Depuis fin 2023, une nouvelle forme de mpox, ou variole du singe, a contaminé plusieurs dizaines de milliers de personnes et en a tué des centaines en Afrique. Retour sur cette maladie émergente.
Par Corentin Bell
En août dernier, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a qualifié le mpox, ou variole du singe, d’urgence de santé publique internationale. Cette maladie se traduit par l’apparition de pustules et de lésions purulentes particulièrement douloureuses sur les mains, les pieds et les organes génitaux. Elle est d’origine zoonotique : c’est-à-dire transmise des animaux, principalement des rongeurs, à l’Homme, mais le virus peut aussi être transféré entre humains via les fluides corporels, notamment la salive ou les fluides génitaux.
Une nouvelle forme plus virulente
Après avoir provoqué une pandémie touchant près de 92 000 personnes à travers le monde entre le 1er janvier 2022 et le 31 octobre 2023 et provoqué la mort de 167 individus principalement en Afrique Centrale et de l’Est selon l’OMS, une nouvelle forme du virus, appelée clade, a fait surface fin 2023 en République démocratique du Congo, et s’est répandue dans les pays voisins.
Contrairement au clade II b, à l’origine de la pandémie de 2022-2023, ce nouveau variant viral, appelé clade I b, est considéré comme plus létal. Depuis son émergence, cette nouvelle forme de virus a participé à une reprise de la maladie en 2024, provoquant près de 35 000 cas et 866 décès en Afrique depuis le début de l’année 2024, selon l’Agence sanitaire Africa CDC.
Les populations les plus exposées, à vacciner en priorité
Le mode de transmission particulier du virus fait que certaines personnes sont plus à risque d’être contaminées que d’autres. Ainsi, les travailleurs du sexe, les personnes pratiquant le sexe anal et ayant des relations sexuelles multiples et les personnes partageant leur lieu de vie sont plus enclins à souffrir du mpox. Cela s’explique notamment par la présence fréquente de lésions dans la région anogénitale facilitant la transmission de la maladie. Cette partie de la population est donc à vacciner en priorité, ainsi que ceux pouvant développer plus facilement des formes graves comme les femmes enceintes, les personnes immunodéprimées et les mineurs.
La couverture vaccinale n’est pas simplement utile pour se protéger du virus sous sa forme actuelle, mais aussi pour limiter son taux de mutations. Actuellement, le mpox n’est pas contenu en République démocratique du Congo. « En plus de son évolution naturelle et spontanée, le virus est plus transmissible et infectieux à cause de la baisse de l’immunité populationnelle qui est due à l’effacement de la mémoire immunitaire du vaccin antivariolique », s’alarme le Pr Xavier Lescure, infectiologue.
35 000 cas du nouveau variant du mpox ont été recensés en Afrique depuis le début de 2024, et 866 décès.
Un virus qui peut « se disperser à travers le monde »
Pour l’heure, la situation dans l’Hexagone est loin d’être aussi préoccupante qu’en Afrique. Seul le clade II circule encore activement en France, avec 143 cas déclarés cette année. Depuis la pandémie de 2022, aucun décès n’a été signalé selon Santé publique France. Cependant le clade I continue de s’étendre.
« Le virus se diffuse en passant les frontières autour de la République démocratique du Congo, en République centrafricaine, au Burundi, au Rwanda, en Ouganda… détaille le Pr Xavier Lescure, infectiologue spécialisé dans les maladies infectieuses et tropicales à l’hôpital Bichat-Claude-Bernard à Paris. Il y a aussi eu quelques cas anecdotiques en Suède, en Thaïlande, en Inde, chez des voyageurs qui rentraient de cette région. La propagation va être très lente, mais il y a une forte circulation dans les grandes villes de République démocratique du Congo, notamment à Kinshasa, la capitale. Le virus est près des aéroports et peut donc se disperser à travers le monde ».
« Le virus est près des aéroports et peut donc se disperser à travers le monde. »
Pr Xavier Lescure, infectiologue
L’utilisation de vaccins antivarioliques offre une protection suffisante
Pour se préparer face à la possible propagation mondiale de cette maladie, la meilleure solution reste la vaccination, principalement au sein des pays pris dans la tempête infectieuse. Un vaccin destiné uniquement au mpox n’a pas encore été fabriqué, mais les vaccins antivarioliques classiques se sont révélés particulièrement efficaces pour prévenir la maladie.
« Il n’y a pas encore de preuves scientifiques qui démontrent que le vaccin antivariolique actuel soit actif contre le clade I b. Mais il a été très efficace contre le clade II b et il n’y a pas de raison de penser qu’il ne le soit pas autant pour le clade I b. Chez les adultes, son efficacité est autour de 80 à 90 % », rassure le Pr Xavier Lescure.
Les vaccins doivent se faire en deux doses espacées au minimum de 28 jours, selon la Haute Autorité de santé. Depuis 2022, deux vaccins sont recommandés (Imvanex ou Jynneos). Qui plus est, depuis le 20 septembre 2024, selon Vaccination info service, l’utilisation du vaccin Imvanex est autorisée en Europe chez les adolescents de 12 à 17 ans qui font partie des populations les plus à risque de développer une forme grave de la maladie.





