Zozotement, bégaiement, fausses routes… direction l’orthophoniste ! Ce professionnel paramédical rééduque les troubles du langage et de la parole. Voici son portrait.
Le métier
Formation
Pour s’inscrire en école d’orthophonie, il faut être titulaire d’un baccalauréat général ou technologique. Une fois le sésame en poche, direction Parcoursup pour les formalités administratives. Lettres de motivation, notes et CV seront nécessaires pour être sélectionné pour le grand oral, dernière étape de sélection. Il existe une vingtaine d’écoles d’orthophonie en France, rattachées à une faculté de médecine. Ce sont les seuls établissements capables de délivrer le Certificat de capacité d’orthophoniste (CCO), unique diplôme français permettant d’exercer ce métier (il est possible d’exercer en France avec un diplôme délivré dans l’Union européenne).
Les années d’études sont au nombre de 5, conférant le niveau master aux étudiants.
Durant leur cursus, les étudiants se focaliseront pendant les 3 premières années sur l’apprentissage des sciences de l’être humain et des pathologies, puis, les 2 dernières sont surtout consacrées à la connaissance de la profession, avec des activités pratiques et des stages en cabinet libéral ou dans une structure hospitalière, suivi d’une soutenance de mémoire de fin d’études.
Lieux d’exercice
Après la réussite de leurs études, les nouveaux diplômés ont la possibilité d’exercer leur profession dans différents lieux : cabinet libéral, hôpital public, clinique privée, voire des centres spécialisés de rééducation. La pratique du métier diffère selon les lieux d’exercice, les étudiants y seront sensibilisés pendant leurs études.
Missions
Voici une liste non exhaustive de troubles pouvant faire l’objet d’une rééducation orthophonique :
- troubles de l’articulation : impossibilité constante à prononcer certains sons (par exemple le zozotement) ;
- retard simple de la parole : persistance au-delà de 4 ans du “parlé bébé” ;
- bégaiement : trouble de la communication entraînant répétitions de mots, de syllabes, de sons, mais aussi des prolongations ou encore des arrêts et des blocages qui donnent l’impression d’un effort ;
- dysphasie : trouble spécifique grave du développement normal du langage ;
- troubles du langage écrit : difficultés d’apprentissage de la lecture (dyslexie), de l’orthographe et de l’expression écrite (dysorthographie) ou de l’écriture (dysgraphie) ;
- troubles de la voix : altération de la dimension acoustique de la parole (dysphonie, aphonie) ;
- troubles de la déglutition : difficulté ou impossibilité à avaler certains aliments et boissons, voire salive (risque de fausse route) ;
- troubles de l’oralité : difficultés en lien avec l’alimentation que peuvent avoir les enfants dès la naissance jusqu’à l’adolescence (l’enfant est très sélectif, les repas sont source de conflits, l’enfant explore peu sa bouche, etc.).
Chez les enfants, il est primordial de prendre en charge les troubles du langage assez précocement pour éviter qu’ils ne s’installent durablement.
L’orthophoniste a également un rôle indispensable dans la rééducation du langage des patients souffrant de maladies neurodégénératives (maladie d’Alzheimer, sclérose en plaques), mais aussi par exemple ceux ayant subi une chirurgie au niveau de la sphère ORL.
Prise en charge
Bilan
Lors de la première consultation, a lieu le « bilan orthophonique ». Il s’agit de déterminer à l’aide d’une batterie de tests la nature du ou des troubles du langage oral ou écrit, et la rééducation nécessaire avec la mise en place d’exercices techniques et ludiques.
Exercices de rééducation
En fonction du trouble, il existe un grand panel d’exercices que le patient devra pratiquer en consultation avec l’orthophoniste ou chez lui entre les séances.
Par exemple pour le bégaiement, cela peut être la lecture d’un texte court en allongeant les mots au maximum et en lisant le plus lentement possible, mais d’augmenter la vitesse de lecture au fur et à mesure de progrès. Ou encore pour les troubles de la déglutition, avaler sa salive en serrant les dents et en souriant et sans bouger les lèvres.
Les troubles de l’articulation sont souvent liés à une atteinte des organes vocaux, en particulier le larynx et les cordes vocales. Ceux liés à la lecture et à l’écriture peuvent être dus à des lésions cérébrales ou des maladies comme la dyslexie.
Parcours de soins
Il est indispensable d’avoir une prescription médicale pour un bilan orthophonique et une rééducation orthophonique. Il faudra compter entre 30 et 50 séances, d’une durée de 30 à 45 minutes. La profession est conventionnée, c’est-à-dire que le prix de la consultation est fixe et que les dépassements sont rares. Il faut compter entre 20 et 39 euros la séance, en fonction des actes de rééducation réalisés. L’Assurance maladie rembourse à hauteur de 60 % par consultation.
L’orthophoniste m’a aidé à reprendre confiance en moi
« J’ai commencé à bégayer à l’âge de 5 ans suite à un traumatisme psychologique. Mes parents m’ont rapidement emmené voir un orthophoniste. Ma parole s’étant améliorée, j’ai continué mon enfance et mon adolescence sans voir de spécialiste. Mais ce qu’il pensait être une amélioration, n’était que des stratégies d’évitement de ma part. En effet, un bègue léger, comme moi, évite de prononcer certains mots ou sons qu’il sait problématique. Mis à part quelques incompréhensions avec mon entourage, car parfois mes phrases ne voulaient rien dire, et quelques blocages de parole qui passaient souvent inaperçus, ce trouble ne m’avait jamais vraiment dérangé.
Mais arrivé à l’âge adulte, aux études supérieures, aux prises de parole parfois en public, ce sentiment a commencé à changer, et à 28 ans, j’ai décidé de retourner faire un bilan orthophonique et une rééducation.
Le fait de ne pas pouvoir m’exprimer comme je le souhaitais et d’avoir peur de “buguer” commençaient vraiment à me déranger.
Mon orthophoniste a été une aide incroyable. En plus d’être une personne à l’écoute, humaine et compétente, elle a pu me donner des outils qui m’aident au quotidien et elle m’a donné les clés pour réguler mon souffle et la parole. Elle m’a vraiment aidé à reprendre confiance en moi.
Maintenant, je m’exprime librement et sans peur. Il m’arrive encore parfois de buter sur certains mots, mais comme tout le monde, non ? » Vincent, 35 ans
Par Léna Pedon





