Popularisée pendant le confinement, la téléconsultation existe pourtant depuis des années. Elle permet à un patient de consulter à distance un médecin, généraliste ou spécialiste, pouvant amener à un diagnostic et, potentiellement, à une prescription de traitement.
Un rendez-vous depuis chez soi
Les patients peuvent prendre rendezvous pour une téléconsultation en appelant leur praticien ou via les sites de prise en ligne lorsqu’il est indiqué la possibilité de téléconsulter. Cela varie selon les sites de réservation, mais, en général, le patient doit fournir des informations de base (nom, prénom, date de naissance, numéro de Sécurité sociale, etc.) et parfois une empreinte bancaire destinée au règlement.
Le patient se connecte environ 10 minutes avant le rendez-vous. Pendant qu’il est dans cette « salle d’attente virtuelle », le médecin est prévenu que son patient est prêt et il pourra dès qu’il est disponible commencer la consultation.
Une consultation à distance, mais identique
- L’interrogatoire se déroule comme si vous étiez dans le cabinet du médecin : antécédents, symptômes, explication de la raison de la consultation.
- Le praticien peut alors établir des hypothèses de diagnostic et prescrire soit des examens à faire, soit des conseils de prévention, soit des traitements, ou alors demander une consultation physique, voire une orientation vers un spécialiste.
- Lorsqu’une prescription est effectuée, elle peut être transmise directement au patient par messagerie ou bien faxée à la pharmacie habituelle du patient. De même pour la fiche de soins.
- La téléconsultation est facturée par le médecin téléconsultant au même tarif qu’une consultation en face à face et les modalités de remboursement sont les mêmes que pour une consultation classique. Le tiers payant est également appliqué, dans son intégralité pour : les patients en affection de longue durée, les femmes enceintes, les patients bénéficiaires de la complémentaire santé solidaire (ex-CMU-C) ou de l’aide à l’acquisition d’une complémentaire santé (ACS).
Consultation chez le pharmacien
La webcam ou le téléphone sont utiles pour réaliser des téléconsultations, mais certaines pharmacies sont équipées de cabines avec appareils connectés qui peuvent, par exemple, peser les patients, mesurer la tension ou la glycémie (taux de sucre dans le sang), etc. Ces informations sont envoyées au médecin et il peut alors décider d’un traitement avec ces données supplémentaires. Ces téléconsultations avancées ont lieu dans des salles dédiées, permettant le respect du secret médical.
Le témoignage d’une patiente
Henriette, 85 ans, habite à Scaër (29) et a consulté son médecin par téléphone. Elle nous raconte son expérience.
Pourquoi avez-vous téléconsulté votre médecin ?
Lorsque j’ai appelé pour avoir un rendez-vous, car je n’avais plus de traitement, nous étions déjà confinés. On m’a alors proposé de venir en respectant des règles strictes, ou de faire une consultation par téléphone. C’était plus simple pour moi de choisir cette option. On m’a donc indiqué le jour et l’heure d’appel.
Comment la consultation s’est-elle passée ?
La consultation s’est déroulée comme en cabinet : le docteur a posé les mêmes questions sur mon état, si j’avais des problèmes avec mes traitements, etc. Nous avons fait le point comme d’habitude. Ensuite, il m’a dit qu’il allait faxer l’ordonnance à la pharmacie et je n’ai eu qu’à m’y rendre pour récupérer mes médicaments.
Qu’en pensez-vous ?
C’est simple, pratique (pas de déplacement) et plus rapide, car sans prise de tension, etc. Je suis prête à refaire ce type de consultation de renouvellement, tant qu’il n’y a pas de changement ou que je n’ai rien à montrer au docteur. Mais, la prochaine, fois je dois faire une prise de sang, donc ce ne sera pas possible à distance !
Le témoignage d’un médecin
Le Dr Emmanuel Caruana, généraliste à Nantes, utilise la téléconsultation depuis plusieurs années.
Quand avez-vous recours à la téléconsultation ?
Elle est proposée aux patients lorsqu’ils prennent rendez-vous en ligne. Nous avons des créneaux réservés et les patients peuvent les choisir s’ils le souhaitent. Pendant la crise du Covid, nous avons augmenté les créneaux et c’était quasi systématique. Les patients apprécient-ils la téléconsultation ? Les plus jeunes y adhèrent plus facilement. En général, les patients apprécient de ne pas avoir à se déplacer, de pouvoir gagner du temps en restant chez eux. Ils peuvent attendre leur consultation en faisant autre chose en même temps.
Quels sont pour vous les avantages et les inconvénients ?
Pour les patients, la téléconsultation est très pratique, car souple en termes d’organisation. On note d’ailleurs une meilleure ponctualité, sans doute liée à l’absence de déplacement. Les conseils donnés avec la vidéo rassurent les patients.
Les points négatifs sont que cela désacralise et déshumanise un peu la consultation en tant que telle. Le temps de la consultation virtuelle n’est pas le même qu’en présentiel.
Mais, finalement, le type de consultation, en dehors d’un contexte épidémique, est à adapter en fonction des besoins des patients.
La téléconsultation est-elle l’avenir de la médecine ?
Je ne pense pas qu’elle remplacera le présentiel. Déjà parce que tous les patients ne le souhaitent pas ni les praticiens. Elle sera vraisemblablement intégrée à notre façon de travailler et pourra représenter un pourcentage de nos consultations, variable selon les spécialités et les thérapeutes.
Peuvent effectuer des téléconsultations :
- les sages-femmes
- les orthophonistes
- les ergothérapeutes
- les psychomotriciens
- les masseurs-kinésithérapeutes
- les infirmiers autorisés à réaliser un suivi à distance
- les médecins
Par Gaëlle Monfort





