Vous ronflez et ça gêne votre entourage ? Sachez que votre sommeil est aussi affecté. Le ronflement peut être le signe de quelque chose qu’il ne faut pas laisser traîner !
Comment ça marche ?
Lorsque l’on respire, et notamment que l’on inspire, l’air parcourt un trajet bien particulier : il entame sa marche par les narines, se retrouve dans les fosses nasales, et poursuit son chemin par le pharynx. Il plonge ensuite le long du larynx et de la trachée, pour rejoindre les bronches et les petites voies aériennes. Mais ce cheminement ne se déroule pas toujours sans encombre. « Si on fait du bruit, et notamment qu’on a des ronflements, c’est qu’il y a des turbulences. L’air rencontre des obstacles sur son chemin, souvent il n’y en a pas qu’un mais plusieurs, et ce sont ces obstacles qui vont générer du bruit », explique la Docteure Madiha Ellaffi, pneumologue allergologue et spécialiste du sommeil. Ces turbulences font alors vibrer le pharynx ou la luette, ce qui entraîne les bruits caractéristiques du ronflement.
Qu’est-ce qui favorise le ronflement ?
Le ronflement peut dépendre de différents facteurs. Certaines personnes ont notamment plus d’obstacles que d’autres et ronflent donc plus facilement. Mais il y a aussi des périodes dans nos vies où l’on ronfle plus que d’autres.
Les situations favorisant le ronflement :
L’âge
Le ronflement augmente lorsqu’on vieillit, ce qui est dû à un relâchement musculaire normal. La ménopause, avec la diminution d’imprégnation oestrogénique, entraîne notamment une détente des muscles qui vont moins bien fonctionner et entraîner du ronflement.
Le sexe
En moyenne, les hommes ronflent plus que les femmes.
L’allergie
Certaines personnes ronflent en permanence à cause des allergies (leur nez est toujours à moitié bouché et leurs muqueuses gonflées).
Des malformations ou déformations qui obstruent les voies aériennes
→ Des grosses amygdales ou végétations peuvent gêner, notamment chez l’enfant, et empêcher de respirer correctement ;
→ Une grosse langue ;
→ Un pharynx étroit ;
→ Une déviation de la cloison nasale (due à une malformation anatomique ou à une fracture du nez) ;
→ Des voies aériennes étroites : un patient qui respire depuis l’enfance bouche ouverte (à cause d’une allergie aux acariens par exemple) peut grandir avec une étroitesse du palais et des fausses nasales, qui perdure même une fois l’allergie guérie.
Le poids
Le surpoids et l’obésité favorisent les ronflements quotidiens dus à un excès de graisse au niveau du cou, qui rétrécit les voies respiratoires. Ces ronflements peuvent aussi être accompagnés d’apnées du sommeil (situation au cours de laquelle la respiration s’arrête et reprend de façon répétée durant le sommeil).
Des rhumes, rhinopharyngites, angines…
Certains symptômes entraînent le gonflement de muqueuses, réduisant la place pour respirer, ce qui produit donc des ronflements.
La grossesse
Avec l’effet de la progestérone et des œstrogènes, certaines femmes enceintes souffrent de congestions nasales et manquent alors d’air.
La prise de médicaments
Les médicaments qui diminuent le tonus musculaire (par exemple les benzodiazépines).
L’absorption d’alcool
L’alcool relâche les muscles qui occupent davantage de place et obstruent les voies respiratoires.
Le tabac
Il entraîne une irritation des voies respiratoires, rendant le passage de l’air difficile.
Les personnes qui ronflent régulièrement ont souvent plusieurs sites obstructifs qui gênent le passage de l’air.
Le bruit n’est pas la seule conséquence
Le ronflement est généralement banalisé et considéré seulement comme quelque chose de gênant surtout pour les personnes qui dorment à côté. Pourtant, cela peut être le signe d’une réelle pathologie, sans compter l’impact sur le sommeil.
Madiha Ellaffi nous explique : « À partir du moment où vous ne respirez pas bien et que vous faites du bruit, ces turbulences sont rarement un bruit isolé. Il y a souvent une gêne à la respiration, une fragmentation du sommeil. C’est quelque chose contre lequel il faut lutter pour essayer de rétablir au maximum une respiration par le nez, sans obstacle, sans gêne, sans impact sur le sommeil et sur le quotidien. En fait, ce n’est pas si banal que ça. »
Lorsque le ronflement apparaît seulement 2 jours par an, durant un rhume par exemple, pas de problème. Mais s’il se manifeste souvent, il peut avoir des conséquences sur le comportement, augmenter le risque de s’endormir au volant, augmenter les risques de diabète, d’hypertension, de problèmes cardiovasculaires, et notamment pendant la grossesse.
« Une femme enceinte fatiguée, qui dort mal et qui ronfle, doit s’en préoccuper, car elle augmente son risque de diabète gestationnel, d’hypertension artérielle gravidique, de pré-éclampsie et le risque que, plus tard, elle garde ces troubles du sommeil, des difficultés et des problèmes de santé (AVC, diabète…) », précise notre spécialiste du sommeil.
Quelles solutions ?
Pour retrouver un sommeil paisible, il faut rechercher chaque facteur provoquant ou aggravant, et les soigner un à un.
La Dr Madiha Ellaffi nous indique certaines solutions selon les facteurs :
S’assurer par un bon suivi
Il existe également une chirurgie du voile du palais pour enlever le bruit des ronflements. Mais celle-ci ne permet pas de soigner la maladie sous-jacente. « Il faut absolument vérifier la présence d’une apnée du sommeil auparavant par un spécialiste du sommeil (pneumologue, ORL, etc.), et si besoin proposer une chirurgie qui est plus large que seulement le voile du palais. Le ronflement peut disparaître mais le patient peut garder des difficultés par ailleurs », précise Madiha Ellaffi.
La problématique est similaire pour les orthèses anti-ronflement, tout dépend des maladies sous-jacentes. Il faut être bien suivi et s’assurer qu’il n’y ait pas d’autres soucis avant de suivre ces soins, comme une apnée du sommeil qui reste non traitée. Une orthèse étant placée sur les dents, il faut également vérifier qu’il n’y ait pas de risque de déplacement dentaire. Demandez conseil à votre médecin ou votre pharmacien !
Des petits conseils du quotidien pour lutter contre les ronflements
Bien se laver le nez
- Vérifier que sa literie est en bon état en cas d’allergie aux acariens (sinon la nettoyer ou renouveler)
- Éviter de dormir sur le dos
- Faire attention à la forme de son oreiller ou la position de sa tête : une tête moins en flexion, moins haute ou à l’inverse mieux surélevée pour éviter que la langue bascule en arrière, permet d’améliorer les ronflements
- Bien aérer le logement pour éviter les toxiques présents dans l’air
- Éviter de mettre de l’encens
- Éviter de dormir avec ses animaux dans la chambre, surtout si on est allergique
- Faire du sport : la tonicité des muscles passe par l’activité physique et une bonne hygiène de vie en général
- Rééquilibrer son alimentation pour la perte de poids
- Pour les enfants, les ronflements ou l’apnée du sommeil peuvent avoir des conséquences sur l’apprentissage, le comportement et sur la croissance.
- 40 % des plus de 50 ans ronflent de manière régulière
Par Lise de Crevoisier





