Jambes lourdes, gonflement des chevilles, varices… l’insuffisance veineuse est un mal aux multiples symptômes, qui s’accentue en période de fortes chaleurs.
Comment circule le sang dans les jambes ?
La circulation veineuse dans les membres inférieurs regroupe deux réseaux :
- un réseau profond, constitué par les veines situées dans les muscles. Il transporte 90 % du sang veineux.
- un réseau superficiel, constitué par les veines situées sous la peau. Ce réseau draine 10 % du sang veineux et peut être le siège d’une insuffisance veineuse et de varices.
« J’ai souvent les jambes lourdes l’été, notamment après les journées de forte chaleur. À quoi est dû ce phénomène ? Témoigne-t-il systématiquement d’un problème veineux ? »
À l’instar de la transpiration, la dilatation des veines périphériques favorise la déperdition de la chaleur au niveau de la peau et permet à l’organisme de conserver une température à peu près constante, y compris lorsqu’il fait très chaud. Mais ce mécanisme, bien que naturel, entrave le bon retour du sang vers le cœur. Conséquence directe : il stagne au niveau des extrémités, ce qui provoque leur gonflement et la sensation désagréable de jambes lourdes. Bien évidemment, une personne atteinte d’insuffisance veineuse, habituellement sujette à ces symptômes, les verra exacerbés par les fortes chaleurs. Néanmoins, la présence de ces manifestations ne permet pas d’établir avec certitude une atteinte du système veineux. En effet, seul un examen clinique précis complété d’une échographie du système veineux, l’écho-Doppler, permet d’établir le diagnostic.
« Plusieurs membres de ma famille ont des problèmes de circulation veineuse. Cela me rend-il plus susceptible d’en avoir également ? »
Le risque de développer une insuffisance veineuse chronique est en effet plus élevé lorsqu’un membre de votre famille en est atteint. Il s’accroît même en fonction du nombre de proches touchés. Mais l’hérédité n’est pas le seul facteur à l’origine de ce trouble de la circulation et d’autres situations majorent le risque. C’est notamment le cas de l’excès de poids, qui soumet les jambes à une plus grande pression et diminue le retour veineux, mais aussi du tabagisme et du manque d’activité physique, qui réduisent la tonicité veineuse. Les métiers qui impliquent une position debout ou assise prolongée sont également cités comme augmentant le risque. Enfin, il faut noter que les problèmes de circulation veineuse sont plus fréquents et plus précoces chez les femmes, et que les varices font partie des désagréments possibles de la grossesse.
« Je suis enceinte depuis quelques semaines. Dois-je m’inquiéter d’éventuels problèmes veineux ? »
La grossesse est effectivement un facteur d’apparition ou d’aggravation de l’insuffisance veineuse, particulièrement au cours du dernier trimestre. Plusieurs facteurs expliquent ce phénomène : l’action des hormones de la grossesse qui diminuent l’élasticité des veines, l’augmentation du volume total de sang, mais aussi l’utérus qui, par son volume, comprime la veine qui ramène le sang du bassin et des jambes vers le cœur. Il est donc fréquent que des varices apparaissent sur les jambes au cours de la grossesse, y compris chez les femmes qui n’en avaient jamais eu auparavant. Le port d’une compression adaptée et les règles hygiénodiététiques habituelles de lutte contre l’insuffisance veineuse peuvent permettre de limiter et prévenir la sensation de jambes lourdes. Une attention particulière devra cependant être portée aux gonflements, rougeurs et douleurs qui pourraient apparaître au niveau du mollet. En effet, la grossesse majore le risque de phlébite profonde, obstruction veineuse due à la formation d’un caillot sanguin. Or, en l’absence de prise en charge rapide, ce caillot est susceptible de migrer vers le système cardiorespiratoire et provoquer une embolie pulmonaire, potentiellement mortelle.
« Je prends des veinotoniques depuis quelque temps. Est-ce vraiment efficace pour traiter les varices et les jambes lourdes ? Dois-je les prendre à vie ? »
Les médicaments qui contiennent des substances dites veinotoniques et vasculo-protectrices (diosmine, troxérutine, flavonoïdes…) ou certains extraits de plantes (hamamélis, mélilot, marron d’inde, vigne rouge…) vont uniquement soulager les symptômes causés par la mauvaise circulation. Ils peuvent être pris en cures de quelques semaines, lorsque les symptômes sont plus importants, l’été notamment, et la dose peut être augmentée ponctuellement, pendant les crises. Ils peuvent être complétés par un massage des jambes à l’aide d’une crème ou d’un gel à base de menthol qui va apporter une sensation de fraîcheur et accroître le soulagement. Le traitement de référence de l’insuffisance veineuse chronique reste le port de bas, de chaussettes ou de collants de compression élastique adaptés. Ils compriment les jambes, et aident le retour du sang veineux. Ils permettent ainsi de diminuer le gonflement des chevilles, de soulager la sensation de lourdeur des jambes et de prévenir la formation de varices.
« Je pars au Mexique à la fin du mois. Quelles sont les mesures à prendre afin de minimiser le risque de phlébite lors d’un voyage en avion ? »
Prendre l’avion implique forcément de rester assis, parfois pendant plusieurs heures, dans un espace pressurisé et climatisé. Des conditions peu favorables au bon retour du sang, qui vont aggraver les risques habituels liés à l’insuffisance veineuse, notamment celui de phlébite, multiplié par deux. Il peut donc être pertinent, en cas d’antécédents et à titre préventif, de recueillir l’avis de son médecin avant le départ. En outre, plusieurs recommandations vont permettre de minimiser les risques et améliorer le confort des voyageurs. Il est ainsi recommandé de porter des vêtements larges et amples, afin de ne pas trop comprimer les vaisseaux, de boire abondement, à raison d’un litre d’eau toutes les quatre heures, de marcher régulièrement dans les couloirs de l’avion et de porter des bas de compression. À l’inverse, le port de vêtements trop serrés est déconseillé, tout comme la prise de somnifères, à cause de la longue immobilisation qu’ils provoquent. Sur le plan postural, il est préconisé de bouger régulièrement les jambes, d’éviter de les croiser trop souvent et d’effectuer régulièrement des mouvements de flexion-extension des chevilles. Ces recommandations sont également valables pour un long voyage en voiture ou en train.
« La pratique d’une activité physique peut-elle m’aider à diminuer la sensation de jambes lourdes ? Quels sont les sports conseillés ? »
La contraction des muscles comprime les veines des jambes et facilite le retour du sang vers le cœur. Pour cette raison, la pratique régulière d’une activité physique est la première règle à adopter pour stimuler sa circulation. Attention cependant, tous les sports ne sont pas recommandés en cas d’insuffisance veineuse, en particulier ceux qui peuvent bloquer la circulation, comme l’équitation ou le judo, ou qui nécessitent des efforts brutaux, tels que le tennis, le basket-ball ou la course à pied. Au contraire, les activités plus douces comme la gymnastique, la marche rapide et le vélo sont particulièrement conseillées afin de ne pas traumatiser les veines fragiles, au même titre que l’ensemble des sports aquatiques. En effet, l’eau possède un effet drainant qui stimule la circulation et la résistance aux mouvements, sollicite plus les muscles et potentialise les bénéfices sur l’ensemble du système cardiovasculaire. De plus, une fois immergé, le corps est plus léger, ce qui facilite les mouvements sans trop mettre à contribution les articulations. Mais comme avec la prise de masse musculaire ou la recherche de performance, c’est la régularité qui permettra de diminuer la sensation de jambes lourdes. En outre, le changement de certaines habitudes quotidiennes, comme le fait de prendre les escaliers plutôt que l’ascenseur ou de marcher un peu plus pour aller au travail, peut aussi apporter des bénéfices.
« J’ai souvent les jambes lourdes et gonflées le soir en rentrant du travail. Quels sont les conseils pour limiter cette sensation ? »
Outre la pratique d’une activité physique régulière, plusieurs mesures d’hygiène permettent de limiter l’évolution de la maladie et soulager les symptômes. Il est par exemple conseillé de dormir avec les jambes légèrement surélevées afin de faciliter le retour veineux, et éventuellement de les doucher à l’eau froide le soir. Comme mentionné précédemment, l’exposition à la chaleur amplifie les symptômes d’insuffisance veineuse. Pour cette raison, les bains chauds prolongés, l’exposition prolongée des jambes au soleil, le chauffage par le sol et l’épilation à la cire chaude sont à éviter. Sont également déconseillés, le port de talons de plus de 6 centimètres ainsi que les vêtements trop serrés à la taille.
À quoi est dû le mauvais retour du sang dans les veines ?
L’insuffisance veineuse chronique est le plus souvent due à un dysfonctionnement au niveau des valvules des veines. En effet, afin de lutter contre la gravité, les veines sont munies de multiples replis membraneux, les valvules, qui fonctionnent comme des clapets et ne permettent le passage du sang que dans un seul sens : celui de la circulation. Or, une altération de la paroi veineuse ou une malformation au niveau des valvules peut entraver le bon fonctionnement de ce système anti-reflux. Il en découle une stagnation du sang dans les veines, à l’origine de leur dilatation : les varices.
- L’insuffisance veineuse chronique touche trois fois plus les femmes que les hommes. (Source : ameli)
Julien Dabjat