L’aider sans le culpabiliser Le surpoids correspond à un état inflammatoire chronique de bas grade et joue un rôle important dans les comorbidités associées à l’obésité, il s’agit donc d’une maladie chronique qui peut débuter dès l’enfance. Comment aider un enfant en surpoids ? Le point avec notre experte.
Quand parle-t-on de surpoids ?
Généralement, les parents se fondent sur les courbes du carnet de santé pour évaluer la physionomie de leur enfant. Sachez que les courbes ont été modifiées en 2018 et font désormais référence aux courbes internationales. À partir de l’indice de masse corporelle, chacun peut vérifier si l’enfant a un poids normal, un surpoids ou une obésité. Pour calculer l’indice de masse corporelle, il faut diviser le poids (kg) par la taille (mètre) élevée au carré.
Par exemple, un enfant de 3 ans qui pèse 14 kg pour 90 cm a un IMC de 14/ (0,9*0,9), soit 17,3 kg/m2. En le rapportant sur la courbe, l’IMC est normal. Un IMC compris entre la courbe IOTF25 et la courbe IOTF30 correspond à un surpoids, au-delà de la courbe IOTF30, à l’obésité. Mais la courbe d’IMC ne suffit pas. Le médecin prendra en compte d’autres critères (comme le tour de taille) avant de mettre en place des mesures diététiques par exemple.
Courbes IMC filles et garçons de 1 mois à 18 ans
Quand les parents doivent-ils s’inquiéter ?
Pour la Dr Béatrice Jouret, pédiatre endocrinologue à l’hôpital de Toulouse, il faut se fier à la courbe : « Le plus fiable est de regarder l’allure de la courbe et notamment le rebond d’adiposité qui correspond au moment le plus bas de la courbe vers 5-6 ans. Chez les enfants en surpoids, il est souvent plus précoce, avant 4 ans. C’est un signe d’alerte et dès lors il faut s’en occuper, avant même que l’enfant soit en surpoids. » Lorsque le surpoids est détecté, il est important d’en chercher la ou les causes : « Le médecin doit, avec l’aide des parents et de l’enfant, établir un diagnostic éducatif le plus complet possible afin de comprendre l’origine du surpoids de l’enfant : la sédentarité +/- un manque d’activité sportive ? Une alimentation déséquilibrée, mais aussi une cause psychologique : par exemple, harcèlement à l’école ? »
Faut-il mettre les enfants au régime ?
Notre pédiatre interrogée est formelle : « On ne parle surtout pas de régime. On a suffisamment de recul pour savoir qu’ils sont inefficaces et donc inutiles. »
Cependant, il faut faire le point sur l’alimentation de l’enfant :
- Est-elle équilibrée ?
- Les quantités ingérées sont-elles « normales » pour l’âge de l’enfant ?
- Grignote-t-il ?
- Boit-il des boissons sucrées ?
La famille doit aussi répondre à ces questions :
- Quelles sont les habitudes alimentaires familiales ?
- Quels aliments sont « à disposition » toute la journée ?
- Quelles sont les activités physiques de la famille ?
- Quels sont les antécédents familiaux ?
« Après ce premier bilan très important, les soignants doivent prendre le relais pour une prise en charge globale et pluridisciplinaire. Un suivi psychologique peut être indispensable selon les enfants, mais aussi parfois l’intervention d’un diététicien, d’un éducateur médico-sportif et/ou d’un kinésithérapeute », précise notre experte.
Les parents en première ligne contre le surpoids
L’enfant n’est pas seul responsable de son surpoids : ce n’est pas lui qui fait les courses, établit les menus, etc. Les parents sont donc en première ligne dans la prise en charge et ont besoin d’un accompagnement familial. Il est par exemple important que toute la famille change ses habitudes, pas seulement l’enfant sous prétexte qu’il est en surpoids, comme l’explique le Dr Jouret : « Tout le monde doit manger la même chose, on ne fait pas un repas à part pour l’enfant en surpoids. De même, on ne doit pas interdire certains aliments : rien de plus tentant et donc inefficace. C’est un travail d’équipe : les parents doivent redéfinir le cadre d’une alimentation équilibrée et d’une activité physique, l’enfant en surpoids sera acteur pour suivre et s’impliquer dans ce cadre. »
Ce qu’il faut faire et ne pas faire
- Il ne faut pas supprimer certains aliments : tout est question de quantité.
- Il faut travailler sur les sensations de faim (a-t-il faim ou seulement envie de manger ?) et les quantités (sont-elles adaptées à l’âge de l’enfant ?).
- Encourager la consommation de fruits et de légumes.
- Limiter les boissons sucrées (jus de fruits, sodas, sirops…)
- Ne pas sauter de repas.
- Penser à consommer à tous les repas un aliment de chaque groupe d’aliments : un féculent, un légume, un aliment du groupe poissons/viande/œuf à midi, un produit laitier et un fruit.
- Fractionner l’alimentation en trois repas plus un goûter par jour.
Place des écrans : pas à table !
Le téléphone, la tablette, la télévision… On estime que la majorité des enfants dépasse les recommandations et regarde en moyenne 3 heures par jour les écrans et ce chiffre peut grimper à 8 heures par jour le week-end ! Il est indispensable de les bannir des repas : ce sont des moments d’échange et de partage, ils ne doivent pas y être conviés.
L’alimentation équilibrée d’un enfant sur une journée
Petit déjeuner
(25 % des apports de la journée)
- 1 féculent (tartine avec beurre et/ou confiture, fine couche de pâte à tartiner [mais cela est rarement possible !])
- 1 produit laitier
- 1 fruit (pressé ou pur jus, une fois par jour, sinon fruit entier)
Repas de midi
(35 % de l’alimentation)
- des crudités
- des protéines animales (viande, poisson ou œuf)
- 1 féculent
- 1 produit laitier
- 1 fruit
Goûter
(Utile pour ne pas grignoter en fin d’après-midi en attendant le dîner, 10 % de l’alimentation, soit un demi-petit déjeuner)
- 1 féculent (pain + barre de chocolat par exemple)
- 1 produit laitier
- 1 fruit (pressé ou pur jus, une fois par jour, sinon fruit entier)
Repas du soir
(30 % de l’alimentation)
- éviter les protéines animales
- des légumes en plus grande quantité que les féculents (inverse du repas de midi)
- 1 produit laitier
- 1 fruit
*Les préparations faites maison sont idéales, plutôt que les produits ultra-transformés qui favorisent la prise de poids.
Et les fast-foods alors ?
« Ce n’est pas un fléau en France comme ça peut l’être aux États-Unis, car les Français y mangent encore à l’heure des repas et non à n’importe quel moment de la journée. Mais il est possible d’apprendre à équilibrer aussi ces menus tout en gardant le plaisir pour qu’ils soient plus rassasiants par exemple. Mais, dans l’ensemble, consommé moins de deux fois par mois, cela ne pose pas de problème », rassure notre experte.
Sites ressources
- Le site du Réseau de prévention et de prise en charge de l’obésité pédiatrique : www.reppop-mp.fr
- Le site du Plan national nutrition santé : www.mangerbouger.fr
Par Gaëlle Monfort