Après des années à lutter contre son poids, Hervé, 50 ans, a eu recours à la chirurgie bariatrique. Il a ainsi été opéré d’un by-pass, une intervention qui consiste à réduire la taille de l’estomac et de l’intestin afin de réduire la prise alimentaire et l’absorption des aliments. Cette opération a pour objectif la perte de poids et est indiquée après échec des interventions précédentes, comme les régimes. Elle n’est cela dit pas à prendre à la légère, car elle est lourde et implique un réel changement de vie, que ce soit dans la tête ou dans le quotidien.
« Ce n’est pas une solution magique, même si elle en donne l’impression. »
J’avais une idée de la chirurgie bariatrique assez floue, voire confidentielle, je ne la connaissais que par des témoignages vagues. On peut trouver très facilement moultes méthodes de régimes et autres, mais, de mon expérience, pas vraiment de la chirurgie. Ce sont par des recherches ou des lectures sur le sujet que j’ai commencées à y réfléchir et y voir, peut-être, une solution. Après de nombreux échecs de perte de poids, je me suis ainsi intéressé à la chirurgie bariatrique. Je me suis tout d’abord renseigné de mon côté, en prenant le temps de réfléchir aux implications d’un tel choix, et suis allé en parler à ma médecin. Cette dernière est restée prudente, à juste titre, elle ne m’a pas poussé et m’a mis en garde sur le fait que ce n’était pas une solution magique, même si elle en donne l’impression. Elle m’a détaillé les conséquences d’une telle opération, en quoi elle consistait et les changements qu’elle nécessitait. Après cela, j’ai de nouveau pris le temps de murir ma réflexion avant d’entamer les démarches et de prendre rendez-vous.
« La perspective de cette aide médicale était tel un stimulus pour déclencher une vraie perte de poids. »
Mûrir sa réflexion
Après mon premier rendez-vous à l’hôpital, j’étais à la fois heureux d’avoir entamé le processus, mais toujours dans la réflexion quant à cette opération. Le rendez-vous était bien fait, et ils m’ont donné beaucoup de pistes de réflexion, et m’ont vraiment communiqué l’idée d’une prise en charge globale. J’ai aussi assisté à des ateliers avec d’autres patients. Tout cela m’a bien fait comprendre que je devais faire un travail sur moi, changer mon rapport à l’alimentation, à la nourriture et à l’hygiène de vie.
C’était une première étape de franchie et à ce moment-là la perspective de cette aide médicale était tel un stimulus pour déclencher une vraie perte de poids.
« Il faut réfléchir tout au long du processus, c’est important. »
Travail de soi, travail sur soi
Ce que j’ai trouvé essentiel c’est ce qu’il s’est passé entre le premier rendez- vous et l’opération. Au fond, cette dernière est une formalité, ce qui est réellement important c’est le travail de préparation, la réflexion autour de la décision, la démarche, et se préparer à la suite, une nouvelle hygiène de vie. Il faut réfléchir tout au long du processus, c’est important. Il faut aussi apprendre par la pratique : commencer à s’alimenter de manière fractionnée, 5 à 6 fois par jour et pas seulement au cours des trois repas dont nous avons l’habitude en France. Apprendre à s’hydrater tout au long de la journée. Bref, anticiper la période post-opératoire, quand votre estomac sera très réduit.
J’ai eu la sensation d’être bien préparé, et c’est vraiment l’essentiel du travail, tant sur l’aspect nutritionnel, que thérapeutique ou psychologique. C’est central l’aspect psychologique, le fait de comprendre son rapport à la nourriture. L’obésité c’est avant tout un symptôme, il faut donc comprendre de quoi on est malade. À quoi répond le dérèglement du comportement alimentaire, de quoi se console-t-on, de quoi se remplit-on ?
Il ne faut pas avoir honte, c’est une maladie, un symptôme et l’opération n’est pas une facilité. Il faut vraiment comprendre que l’opération est une aide, mais elle ne sert à rien si le reste n’est pas réglé. Pour moi, on va vers l’échec sans le travail en amont et en aval.
« J’ai dû apprendre à avoir une autre approche des repas, sans se frustrer. »
L’opération s’est extrêmement bien passée me concernant, et encore une fois je pense que l’on peut l’attribuer en partie à la préparation. La renutrition post-opératoire se fait très proche de l’opération et l’on commence directement à se nourrir selon un nouveau rythme, en fractionné. Après l’opération la sensation de faim est très réduite, donc il devient facile de fractionner les repas et de moins manger sans se frustrer. Les deux mois qui ont suivi ont été très fatigant, il faut réapprendre, s’habituer et se remettre de l’opération.
Je pense que je suis tombé sur une très bonne équipe, j’ai eu de la chance. J’ai eu des rendez-vous réguliers dans le service pour faire des bilans aussi bien médicaux que psychologiques. J’avais ensuite la possibilité d’un contact libre avec les nutritionnistes et la psychologue, je n’ai pas été lâché dans la nature. Si vous tombez sur un chirurgien qui dit pouvoir vous opérer 3 mois après le premier rendez-vous, fuyez-le ! Privilégiez les équipes qui vous feront apparaître, au contraire, les difficultés et la nécessité de changer.
« C’est un effort différent du régime, qui n’est pas un effort de frustration mais de compréhension »
La clé de la réussite
Je crois qu’il ne faut pas penser qu’il y a seulement l’acte chirurgical en jeu dans ce projet de chirurgie bariatrique. C’est seulement une béquille, c’est la préparation et le suivi qui sont au moins aussi importants que l’acte. Si l’on prend les conseils comme des injonctions médicales, on court à l’échec. J’ai abordé ce projet en me disant que c’était une aide et une opportunité vers le changement, ce n’est pas magique, mais le travail de changement n’est pas plus facile qu’un régime.
Je sais qu’il y a des gens qui pensent que c’est une porte de sortie qui permet de perdre du poids sans faire d’effort, mais je pense qu’ils se trompent. C’est un effort différent du régime, ce n’est pas un effort de frustration mais de compréhension. Il ne faut pas oublier aussi que c’est un acte chirurgical lourd qui peut avoir des conséquences et il ne faut l’entamer en pensant que c’est comme un programme minceur !
Différents montages de chirurgie bariatrique
Propos recueillis par Juliette Dunglas





