Rencontre avec Antoine Fermon, kitsurfer et champion de France freestyle 2015
Le kitesurf est une discipline spectaculaire, encore peu connue il y a quelques années. Comment as-tu découvert ce sport ?
Je suis né à Dunkerque, mais j’ai ensuite habité pendant 7 ans à l’île de la Réunion, et tout petit je voyais déjà beaucoup de kitesurfers sur la plage de Saint-Gilles. En revenant dans le nord de la France, mon cousin m’a fait essayer le kitesurf et ça m’a tout de suite plu ! J’avais 11 ans. Peu après, j’ai déménagé à Tahiti. Il y avait une école de kitesurf juste devant notre maison : un signe ! Depuis, ce sport est une véritable passion.
Qu’aimes-tu particulièrement dans ce sport ?
C’est un sport extrême, qui offre une immense liberté. Tu peux aussi bien aller te balader au large, que faire des sauts à 10 ou 15 mètres ! Ce que j’aime avant tout dans le kitesurf, c’est le fait de ne pas dépendre d’un bateau, mais seulement du vent, de la nature ! Le revers de la médaille, c’est que quand le vent a décidé de ne pas souffler, tu peux te retrouver à attendre pendant des jours qu’il revienne, sans pouvoir kiter… et là, tu lui en veux !
En quoi consiste ton entraînement ?
Les entraînements physiques en salle, ce n’est pas mon truc. Je m’ennuie rapidement quand je me retrouve dans une salle à lever des poids ou courir sur un tapis ! Mon entraînement consiste surtout à varier les sports. Je fais beaucoup de vélo, de skate, de paddle, de surf et de la course. Tous ces sports sont complémentaires : avec le skate, tu travailles l’équilibre, avec le vélo les cuisses, le surf les épaules, le paddle les pectoraux et abdominaux… Au final, cela donne un entraînement assez complet !
Il y a 2 ans, tu as été grièvement blessé. Tu avais 19 ans. Que s’est-il passé ?
C’était en mars 2014, pendant le dernier jour de compétition des championnats du monde. J’étais fatigué et les conditions météorologiques n’étaient pas idéales, avec un vent rafaleux, c’est-à-dire une alternance de vents forts et de vents faibles. J’ai tenté un kiteloop, une figure freestyle où l’aile fait un tour complet pendant le saut. Mon aile a déventé et je suis tombé d’environ 12 mètres de haut. Le choc a été considérable. Je me suis sectionné le tendon rotulien, le ligament externe et le croisé antérieur, tout cela sur la jambe gauche.
Comment t’es-tu remis d’une telle blessure ?
J’ai subi une opération importante, qui consistait en gros à reconstituer mon tendon rotulien en me prenant des ischio-jambiers, les muscles de l’arrière de la cuisse. Je suis resté environ 3 semaines à l’hôpital. Ensuite, j’ai fait 5 mois de rééducation dans des CERS (Centre européen de rééducation du sportif). Quatre mois après être sorti et avoir repris le kite, j’ai été champion de France. Une belle victoire, d’autant plus que j’ai appris a posteriori que certains médecins pensaient que je ne rekiterais plus jamais.
Et aujourd’hui ?
Je ne pense plus du tout à ma blessure, mon genou est hyper stable. Mon prochain objectif : les championnats du monde de 2016 ! J’espère être dans les 9 premiers, je m’entraîne dur pour ça. Je suis motivé à bloc !
Propos recueillis par Clémentine Vignon





