1/ Qu’est-ce que la « vraie » gastro ?
On parle de gastroentérite quand il s’agit d’une infection virale ou bactérienne qui entraîne : des diarrhées, des vomissements, des douleurs abdominales, avec parfois de la fièvre.
« Il ne faut pas la confondre avec l’indigestion qui peut entraîner les mêmes symptômes, à l’exception de la fièvre, mais qui est due à des excès (repas trop arrosés, trop gras, etc.) » explique le Dr Xavier Hébuterne, gastroentérologue et chef du pôle digestif du CHU de Nice.
2/ Qui se cache derrière la gastro ?
La gastroentérite peut être d’origine virale (ce sont les virus de l’hiver généralement), ou bactérienne (on parle aussi d’intoxication alimentaire). « Elle peut être due à l’intrusion d’une bactérie que notre flore intestinale ne connaît pas, comme par exemple lorsqu’on voyage, précise le gastroentérologue. La turista est une gastroentérite bactérienne pour nous, alors que pour nos hôtes, ces mêmes bactéries n’ont pas de conséquences ». Déséquilibré par ces nouvelles bactéries qui envahissent les intestins, le corps peine à les neutraliser et les symptômes apparaissent.
3/ Comment se transmet-elle ?
La gastroentérite, quelle que soit son origine, est extrêmement contagieuse : « Chaque année, un Français sur vingt consulte pour une gastroentérite » confirme le Dr Hébuterne. Virale, elle se transmet généralement par contact ou via les postillons. Bactérienne, elle se cache le plus souvent dans la nourriture, sur les fruits ou autres aliments crus, car la cuisson à haute température permet d’éliminer les bactéries.
4/ Que faire (ou ne pas faire) pour éviter de la transmettre ?
Savons, gels hydro-alcooliques… Le premier réflexe à adopter est, lorsqu’on est malade, de se laver les mains régulièrement, évidemment après chaque passage aux toilettes.
En plus du lavage régulier des mains des malades, pensez aussi à nettoyer tout ce qui peut être une source de contamination : poignée de porte, smartphone, télécommande, tablette numérique, souris d’ordinateur, clés… ce sont des endroits parfaits pour les virus ! N’oubliez pas de les nettoyer plusieurs fois par jour également avec des lingettes désinfectantes adaptées.
Il faut également éviter d’être en contact avec les personnes les plus sensibles : les nouveau-nés, les femmes enceintes, les personnes immunodéprimées et les personnes âgées.
5/ Quels sont les aliments à éviter / à privilégier pendant la gastro ?
Si l’appétit est rare pendant les premières heures de la gastroentérite, il est indispensable de se réalimenter dès que possible. Certains aliments sont plus faciles à avaler et surtout à digérer. En gardant à l’esprit que l’appareil digestif est fatigué par les diarrhées et/ou vomissements, il faut donc le préserver dans la reprise de l’alimentation.
- À éviter : les aliments gras ou en sauce, les aliments riches en fibres (légumes verts, pains complets). Les fruits crus (à l’exception de la banane) et le lait ou le fromage blanc sont aussi à proscrire.
- À favoriser : Après une gastro, le meilleur ami est le riz salé, il apporte des minéraux et, légèrement constipant, il calme les diarrhées. Le pain blanc et les biscottes sont aussi des alliés lorsque l’appétit revient. Côtés fruits et légumes, s’ils sont bien cuits, les pommes ou les carottes par exemple, sont très faciles à digérer.
Les yaourts et les fromages à pâte cuite ne sont pas déconseillés : le lactose y est déjà digéré, donc plus digeste. Le poisson et les viandes maigres (poulet, dinde…), cuits à l’eau ou au grill, sont également recommandés.
6/ Comment reconnaître une déshydratation ?
La gastroentérite est une maladie contraignante mais de courte durée et rarement grave, sauf en cas de déshydratation trop importante. Les principaux signes de la déshydratation sont : une forte soif sans parvenir à boire, des vomissements et/ou diarrhées fréquents, une grande fatigue, la langue sèche, des plis cutanés qui s’estompent lentement au pincement.
« Il existe pour les plus petits ou les personnes dénutries des solutions de réhydratation disponibles en pharmacie. L’Organisation mondiale de la santé (OMS) a également édité une recette pour une solution de réhydratation orale qui a pour objectif une réhydratation efficace pour combler les pertes. Vous pouvez la demander à votre pharmacien qui vous la préparera » indique le Dr Hébuterne.
7/ Peut-elle être dangereuse ?
Rassurez-vous, si vous êtes en bonne santé, la gastroentérite est simplement un mauvais moment à passer. Par contre, il faut être très prudent pour les personnes à risque. « Le principal risque de la gastroentérite, mais qui est un gros risque, est la déshydratation. Notamment chez les nouveau-nés et enfants en bas âge, la déshydratation peut être très rapide. Pour les personnes immunodéprimées (en chimiothérapie par exemple), les femmes enceintes et les personnes âgées, il faut s’assurer qu’elles arrivent à s’hydrater malgré les vomissements et les diarrhées » insiste le gastroentérologue.
8/ Quels sont les traitements contre la gastro ?
Dans 90 % des cas, les antibiotiques sont inutiles car la diarrhée est souvent virale et si elle est liée à un E. Coli elle va le plus souvent guérir seule. Seul le médecin pourra décider de l’utilité des antibiotiques après analyse des germes.
Il existe des médicaments disponibles pour diminuer les symptômes de la maladie, mais pour le gastroentérologue :
« Il faut d’abord commencer par faire une diète ou un régime dit sans résidus : le côlon est alors mis au repos et les symptômes calmés » (voir Q. 5). Contre les douleurs, la bouillotte est aussi efficace pour détendre le ventre.
Ensuite, il existe des pansements digestifs (type Smecta) ou les antispasmodiques (type Spasfon) qui permettent de ralentir le transit, sans l’interrompre. Les médicaments contre la diarrhée à base de lopéramide (type Imodium) sont à limiter dans le temps : « ces traitements sont très efficaces, parfois trop… Le transit peut alors être perturbé plus longtemps que si on ne les avait pas pris » prévient le Dr Hébuterne. Contre les vomissements, des médicaments antiémétiques sont efficaces (type Vogalène) et peuvent permettre de s’hydrater plus facilement.
9/ Quand doit-on consulter ?
Tout dépend de la santé et du comportement du malade. Pour quelqu’un en bonne santé, en moins de 3 jours les symptômes doivent avoir disparus.
Mais en présence de sang dans les selles, il faut consulter sans attendre : « Même si c’est peu ragoûtant, il est important et simple, de vérifier l’absence de sang dans la diarrhée : c’est un signe d’urgence » précise le Dr Hébuterne.
« C’est chez les plus petits qu’il faut être le plus attentif : la déshydratation peut aller très vite. Il ne faut pas hésiter à consulter si le bébé refuse toute hydratation, le médecin ou le pédiatre jugera si une hydratation par voie veineuse est indispensable ». Pour tous, y compris les personnes fragiles, la réhydratation est la clé : si elle est impossible quelques heures après la diminution des vomissements, il faut consulter un médecin.
10/ Bouillon, soda, tisanes… bonnes idées ?
Toutes les grand-mères ont leur recette en cas de gastroentérite, mais sont-elles fondées ? Verdict du Dr Hebuterne sur quelques exemples :
- L’eau de cuisson du riz : « C’est une idée pleine de bon sens, c’est une eau enrichie, qui hydratera bien, tout en maintenant le tube digestif au repos. » Idem pour les bouillons de légumes qui sont parfois plus faciles à boire que l’eau du riz.
- Les tisanes : « Si elles sont sucrées, c’est une source d’hydratation efficace. »
- Le soda au cola : « Trop sucré, il aura un effet contreproductif en aggravant davantage la diarrhée. La solution est de le diluer avec autant d’eau. Dans ce cas, le taux en sucre sera correct, pour le goût c’est une autre histoire… Pensez également à le dégazéifier.»
- Le thé et le café : « Généralement, ils sont peu bus pendant la gastro, ils sont irritants pour l’estomac, donc à proscrire dans les premières heures. »
Gaëlle Monfort
Quelques chiffres
- Dans 90% des cas, la gastro est virale et les antibiotiques sont donc inutiles.
- Chaque année, 1 Français sur 20 consulte pour une gastroentérite





