En parlant de sexualité… Sujet tabou par excellence, le sexe nous concerne tous. Complexe, éjaculation précoce, baisse de libido, douleurs… Chaque problème a sa solution !
« Je n’arrive pas à retenir mon éjaculation, qui survient au bout de quelques minutes. Je crois que je suis éjaculateur précoce, que faire ? »
Un homme sur cinq est touché par l’éjaculation précoce ou prématurée. Il n’existe pas de définition précise à l’éjaculation précoce, si ce n’est un manque de contrôle de l’éjaculation, qui survient trop tôt. Ou en tout cas pas quand on le souhaite. Contrairement aux idées reçues, ce n’est pas une dysfonction physiologique en soi, mais bien un manque de contrôle de l’excitation. Rassurez-vous : l’homme est par nature programmé pour avoir une éjaculation rapide ! C’est avec l’apprentissage sexuel que l’éjaculation et le plaisir se maîtrisent. L’éjaculation précoce relève souvent d’une angoisse, vis-à-vis de son ou sa partenaire. Et plus globalement d’un manque de confiance en soi, entraînant un cercle vicieux : plus l’éjaculation précoce survient souvent, plus l’homme perd ses moyens, et plus l’éjaculation précoce pourra revenir ! Première étape donc : se détendre, en parler avec son ou sa partenaire pour relativiser le problème. Mais surtout faire quelques exercices simples au quotidien : se masturber sans éjaculer, faire de la relaxation ou encore expérimenter la méthode du stop and go, qui consiste à arrêter la relation dès les premiers signes d’orgasme, puis de reprendre. Le stop and go est l’une des méthodes les plus efficaces pour réapprendre à contrôler son éjaculation. L’hypnose donne également de bons résultats. En dernier recours, une aide médicamenteuse pourra être proposée, comme des antidépresseurs qui peuvent aider à retarder l’éjaculation.
« J’ai mal lors de la pénétration, j’ai l’impression que je n’y arriverai jamais… Est-ce un problème de lubrification ? »
Toutes les douleurs lors du rapport sexuel sont regroupées sous le terme médical de « dyspareunie ». Et les causes peuvent être multiples ! Si elles sont ponctuelles, ces douleurs peuvent par exemple être la conséquence d’une infection ou d’une déchirure lors de l’accouchement. Les douleurs peuvent également être le résultat de vaginisme : une contraction involontaire et incontrôlable du périnée qui ferme l’entrée du vagin et empêche la pénétration. 6 % des femmes sont touchées par le vaginisme, qui peut survenir dès les premiers rapports sexuels ou plus tardivement dans la vie d’une femme. Le vaginisme nécessite une prise en charge spécifique : psychologique, de couple et mécanique, avec des exercices de relâchement du plancher pelvien, voire l’utilisation de dilatateurs. Par ailleurs, si ces douleurs relèvent d’un manque de lubrification vaginale, à la ménopause par exemple, les lubrifiants sont tout à fait adaptés ! Préférez ceux à base d’eau et d’acide hyaluronique, en évitant les lubrifiants gras qui risqueraient de modifier la flore génitale.
« Depuis que je suis enceinte, j’ai une libido exacerbée. Est-ce normal ? »
Effectivement, la grossesse est une tempête hormonale, et beaucoup de femmes enceintes rapportent un désir sexuel augmenté, bien que cela ne soit pas systématique. Cette augmentation de la libido va dépendre de l’avancée de la grossesse. Le premier trimestre, la libido est souvent en berne, car les symptômes qui y sont associés, comme les vomissements, les nausées et surtout la fatigue, sont peu propices à une activité sexuelle nourrie. À l’inverse, le deuxième trimestre, lui, signe souvent une période d’épanouissement sexuel, la femme enceinte se sentant accomplie et fière. Évidemment, cet état d’esprit ne touche pas toutes les grossesses, chacune étant singulière. Enfin, au troisième trimestre, les relations sexuelles se font plus compliquées d’un point de vue mécanique. Et les femmes sont parfois confrontées aux réticences du père, qui a peur de blesser ou toucher le bébé. Rassurez- le : bébé est bien protégé par le sac amniotique, qui absorbe les sons et les chocs, par l’utérus, et par le col de l’utérus fermé par le bouchon muqueux.
« J’ai très envie de faire l’amour avec ma compagne, mais pourtant mon érection ne suit pas… Dois-je consulter ? »
Lorsqu’elle n’est pas assez dure ou incapable de se maintenir longtemps, l’érection est de mauvaise qualité. En France, plus de 30 % des hommes de plus de 40 ans sont touchés par des troubles de la dysfonction érectile. Si l’événement est isolé, nul besoin de s’inquiéter ! La cause peut être psychologique, lors des premiers rapports avec un ou une nouvel.le partenaire par exemple. L’érection est en effet inhibée par l’activation d’un centre dit orthosympathique, lui-même mis en jeu lors d’une situation stressante. Les angoisses ont un effet direct sur la qualité de l’érection ! Les troubles de l’érection répétés doivent eux, amener à consulter, car ils peuvent révéler une pathologie sous-jacente, comme une obésité ou des problèmes cardiovasculaires, voire la prise de certains médicaments comme les antihypertenseurs. Quoi qu’il arrive, l’origine des troubles de l’érection est toujours multifactorielle, mêlant facteurs physiologiques, psychologiques et relationnels.
« Je mouille beaucoup mes draps lors de l’orgasme… Est-ce que l’éjaculation féminine existe vraiment ? »
L’éjaculation féminine fascine les hommes, et angoisse la plupart des femmes, gênées par la quantité de liquide expulsée et la peur que ce soit de l’urine. Il y aurait en réalité deux phénomènes à distinguer. Premièrement, l’éjaculation féminine, qui correspond à l’expulsion en jet d’une petite quantité de sécrétion lors de l’orgasme, ou juste avant. Cette sécrétion, qui passe par l’urètre, provient des glandes de Skene et emprunte le canal qui correspond plus ou moins au canal éjaculateur chez l’homme. Cette éjaculation est minime, maximum 4 ou 5 grammes, et ne trempera jamais les draps. Lorsque l’on parle vulgairement de « femme fontaine », cela correspond non pas à l’éjaculation féminine, mais au squirting. Cette expulsion de liquide, qui peut parfois dépasser les 100 ml, provient en réalité de la vessie. Une étude, réalisée sur une dizaine de « femmes fontaines », a montré que la composition de ce liquide était en tout point identique à celle de l’urine : très liquide, plutôt inodore, de couleur jaunâtre et composé de protéines urinaires. Lors du squirting, ce liquide se mélange aux sécrétions issues de la glande de Skene. Plus généralement, la lubrification féminine lors de l’excitation est un mélange de sécrétions provenant des glandes de Skene et des glandes de Bartholin, présentes à l’entrée du vagin.
« Je trouve ma vulve moche et je suis très complexée par mes poils, bien que je m’épile intégralement. Quelles sont les solutions ? »
Les jeunes femmes sont de plus en plus complexées par l’aspect de leur vulve. Et les opérations de diminution de la taille des petites lèvres, pour raison esthétique, explosent dans les pays occidentaux. Un phénomène en expansion, à tel point que le Royal College of Obstetricians and gynecologists demande désormais d’interdire cette pratique aux mineures, hors raison médicale. Effectivement, à l’instar des pénis, toutes les vulves sont différentes : petites lèvres qui dépassent, poils, grandes lèvres charnues, coloration brunâtre… Rien d’anormal ! Néanmoins, il ne faut pas nier la souffrance sociale et psychologique que peut entraîner ce complexe. Il peut être résorbé par une opération de nymphoplastie-labioplastie. Des petites lèvres hypertrophiées, qui dépassent en permanence, peuvent induire des tiraillements et un contact douloureux. L’opération permet donc également d’améliorer le confort de certaines patientes gênées lorsqu’elles s’habillent ou font du sport. Concernant l’épilation, c’est désormais une pratique très courante. L’été, 22 % des Françaises affirment avoir recours à l’épilation intégrale. Le lien entre épilation intégrale et infection génitale fait encore débat au sein de la communauté scientifique. À l’heure actuelle, aucun lien direct ne permet de dire que l’épilation favorise le développement de chlamydia, de blennorragie ou de syphilis. Les poils n’ont jamais protégé contre les chlamydias ou le VIH ! Par contre, elle favorise les irritations, notamment avec le rasage, et le développement de bactéries sur la zone. Désinfectez vous toujours avant et après le rasage, et évitez de gratter lorsque les poils repoussent.
« Je n’ai jamais réussi à avoir d’orgasme avec mes partenaires. Pourtant j’y arrive très bien quand je me masturbe… »
Huit Françaises sur dix éprouvent des difficultés à atteindre l’orgasme, selon un sondage Ifop de 2014. Une source d’angoisse pour de nombreuses femmes, alors que le stéréotype de frigidité reste encore bien installé dans notre société. Plusieurs raisons peuvent expliquer l’anorgasmie : un manque de confiance en soi, une mauvaise connaissance de son corps et de ses zones érogènes, des caresses ou stimulations maladroites, un vaginisme, des dyspareunies, un traumatisme, la peur de lâcher prise ou l’installation d’une routine sexuelle… L’autostimulation du clitoris pendant la pénétration suffit parfois à retrouver du plaisir et un orgasme. Il est également important de montrer à son ou sa partenaire ce qui vous procure le plus de plaisir, pour essayer d’atteindre l’orgasme à deux. Si le problème persiste, n’hésitez pas à consulter votre médecin, un sexologue ou un psychologue.
Comment choisir un bon sexologue ?
Tous les sexologues sont-ils sérieux ? Difficile à savoir, car ce titre n’est pas protégé. Plutôt que la sexologie, mieux vaut donc se tourner vers la médecine sexuelle, un diplôme délivré en faculté de médecine. Les infirmiers ou les pharmaciens peuvent également se former à la sexologie, bien qu’ils ne pourront ni examiner ni prescrire des médicaments. En termes de sexologie, tout n’est pas dans la tête, et la consultation médicale est indispensable, en complément de thérapies cognitives, comportementales ou émotionnelles.
Quelques chiffres
- 79 % des éjaculateurs précoces pensent que leur partenaire souffre d’insatisfaction sexuelle (Source : étude EMOI, 2014)
- 6 % des femmes jouissent lors de leur premier rapport sexuel (source : enquête observation du couple 2011)
- 8/10 hommes de 14 à 18 ans ont regardé de la pornographie dans les 12 derniers mois (Source : Inserm)
- 76 % des hommes jouissent lors de leur premier rapport sexuel (source : enquête observation du couple 2011)
- 94 % des hommes se masturbent (Source : IFOP)
- 8 femmes sur 10 se masturbent au moins une fois par semaine (Source : IFOP)
Par Sylvie Hernola





