécifiques.
Stimuler son immunité
Le système immunitaire est composé de cellules dont la mission est de protéger le corps des attaques extérieures. Pour cela, les nombreuses cellules de l’immunité utilisent différents mécanismes d’action, partagés en deux réponses, innée et acquise. Les vaccins améliorent la réponse acquise, en s’aidant des lymphocytes. Ces derniers produisent des anticorps, de petites protéines qui viennent se fixer sur certains sites des virus et bactéries, que l’on nomme antigènes, ce qui permet de les neutraliser. Ces anticorps sont produits de façon aléatoire, jusqu’à ce qu’un ou plusieurs soient spécifiques d’un antigène. Il sera alors reproduit des milliards de fois, afin que l’organisme soit débarrassé de l’infection.
Certains de ces lymphocytes se transformeront en lymphocytes mémoires, à la vie particulièrement longue. Si une infection du même type se produit, même des années plus tard, le corps pourra alors avoir une réponse parfaitement adaptée et efficace, ce qui explique pourquoi nous ne sommes pas victimes deux fois de certaines infections, comme la varicelle. Un vaccin est une injection d’antigènes, sous forme de virus désactivés ou de particules de microbes inoffensifs, qui vont permettre au corps de trouver les bons anticorps et de les garder en mémoire. La personne vaccinée pourra lutter efficacement contre la maladie. Cela prendra tout de même un peu de temps, environ 2 semaines, pour que les cellules immunitaires soient bien entraînées.
Et pour le covid-19 ?
Depuis que le génome du dernier coronavirus a été séquencé, de nombreux laboratoires en Europe et dans le reste du monde se sont lancés dans la recherche d’un vaccin. Mais encore faut-il tester le vaccin pour être certain de son efficacité, en commençant par des tests sur des animaux et cela prend du temps. Il faut généralement entre 6 et 22 mois pour produire un vaccin. L’Organisation mondiale de la santé a salué dans une déclaration publique, le 13 avril, la collaboration internationale des chercheurs, qui selon elle évitera les travaux inefficaces et les doublons, « ce qui pourrait permettre la création d’un ou plusieurs vaccins efficaces et sans danger, accessibles bientôt à tous. » Même en étant optimiste, il faudra attendre au minimum jusqu’à l’automne ou l’hiver prochain pour voir apparaître le premier vaccin contre le Covid-19.
Thérapie génique
Les chercheurs de l’Institut Pasteur travaillent depuis janvier sur plusieurs pistes de vaccin, dont un qui utilise le virus de la rougeole génétiquement modifié pour être inoffensif et présenter des antigènes similaires au coronavirus. Plus de détails en page 33.
Immunité croisée
Plusieurs études sont en cours sur le vaccin BCG, qui protège contre la tuberculose. En effet, certaines corrélations ont été faites : les populations fortement vaccinées au BCG, en Guyane française par exemple, semblent moins souffrir de l’infection. Quasiment aucun patient infecté ne passe par le service de réanimation. Il est désormais suspecté que le BCG améliore non seulement la réponse immunitaire acquise spécifique, mais aussi la réponse immunitaire innée non spécifique.
Par Pierre-Hélie Disderot





