Qu’est-ce que la coloscopie ?
Elle permet d’explorer la paroi interne du côlon à l’aide d’un coloscope, introduit par l’anus. Le coloscope consiste en un long tube fin et souple d’1 m 50 environ, muni d’une caméra, d’une source lumineuse et de pinces, relié à un écran pour que le gastroentérologue visualise les images.
Le but de la coloscopie est de détecter des anomalies du côlon, en particulier des polypes (excroissances bénignes susceptibles d’évoluer en tumeurs cancéreuses). Si ceux-ci s’avèrent de petite taille, ils peuvent être retirés au cours de l’examen à l’aide des pinces. « Si les polypes font plus de 3 cm, la partie malade du côlon doit être enlevée au cours d’une intervention chirurgicale. L’intérêt de la coloscopie est de repérer les polypes précocement afin d’éviter cela », explique le Dr Anne-Laure Tarrerias, gastroentérologue à Paris et membre du conseil d’administration de la Société française d’Endoscopie digestive (SFED).
Quelles indications ?
- Certains symptômes – sang dans les selles, troubles du transit, ballonnements… – peuvent conduire à effectuer une coloscopie.
- En cas d’antécédents familiaux de cancer du côlon, une surveillance par coloscopie est recommandée. « Elle doit être réalisée 5 ans avant d’avoir l’âge auquel le parent atteint a été diagnostiqué. Par exemple, si votre mère a été diagnostiquée à 35 ans, vous devez faire une coloscopie à 30 ans. Il est recommandé de la réaliser à 45 ans au plus tard », indique la gastroentérologue.
- Dans le cadre du dépistage organisé du cancer colorectal, les personnes âgées de 50 à 74 ans sont invitées à effectuer un test (à domicile) tous les 2 ans. Si celui-ci se révèle positif, une coloscopie est indiquée.
Quelles contre-indications ?
Il existe peu de contre-indications, mais il est important de signaler à votre médecin vos traitements en cours et vos antécédents médicaux. Par exemple, « la prise d’anticoagulant augmente le risque de saignement si un polype doit être enlevé. Généralement, l’anticoagulant peut être remplacé par l’aspirine », précise le Dr Anne-Laure Tarrerias.
Quelles sont les pathologies diagnostiquées par coloscopie ?
La coloscopie permet de diagnostiquer un cancer du côlon, mais peut aussi mettre en évidence d’autres pathologies, telles que les diverticules (fréquents) ou plus rarement des maladies inflammatoires comme la maladie de Crohn ou la rectocolite hémorragique.
Comment s’y préparer ?
La coloscopie nécessite une préparation : cette étape est essentielle pour le bon déroulé de l’examen. En effet, le côlon doit être parfaitement propre. Si ce n’est pas le cas, l’examen devra être reporté, car le gastroentérologue passera à côté d’anomalie. La préparation comporte deux aspects : le régime sans résidus et la purge. Votre gastroentérologue vous donnera au préalable toutes les informations nécessaires.
Le régime sans résidus
- Débuté 3 jours avant la coloscopie
- Régime sans fruits, ni légumes, ni céréales notamment
- Viandes blanches, fromages à pâte dure, pâtes, etc. autorisés
La purge
La purge consiste à prendre des médicaments laxatifs afin de « nettoyer » le côlon. Plusieurs types de purges existent : préparation liquide, sachet à diluer dans l’eau, comprimés associés à de l’eau… « Le gastroentérologue choisit au cas par cas la méthode la plus adaptée à son patient en fonction de ses préférences et de son état de santé », souligne le Dr Anne-Laure Tarrerias. Généralement, la purge se fait en deux fois : la veille au soir et 4 à 6 heures avant l’examen. Dans tous les cas, il est important de bien s’hydrater pour éviter la déshydratation.
Si cette préparation est certes contraignante, le Dr Anne-Laure Tarrerias rappelle que « la prévention par la coloscopie réduit le risque de 80 % de développer un cancer colorectal »…
Comment se déroule l’examen ?
La coloscopie se déroule en ambulatoire, c’est-à-dire qu’elle ne nécessite pas d’hospitalisation. Une journée d’arrêt de travail suffit donc. Il convient d’être à jeun et de ne pas avoir fumé 4 à 6 heures avant l’examen. L’intervention requiert une anesthésie générale, un rendez-vous préalable avec l’anesthésiste est donc obligatoire. Elle est effectuée en présence de l’anesthésiste, du gastroentérologue et d’un ou deux infirmiers, et dure une vingtaine de minutes.
Quels sont les risques ?
Les risques et complications liés à la coloscopie sont rares. On note notamment un risque de perforation de la paroi du côlon ou d’hémorragie.
Peut-on repartir juste après ?
Vous êtes d’abord amené en salle de réveil, puis dans un box ou une chambre, et une collation vous sera proposée. Le gastroentérologue vous fait ensuite part de ses observations. Si des échantillons ont été prélevés, ils seront analysés en laboratoire et les résultats vous seront envoyés 10 à 15 jours après.
En raison de l’anesthésie générale, une surveillance de 2 à 3 h est nécessaire avant de pouvoir repartir. « Il convient d’être accompagné pour rentrer chez soi, car l’anesthésie a un effet sur la vigilance », prévient la gastroentérologue.
A-t-on des douleurs après l’examen ?
Pour bien visualiser la muqueuse du côlon, de l’air est insufflé afin de « lisser » la paroi. Ceci peut entraîner des ballonnements et la nécessité d’évacuer des gaz. Si des douleurs abdominales persistent, consultez votre médecin.
Charlène Catalifaud
Témoignage d’Annick, 75 ans
« J’ai effectué une coloscopie il y a quelques années. Je me souviens surtout de la préparation ! J’avais dû prendre un médicament – de la poudre à diluer dans l’eau – la veille, et j’ai passé la nuit entière aux toilettes ! En revanche, l’examen en lui-même s’est très bien passé puisque j’étais sous anesthésie et n’en ait donc pas de souvenir. Juste après, je me sentais affamée, mais n’ai ressenti aucune gêne, ni de douleurs abdominales. Rien d’anormal n’a été détecté donc, au final, réaliser cette coloscopie m’a rassurée, ce fut bénéfique. Et même si la purge n’est pas très agréable, ce n’est pas douloureux. Il n’y a pas de quoi avoir peur de cet examen ! »
Bon à savoir
- La coloscopie est un acte remboursé par l’Assurance maladie.
- Si vous prenez la pilule, attention ! La purge accélère le transit et peut donc réduire son efficacité.
- En raison de l’anesthésie générale, vous n’aurez pas forcément les idées claires : ne prévoyez rien d’important après l’intervention, telle que la signature de papier par exemple.
Dr Anne-Laure Tarrerias
1,3 million de coloscopies ont été réalisées en 2011 (dont 60 % concernent les 50-74 ans)
(Source : Assurance maladie)
Dans 9 cas sur 10, le cancer colorectal peut être guéri s’il est détecté tôt
(Source : INCa)





