« La NASH est la première cause de greffe de foie en France, devant l’alcoolisme » rapporte le Dr Réginald Allouche, ingénieur et médecin, spécialisé dans le diabète de type 2 et la NASH. La stéatose hépatique non alcoolique, ou NASH, est un problème de santé publique majeur qui préoccupe de plus en plus les médecins
La NASH, quesako ?
La NASH (Non-Alcoholic SteatoHepatitis) est une infiltration de graisse dans les cellules du foie : le sucre en excès s’accumule dans l’organe jusqu’à altérer voire détériorer ses fonctions. « C’est comme une usine qui n’a plus de place dans son entrepôt de stockage. Les cartons seront tout de même entreposés dans l’usine, ce qui empêchera les ouvriers de se déplacer librement et aura des conséquences sur leur capacité de travail », explique le médecin. Si, en France, le terme de NASH est utilisé de manière générique pour désigner un stockage excessif de gras dans le foie, il s’agit en réalité de l’un des stades d’une pathologie plus complexe, la NAFLD (Non Alcoholic Fatty Liver Disease).
La NASH, mal du siècle !
Cette maladie du foie est favorisée par un mode de vie sédentaire et une alimentation très sucrée, riche en produits transformés. Dans l’Hexagone, le titre évocateur de “maladie du soda” lui est souvent donné. Elle accompagne l’épidémie de surpoids qui touche les pays industrialisés, en particulier dans leurs populations les plus précaires, encore plus exposées à la malbouffe.
Véritable mal du siècle, l’Institut de cardiométabolisme et de nutrition (ICAN) estime que la NAFLD atteint 18 % de la population adulte française. Ce qui veut dire que 220 000 personnes auraient une fibrose avancée, pré-cirrhotique ou une cirrhose.
Les facteurs de risque
D’après le Dr Allouche, « il s’agit d’une maladie qui touche principalement les hommes de plus de 50 ans et les femmes ménopausées (jusque-là protégées par les œstrogènes), sédentaires et en surpoids. Les personnes atteintes d’un diabète de type 2 sont aussi très sensibles à cette pathologie. L’alcool et les médicaments prescrits dans le cadre de certaines maladies psychiatriques ou du VIH sont des facteurs aggravants. »
Comment savoir si une personne est atteinte de NASH ?
Le diagnostic se fait d’abord par une échographie du foie et est confirmé par un examen sanguin qui vise à mesurer le taux de transaminases appelées, ALAT ou SGPT. L’augmentation de ces enzymes, produites spécifiquement par le foie, est généralement le signe d’un disfonctionnement et d’un début de destruction hépatique. « Il n’y a aujourd’hui, aucun traitement pour la NASH, si ce n’est adopter une alimentation équilibrée et pratiquer une activité sportive régulière. »
Agir vite !
Une fois le diagnostic établi, il faut agir rapidement pour stopper l’évolution de la pathologie. En effet, le stade NASH est réversible, mais pas les suivants ! Une volte-face largement permise par l’étonnante capacité du foie à se régénérer. Néanmoins, cette capacité a ses limites. « Quand il y a une NASH, une inflammation du foie reste réversible mais dès que la fibrose se produit, c’est une autre histoire. Même si on peut la stopper, on ne peut plus revenir en arrière, rappelle l’expert. Et quand la cirrhose apparaît, il est difficile de l’arrêter. C’est pour cela qu’il faut stopper le développement de la fibrose le plus vite possible. »
Cependant, la NASH n’est pas synonyme de cirrhose. De par la complexité du foie, il est impossible de prédire son évolution. Alors que, après quelques années, elle peut déboucher sur une cirrhose ou un cancer pour les uns, elle peut aussi demeurer inoffensive pour les autres.
Comment je me soigne ?
Pour arrêter l’évolution de la maladie, aucun traitement n’a encore été découvert. La seule option : changer d’habitude alimentaire et pratiquer une activité physique régulière. « Il faut laisser le foie tranquille, et limiter au maximum les sucres et les féculents, gros pourvoyeurs de sucre. En revanche, on peut les substituer par les légumineuses, riches en fibres, qui permettent de calmer l’inflammation », explique le Dr Allouche. Concernant l’activité physique, il précise que « dans ce contexte, l’intérêt du sport ne se situe pas au niveau des muscles. En effet, la capacité du foie à faire son travail dépend du débit du sang qui le traverse. Ainsi, pratiquer une activité dite “cardio”, qui, par définition, augmente le débit cardiaque, améliore singulièrement la capacité du foie à détoxifier le corps. Il permet aussi de diminuer la charge pondérale. »
Le foie : un organe mythique !
Le foie est un organe très utile au bon fonctionnement du corps :
→ il stocke et répartit les nutriments issus de la digestion,
→ il nettoie le sang des déchets dont l’accumulation serait toxique (comme l’alcool),
→ il permet d’ajuster le taux de sucre dans le corps,
→ il produit la bile, bien utile à la digestion.
Cet organe est l’un des plus vascularisés et le plus gros viscère du corps humain. Il est néanmoins dépourvu de nerfs. Ainsi, quand il se dégrade, aucun signal de douleur n’est envoyé au cerveau. Cette caractéristique complique considérablement la détection des pathologies qui l’affectent. Il possède cependant l’incroyable capacité de se régénérer rapidement après une lésion ou une ablation partielle ! D’ailleurs, cette particularité se retrouve dans la mythologie grecque. Prométhée, après avoir offert le feu aux humains, est puni par Zeus : il doit vivre attaché à un rocher où, chaque jour, un aigle lui dévore le foie qui repousse chaque nuit.
52 ans c’est l’âge moyen d’apparition de la NASH
plus en plus les médecins.
Par Alexandre Morales avec la collaboration du Dr Réginald Allouche, ingénieur et médecin, spécialisé dans le diabète de type 2 et la NASH





