Alors qu’elle ne présentait aucun symptôme, l’animatrice de télévision Sandrine Arcizet a subi une opération à cœur ouvert pour soigner une insuffisance cardiaque. Une épreuve marquante qui déclenchera aussi une prise de conscience : sensibiliser aux maladies cardiovasculaires et inciter chacun à écouter son cœur.
Vocation Santé : En 2019, on vous a diagnostiqué un problème cardiaque, contre toute attente. Racontez-nous ce moment de bascule…
Sandrine Arcizet : Tout commence lorsque je me rends chez mon médecin généraliste pour une angine. J’arrive un peu essoufflée, j’avais pressé le pas pour ne pas être trop en retard, mais rien d’alarmant à mes yeux. Pendant la consultation, le médecin écoute mon cœur et me dit « qu’il tape fort », il insiste pour que je consulte un cardiologue.
Moi ? Je fais du sport depuis que je suis toute petite, je mange bien, ne bois pas, ne fume pas, je dors suffisamment… Et surtout, je n’ai aucun symptôme.
Le soir, en me couchant j’ai écouté mon cœur tambouriner dans mon thorax. C’est vrai qu’il bat en nous, mais personne ne prend soin de lui. Il est là, on sait qu’il bat et on ne s’y intéresse pas !
Les semaines passent. Je suis dans une sorte de déni et je repousse la prise de rendez-vous pour mes examens. Quand je m’y résous, les résultats de l’électrocardiogramme sont rassurants, mais l’échographie du cœur met en évidence une insuffisance cardiaque bien avancée. Je me dis : « Ah bon, c’est quoi cette histoire ? ».
Un angioscanner est programmé après les vacances pour aller voir plus profondément dans le cœur et les résultats sont sans appel : j’ai un anévrisme de l’aorte thoracique avec une insuffisance aortique de grade 2 et je vais devoir me faire opérer à cœur ouvert.
Comment digérez-vous cette annonce de l’opération à cœur ouvert ?
Le ciel me tombe sur la tête. Quelques minutes plus tôt, je plaisantais encore avec les personnes qui me faisaient passer le scanner : « au fait, moi, je suis là, mais je ne sais pas pourquoi », je ne réalisais pas vraiment.
Comment s’est déroulée l’opération ?
Un morceau de mon aorte était gonflé, tel un ballon de baudruche, et risquait d’éclater si on ne le remplaçait pas par une prothèse. L’opération à cœur ouvert est une intervention très invasive, le thorax est fracturé entre les seins, les poumons sont poussés afin d’atteindre l’aorte. J’ai du mal à y croire, c’est très dur d’accepter que l’on va vraiment toucher votre cœur. D’ailleurs, ce n’est pas moi qui le faisais battre pendant l’opération, mais une machine qui a pris le relai.
J’apprends aussi que je fais partie des enfants nés avec une malformation au niveau des valves. C’est ce dysfonctionnement qui a provoqué une insuffisance cardiaque. Avec l’âge, je pense que ça s’est abîmé, usé, jusqu’à nécessiter cette opération à cœur ouvert.
À quoi ressemble « l’après » d’une intervention aussi lourde ?
Lorsque je suis ressortie, j’étais épuisée. J’avais des difficultés à marcher, je pouvais à peine lever les bras ou dormir allongée à cause de la cicatrice et des agrafes au milieu de la poitrine.
Vient ensuite la réadaptation cardiaque. Pendant 1 mois, je me suis rendue tous les jours au Centre Cœur et Santé : on y apprend à respirer, bouger, à se remuscler… Ça m’a fait un bien fou ! J’ai pu poser mes mille questions aux professionnels de santé et échanger avec des personnes qui venaient elles aussi de se faire opérer du cœur. Cette phase de réadaptation est primordiale. Parce qu’il a subi un choc, le cœur a besoin d’être réentraîné pour se remettre en route.Lors des premiers cours au centre, j’étais extrêmement diminuée, mais petit à petit le corps se remet, l’appétit revient, ça fait vraiment du bien au moral. Tout cela m’a motivé, et j’ai continué à m’entraîner de mon côté doucement.
En quoi est-ce important pour vous de parler des maladies du cœur ?
Les pathologies cardiovasculaires sont la première cause de mortalité chez les femmes en France, pourtant on en parle peu. J’ai envie de faire de la prévention, de rappeler aux personnes d’aller consulter au moindre symptôme : pincement, oppression dans la poitrine, fatigue… Écoutons nos cœurs, et surtout, écoutons le cœur des femmes !
C’est important d’aller consulter un cardiologue pour vérifier que tout va bien au niveau cardiovasculaire. Si la maladie est prise en charge suffisamment tôt, comme ça a été le cas pour moi, ça peut sauver une vie !
« L’aorte comme un ballon de baudruche »
Plus gros tuyau du corps humain, l’aorte achemine le sang vers les différents organes. Son anévrisme correspond à une dilatation d’une partie de l’artère supérieure à 50 % de son diamètre normal. Si son gonflement peut être associé à certains symptômes tels que la douleur, la toux, une respiration sifflante, il n’est pas rare qu’il passe inaperçu. L’anévrisme peut être détecté lors d’examens d’imagerie tels que l’angiographie, pour observer les vaisseaux sanguins, ou l’échographie du cœur. Le principal traitement de cette pathologie est chirurgical, et se fera à cœur ouvert ou non selon les cas.
Par Cléo Derwel





