Après l’accouchement, de nombreuses femmes cherchent à retrouver leur silhouette d’avant grossesse, et en particulier à perdre ce ventre qui semble s’attarder. Lucie Yvelin, kinésithérapeute à Paris spécialisée en périnatalité nous apporte son expertise.
Bien s’alimenter
Si l’on pense d’abord au sport pour retrouver un ventre tonique, l’alimentation joue un rôle fondamental dans la récupération post-partum. Loin des régimes drastiques qui fatiguent un corps déjà éprouvé, il s’agit avant tout de privilégier une alimentation équilibrée, riche en protéines pour soutenir la reconstruction musculaire, en fibres pour favoriser le transit, et en bons lipides essentiels aux hormones. Une hydratation suffisante est également indispensable pour favoriser la récupération tissulaire et limiter la rétention d’eau.
Pourquoi le ventre ne disparaît pas immédiatement ?
Juste après l’accouchement, le ventre reste arrondi comme si un bébé était encore à l’intérieur. Pas d’inquiétude, cela va dégonfler petit à petit, en 6 semaines environ, le temps nécessaire à l’utérus pour retrouver sa taille et sa position initiales.
De plus, « pendant la grossesse, les muscles abdominaux sont étirés au maximum, notamment le muscle transverse et les muscles grands droits, qui s’écartent », rappelle Lucie Yvelin. C’est ce qu’on appelle un diastasis, qui correspond à l’écartement de la ligne blanche des grands droits, qui peut persister en post-partum. « D’où l’intérêt de la rééducation abdominale », ajoute la kinésithérapeute.
La rééducation abdominale et périnéale
L’élément incontournable est la rééducation. Souvent associée uniquement au périnée, elle concerne pourtant aussi les abdominaux. « Le transverse de l’abdomen est le muscle principal à travailler en post-partum. Il est en synergie avec les muscles du plancher pelvien : on ne peut pas renforcer l’un sans l’autre », explique Lucie Yvelin. La rééducation abdominale se fait donc en complément de la rééducation périnéale, permettant à la fois de limiter les pressions intra-abdominales et d’éviter des problèmes comme l’incontinence ou le prolapsus à long terme.
Les séances de rééducation post-partum débutent entre 6 semaines et 3 mois après l’accouchement. Et si elles sont recommandées dans cette période, il n’est jamais trop tard pour les entamer. « Ce n’est pas parce que la patiente n’est pas venue à 3 mois qu’elle a perdu son temps, le plus important c’est de la faire ! »
À NOTER
La rééducation permet de se réapproprier son corps et d’apprendre les bons gestes pour une récupération durable. « C’est un investissement sur l’avenir », précise la kiné.
Un corps qui évolue jusqu’à 3 ans après l’accouchement
Contrairement aux idées reçues, la récupération post-partum ne se joue pas en quelques semaines. « On entend souvent qu’il faut 9 mois pour faire un bébé et 9 mois pour récupérer. En réalité, cela peut prendre jusqu’à 3 ans. Chaque femme évolue à son rythme, et il faut être bienveillante avec son corps », souligne la kinésithérapeute.
La pression sociale pousse souvent les jeunes mamans à vouloir retrouver leur silhouette le plus vite possible, mais l’essentiel est de respecter son corps et son niveau d’énergie. Plutôt que de se focaliser sur la perte de poids immédiate, il est préférable de se fixer des objectifs progressifs et adaptés à son mode de vie.
Les erreurs à éviter
L’une des plus courantes est de se lancer dans un régime restrictif trop tôt. « Ce n’est vraiment pas recommandé, car la plupart des mamans allaitent et ont besoin d’énergie. Et même sans allaitement, un nouveau-né, c’est très fatigant : ce n’est pas le moment de commencer un régime », rappelle Lucie Yvelin.
Autre écueil fréquent : l’utilisation de gaines compressives dans l’espoir d’aplatir le ventre. Une erreur, selon la kinésithérapeute : « elles vont pousser les organes vers le bas, et sur un ventre et un périnée affaiblis, cela favorise les descentes d’organes ». Plutôt qu’une compression excessive, elle conseille à ses patientes d’opter pour une culotte taille haute, qui apporte un léger maintien sans nuire à la récupération.
Enfin, les premières semaines après l’accouchement nécessitent un maximum de repos pour permettre au corps de se remettre en place en douceur. « Les 6 premières semaines, ce que je dis à mes patientes, c’est tout ce qu’elles peuvent faire assises, elles le font allongées et tout ce qu’elles peuvent faire debout, elles le font assises pour vraiment décharger au maximum », conseille-t-elle. Si porter son bébé est inévitable, elle recommande de déléguer le plus possible les autres charges lourdes, comme les courses ou la poussette.
Se donner du temps et accepter son corps
Enfin, il faut accepter que le corps post-partum change. Même en retrouvant son poids d’avant la grossesse, la silhouette peut rester différente, notamment au niveau du bassin qui s’élargit sous l’effet des hormones. « Il ne faut pas espérer rentrer dans ses anciens vêtements à tout prix, mieux vaut adapter sa garde-robe et accueillir son corps tel qu’il est », rappelle Lucie Yvelin.
À NOTER
Perdre son ventre de grossesse est un processus global qui mêle alimentation, activité physique adaptée et surtout… patience. Le plus important reste d’écouter son corps et de ne pas céder à la pression sociale. Le post-partum est une étape, et chaque femme la traverse à son propre rythme.
Les conseils de Lucie Yvelin
Certains exercices sont recommandés pour tonifier en douceur la sangle abdominale une fois la rééducation périnéale et abdominale effectuées.
- Travail hypopressif : allongée sur le dos, bras le long du corps, genoux fléchis, on inspire profondément, puis on souffle lentement en rentrant le ventre et en contractant légèrement le périnée.
- Le pont fessier : allongée sur le dos, genoux fléchis, on soulève le bassin en contractant fessiers et abdominaux, en veillant à bien expirer.
- Le gainage : en position de planche sur les avant-bras ou en appui sur les genoux, on veille à bien rentrer le ventre et expirer à l’effort.
- Exercices avec bébé : certaines positions permettent d’inclure son enfant, par exemple en faisant du gainage en le tenant contre soi, ou en l’utilisant comme petit poids pour des squats ludiques !
- À éviter : les crunchs (relevés de buste) qui augmentent la pression sur le périnée et peuvent aggraver un diastasis.
Où réaliser la rééducation ?
- Périnéale : chez une sage-femme ou un kinésithérapeute.
- Abdominale : uniquement chez un kinésithérapeute.
Par Léna Pedon





