Amputation, choc toxique, polluants… Les tampons hygiéniques sont accusés des maux les plus angoissants, bien souvent à tort. Sont-ils vraiment dangereux ? Comment bien les utiliser ? Décryptage
Des centaines de milliers de femmes l’utilisent tous les jours. Pourtant, le tampon et sa composition angoissent de nombreuses consommatrices, qui revendiquent l’accès à une information transparente. Et depuis quelques mois ressurgissent dans la presse des cas de jeunes femmes atteintes d’un syndrome du choc toxique, une infection rarissime qui peut être déclenchée par l’utilisation de tampons. En octobre dernier, la polémique a été attisée par la publication d’une alerte sur l’augmentation du nombre de chocs toxiques en France, effectuée aux Hospices civils de Lyon. Ainsi, entre 2008 et 2013, deux fois plus de chocs toxiques auraient été enregistrés, passant de 8 à 16 par an. Pour l’instant, aucune explication n’a été avancée. Une chose est sûre : cette augmentation reste minime au regard du nombre de cas. Nécrose, amputation … Si les conséquences du choc toxique peuvent être graves, seule une femme est décédée en France en cinq ans.
Le tampon : un simple déclencheur ?
Alors, les tampons seraient-ils dangereux ? « Le syndrome du choc toxique est extrêmement rare », rassure le Dr David Elia, gynécologue, qui n’en a pas vu un seul au cours de sa carrière. Identifiée pour la première fois il y a 30 ans, cette infection touche entre 0,5 et 1 personne sur 100 000, hommes et femmes confondus. Elle est causée par une souche très particulière de staphylocoque doré. Une bactérie présente chez bon nombre d’entre nous, sur la peau, la bouche ou encore le nez. Et une femme sur dix a le vagin colonisé par cette bactérie. C’est la toxine, produite par les staphylocoques dans le vagin, qui va déclencher le syndrome du choc toxique. Seulement, cette toxine ne peut être néfaste que chez les personnes qui n’ont pas d’anticorps contre celle-ci, « ce qui représente seulement 15 % des individus », insiste le Dr Elia, qui ajoute qu’« il faut donc des conditions très particulières pour être à risque de développer un choc toxique ».
Ainsi, le port d’un tampon peut créer un environnement propice à la libération de la toxine. Seulement, contrairement aux idées reçues, la bactérie n’est pas présente sur le tampon, mais déjà dans le vagin ! « C’est sans doute seulement un déclencheur », explique le gynécologue. Surtout, le choc toxique n’est lié aux règles que dans un cas sur deux. Et il peut parfois toucher les hommes lors d’une angine, d’une coupure ou d’un impétigo par exemple. Les médecins comprennent encore mal pourquoi l’utilisation du tampon est liée au choc toxique, mais ont remarqué que « toute obturation vaginale peut amener à la libération de la toxine », explique le Dr Elia. Les coupes menstruelles, en vogue ces dernières années, ou encore le stérilet, n’écartent donc pas les risques… Par contre, « les chocs toxiques seraient probablement inférieurs avec le port de serviette », avance David Elia. Si les tampons vous angoissent, préférez donc les serviettes hygiéniques.
Attention à l’absorption
Pour écarter les risques de développer un choc toxique, de vrais conseils d’utilisation s’imposent. Premier impératif : faire attention à l’absorption des tampons. C’est le critère déterminant pour éviter un choc toxique. 1, 3 ou 5 gouttes : choisissez toujours l’absorption de votre tampon en fonction de votre flux menstruel. Au cours des règles, la quantité de sang perdu peut varier et nécessite d’utiliser plusieurs tailles de tampon. « Et il ne faut pas porter son tampon plus de 8 h », ajoute le Dr Elia. En prévision de longues nuits, préférez donc une fois de plus les serviettes. Et pensez toujours à vous laver les mains avant et après l’application d’un tampon, tout en évitant les produits parfumés.
« Pour les femmes qui viennent juste d’accoucher, dans les premières semaines, on déconseille le tampon », précise aussi le gynécologue. Par ailleurs, en dehors des règles, les tampons sont strictement interdits, même en cas de pertes gênantes. Ces pertes sont souvent dues à une infection, comme des chlamydias. Le port du tampon exposerait alors à une véritable flambée de ces germes. Enfin, veillez à ne jamais oublier votre tampon, surtout à la fin des règles !
Fini la douche vaginale !
La douche vaginale est totalement déconseillée, même lors des règles. « C’est comme une tornade blanche, sauf que le vagin est une cavité intelligente, avec des germes. C’est comme une forêt, toute l’écologie a son importance », soulève le Dr Elia. En déséquilibrant tout cet écosystème, la douche vaginale rend plus vulnérable aux infections. « Vous ne vous lavez pas la gorge après avoir mangé, donc on ne se lave pas le vagin ! », insiste le gynécologue.
Et les syndromes du choc toxique ? « C’est la grippe ! Un grand malaise avec une montée de fièvre, des diarrhées, des migraines et des vertiges », explique David Elia. À cela s’ajoutent souvent des rougeurs sur tout le corps, « comme un coup de soleil », et dans certains cas la peau pèle. Dans 99 999 cas sur 100 000, ces symptômes grippaux révèleront bel et bien une grippe et dans 1 cas sur 100 000 un choc toxique ! Mais en cas de doute, mieux vaut enlever son tampon et consulter son médecin.
“Contrairement aux idées reçues, la bactérie n’est pas présente sur le tampon, mais déjà dans le vagin”
Pour plus d’infos, visiter le site du Dr David Elia : www.docteurdavidelia.com
Quid de la composition des tampons ?
Depuis quelques années, de nombreuses consommatrices dénoncent le manque de clarté des fabricants quant à la composition des tampons. Une enquête, réalisée par le magazine 60 Millions de Consommateurs en 2016, avait mis en lumière la présence de traces de pesticides et de dioxine sur les protections hygiéniques. Qu’en penser ? Premièrement, la composition des tampons classiques est connue : il s’agit de coton et de viscose. Deuxièmement, les fabricants sont soumis à une réglementation les obligeant à mettre sur le marché des produits sûrs. Seulement, ils n’ont pas l’obligation de détecter des contaminants. Les particules de dioxine et de glyphosate, pesticide très courant, retrouvées sur les tampons étaient présentes sous forme de traces infimes, donc sans dangers pour la santé. D’autant plus que ces contaminants sont malheureusement présents partout : alimentation, vêtements… L’exposition via les tampons deviendrait donc négligeable, surtout qu’ils ne sont utilisés que quelques jours par semaine.





