Qu’est-ce qu’un implant dentaire ?
Il s’agit d’une racine artificielle en titane placée dans l’os de la mâchoire, sur laquelle une prothèse dentaire va être positionnée.
« Le fait de placer un implant lorsqu’il manque une dent est un acte à la fois fonctionnel, préventif et esthétique », indique le Dr Philippe Leclercq, chirurgien-dentiste spécialiste de l’implantologie et expert près la Cour d’appel de Paris.
Fonctionnel, car cela permet de retrouver des fonctions de mastication et de phonétique normales, et préventif, car il permet d’éviter le déplacement des autres dents. L’implant dentaire est une alternative à la prothèse amovible (dentier) et au bridge.
À noter qu’il est tout à fait possible de poser plusieurs implants au cours d’une même intervention.
Quelles sont les indications ?
L’implant dentaire peut être utilisé pour remplacer une ou plusieurs dents en cas d’édentement survenu sur des dents abîmées ou à la suite de traumatismes. Par exemple, l’usage d’implants est fréquent pour remplacer deux molaires inférieures ou bien quatre incisives inférieures. « Nous pouvons également envisager la réhabilitation d’arcades dentaires complètes lorsque nous avons des patients totalement édentés au niveau d’une arcade, voire des deux », précise le Dr Leclercq.
Enfin, de plus en plus de personnes âgées de 80 à 90 ans bénéficient des implants. « Nous pouvons placer deux ou trois implants, que l’on va relier par une “barre de stabilisation”, et stabiliser ainsi une prothèse amovible », ajoute le chirurgien-dentiste. La stabilisation d’une prothèse amovible est une indication majeure pour les patients de cette tranche d’âge, avec un impact bénéfique sur leur qualité de vie.
Peut-on prévenir l’édentement ?
Le Dr Leclercq rappelle que « la pose d’un implant est envisagée lorsqu’une dent n’est pas restaurable par les soins classiques. Nous ne placerons pas un implant pour remplacer une dent qui peut être soignée ». Il insiste également sur l’importance de la prévention : deux visites par an chez le dentiste, avec détartrage régulier, et une bonne hygiène bucco-dentaire permettent généralement (sauf en cas de traumatismes ou d’accidents) d’éviter d’en arriver à la pose d’implants.
Quelles sont les contre-indications ?
Il existe peu de contre-indications à la pose d’un implant dentaire. Les principales sont liées à l’acte chirurgical, en raison du risque infectieux. Ainsi, les implants sont contre-indiqués chez les personnes immunodéprimées, ayant eu une greffe d’organe ou bien atteintes de certaines pathologies (maladies cardiaques, cancer…).
La pose d’implant est également peu recommandée chez des personnes ayant une forte consommation de tabac ou d’alcool. « En effet, ce type de consommation excessive fragilise la santé bucco-dentaire, et le processus de cicatrisation en bouche est beaucoup plus difficile », explique le Dr Leclercq.
Par ailleurs, dans certains cas, il peut y avoir une résorption osseuse importante (tissu osseux significativement réduit), ce qui rend difficile, voire impossible, la pose d’un implant. « La résorption osseuse est un phénomène qui survient naturellement chez les personnes restées édentées pendant un certain temps, car l’os n’est plus stimulé », explique le chirurgien. S’il n’y a pas suffisamment d’os pour placer un implant, une greffe osseuse peut être envisagée afin d’augmenter l’épaisseur et rendre possible la pose.
Quelles sont les différentes étapes ?
La pose de l’implant et de la prothèse nécessite plusieurs étapes, qui peuvent se dérouler sur plusieurs mois. À noter qu’aucune de ces étapes n’est douloureuse et ne nécessite de précaution particulière ni avant ni après.
Le bilan initial
Tout commence par une discussion avec le chirurgien-dentiste pour faire le point sur les radios précédemment réalisées, etc. Ce bilan est aussi l’occasion de vérifier la santé buccale. « Il est essentiel de poser un implant dans des bouches propres et saines, afin d’éviter les complications et les échecs », affirme le Dr Leclercq. Si le chirurgien-dentiste a un doute (saignement, inflammation dentaire, mauvaise haleine…), une analyse de la flore bactérienne buccale est effectuée afin de déterminer si la flore est saine ou pathogène. En cas de flore pathogène, un traitement est mis en place afin de « nettoyer » la bouche. Cela peut nécessiter 4 à 6 mois. Cette étape de décontamination est essentielle avant l’opération consistant à placer l’implant.
La pose de l’implant (acte chirurgical)
Le chirurgien procède à un forage dans le tissu osseux et visse l’implant dans l’os.
La cicatrisation
Ensuite, « les cellules osseuses de la mâchoire se soudent à la surface de l’implant jusqu’à ce qu’il devienne solidaire de la mâchoire. On dit qu’il est “ostéo-intégré” », explique le Dr Leclercq. Ce temps de cicatrisation dure 3 à 6 mois et est essentiel pour la réussite du processus.
L’empreinte
À l’aide des éléments fournis par le chirurgien-dentiste (moule en plâtre, emplacement de l’implant…), le prothésiste va fabriquer la prothèse dentaire.
La pose de la prothèse (phase de reconstruction)
Enfin, le chirurgien-dentiste procède à la pose de la prothèse. « La prothèse doit être équilibrée de façon à ce que le patient retrouve une fonction de mastication, une phonétique parfaite et une occlusion précise », indique le Dr Leclercq.
Ensuite, un suivi régulier est mis en place (visites régulières et radiographie tous les ans).
À gauche, radiographie d’un implant compensant l’absence d’une incisive latérale supérieure,
et à droite, élément prothétique fixé à l’implant et compensant l’absence de cette incisive.
Quels sont les risques ?
Il existe des risques liés à l’acte chirurgical en lui-même (perforation des sinus ou des fosses nasales, section d’un nerf dentaire ou encore lésion du nerf lingual…). « Ce ne sont pas des risques vitaux, mais ils peuvent toutefois avoir un impact important », prévient le Dr Leclercq.
Des complications peuvent survenir plus tard, comme la péri-implantite (inflammation de la gencive et de l’os environnant l’implant), voire la résorption osseuse autour de l’implant. Ces complications sont plus fréquentes chez les patients sujets aux parodontites et chez ceux ayant une flore buccale pathogène, d’où importance de la prévention et du traitement de l’inflammation avant de poser les implants.
À quoi sont dus les échecs ?
Un échec peut se traduire par la perte d’un implant, c’est-à-dire que l’implant est éliminé par l’organisme (avant pose de la prothèse). Cela peut survenir si l’opération a été effectuée sur une bouche non préparée par exemple. Dans ce cas, il faut bien assainir la bouche et refaire l’opération.
L’échec peut également être lié à la prothèse si celle-ci est mal équilibrée ou incorrectement adaptée. « Les situations d’échec sont malheureusement beaucoup plus fréquentes qu’on ne le dit. Mais lorsque l’intervention est réalisée dans les bonnes conditions, par des équipes entraînées, ce sont des traitements qui peuvent durer 20 ans », conclut le Dr Leclercq.
Charlène Catalifaud
Témoignage de Sébastien, 62 ans
« Je me suis déjà fait poser deux implants, un premier il y a 3 ans et le second il y a 2 ans, pour remplacer des dents trop abîmées et non récupérables. Et cette année, je vais m’en faire poser deux autres. La première fois, j’appréhendais un peu l’acte chirurgical, car il s’agit quand même de faire un trou dans la gencive. Heureusement, l’équipe soignante a été très rassurante. Maintenant que je sais à quoi m’attendre, je n’ai pas de crainte particulière. Le plus douloureux, c’est l’arrachage des dents ! Le processus est assez long, les deux fois j’ai attendu 6 mois entre l’arrachage de la dent et la pose de l’implant et 2 mois entre l’implant et la pose de la prothèse. Mais cela vaut le coup. Je n’ai plus mal aux dents désormais. C’est génial. »
Se faire poser l’implant et la prothèse dans la même journée, est-ce possible ?
« Nous sommes capables techniquement de placer des implants le matin et de positionner les prothèses le soir, on parle alors de mise en charge immédiate. Cela peut également se faire sur 3 jours ou 8 jours… Mais les indications pour ces cas de figure sont très peu nombreuses ! Il faut être très prudent, et surtout ne pas le faire à tous les patients. Pour certains types d’édentements, cela peut entraîner des dégâts considérables s’il y a un souci. Dans les cabinets qui systématisent la mise en charge immédiate, le taux d’échec est énorme. »
Dr Philippe Leclercq, chirurgiendentiste, spécialiste de l’implantologie (Paris)
Que dire aux patients qui veulent aller à l’étranger ?
« La seule motivation des patients souhaitant se faire opérer à l’étranger est bien entendu l’argent. La Roumanie et la Hongrie, par exemple, attirent beaucoup de patients à l’étranger avec des tarifs avantageux. Le problème, c’est que neuf fois sur dix, du matériel low cost est utilisé et les soins ne sont pas réalisés ou en tout cas pas correctement. Et engager une procédure à l’étranger est très compliqué. Alors qu’en France, les patients sont protégés et indemnisés. Alors certes, le prix de départ sera moins élevé, mais au final, lorsque cela se passe mal, il faut recommencer en France et payer deux fois. Par ailleurs, on oublie toujours de parler du nombre de patients qui viennent de l’étranger se faire soigner en France. Il y en a beaucoup plus ! Tout simplement parce que la dentisterie/implantologie française est très probablement l’une des meilleures au monde. »
Dr Philippe Leclercq, chirurgiendentiste, spécialiste de l’implantologie (Paris)





