Longtemps espéré, le vaccin contre le Covid-19 a fait son entrée sur le territoire français. Toutefois, la nouvelle technologie inquiète et les polémiques enflent. Vocation Santé répond à toutes vos interrogations !
Avec l’arrivée du premier vaccin contre le Covid-19, trois lettres sont sur toutes les lèvres : ARN. Mais comment pourraientelles nous sortir de cette pandémie ? Pour le comprendre, il faut se rappeler le fonctionnement de la vaccination, processus qui consiste à entraîner le système immunitaire afin qu’il reconnaisse et élimine rapidement un agent pathogène précis. Généralement, on injecte un virus affaibli non dangereux, mais qui sert de mannequin d’entraînement pour l’organisme.
Avec cette nouvelle génération de vaccins, ce n’est pas un virus qui est injecté, mais de l’ARN messager. Cette molécule est comparable à une recette de cuisine pour nos cellules, qui vont commencer à fabriquer d’elles-mêmes un petit fragment du coronavirus. Aucun risque d’attraper le Covid-19 avec le vaccin puisque le virus « cuisiné » n’est pas entier ! Ce petit fragment viral va être reconnu comme un intrus par notre organisme et par extension, tous les virus rencontrés présentant le même fragment seront éliminés. Grâce à ce nouveau type de vaccination, il est possible d’immuniser jusqu’à 95 personnes vaccinées sur 100.
« Je suis jeune et je ne pense pas être une personne à risque. Devrais-je me faire vacciner ? » Pascal, 24 ans
La vaccination contre le Covid-19 n’est pas obligatoire, ce choix vous appartient donc. Le vaccin présente tout de même deux intérêts majeurs dans votre cas.
Tout d’abord, pour vous. Au fil de l’épidémie, les scientifiques ont pu identifier des populations dites à risque susceptibles de développer une forme plus sévère de Covid-19 telles les personnes âgées ou obèses. Néanmoins, cela ne signifie pas que vous êtes à l’abri de tout danger quand vous ne relevez pas de ces catégories à risque. Des individus jeunes et en bonne santé peuvent souffrir de symptômes sévères (voire mortels) de la maladie et, en vous vaccinant, vous mettrez toutes les chances de votre côté pour rester bien portant. Ensuite, pour les autres. Des études préliminaires semblent indiquer que les vaccins mis au point limitent également la contagiosité du virus. En clair, une fois vacciné, vous auriez moins de risques de contaminer les autres. Vous participeriez donc à ce que l’on appelle l’immunité de groupe, nécessaire pour éradiquer la maladie à long terme et protéger les personnes fragiles.
« Combien de temps ce vaccin protège-t-il ? » Hasnaa, 35 ans
La pandémie de Covid-19 étant très récente, les chercheurs ont peu de recul pour appréhender le phénomène sur le long terme. Il est en effet difficile de se prononcer sur ce qui se passe plusieurs années après un vaccin ou une infection alors que la maladie était encore inconnue il y a quelques mois. Pour l’instant, les données concernant l’immunité face à cette infection sont encourageantes. Une étude parue mi-janvier 2021 indique que la protection résultant d’une infection par le coronavirus dure au moins 6 mois. Autrement dit, nos défenses immunitaires restent capables d’agir rapidement et d’éliminer le virus lorsque celui-ci est déjà connu par notre organisme, que ce soit consécutif à une infection classique ou à une vaccination. En attendant de nouvelles recherches, certains médecins estiment que des rappels annuels pourraient être nécessaires, à la manière de la vaccination grippale.
« Le vaccin est-il efficace sur les variants ? » Isabelle, 56 ans
Question difficile. Afrique du Sud, Angleterre, Brésil… Au cours de son tour du monde, le coronavirus à l’origine du Covid-19 s’est diversifié et on observe aujourd’hui plusieurs souches, qui présentent de légères différences au niveau de la constitution du virus pouvant affecter sa contagiosité et sa létalité. Ces variants diffèrent donc tous de la souche initiale à partir de laquelle le vaccin a été conçu. Des études récentes indiquent que le vaccin du laboratoire Pfizer resterait efficace contre le variant anglais, mais des doutes subsistent concernant les versions brésilienne et sud-africaine. Il est donc vital de limiter la propagation de ces nouveaux virus en renforçant l’application des gestes barrières. Des chercheurs réfléchissent déjà à la mise au point de vaccins contre ces variants. Heureusement, la technologie du vaccin à ARN est assez flexible et ces nouvelles doses pourraient rapidement être conçues.
« J’ai vu sur les réseaux sociaux que le vaccin par ARN pouvait modifier mon ADN. Est-ce vrai ?» Léa, 17 ans
Rassurez-vous, le vaccin ne modifiera pas votre matériel génétique. L’ARN du vaccin peut pénétrer dans vos cellules, mais il ne peut pas entrer dans leur noyau, le coffre-fort qui protège l’ADN. Vous êtes donc à l’abri d’une mutation involontaire causée par le vaccin… mais pas des fausses informations qui se propagent sur les réseaux sociaux. Le climat de pandémie fait surgir de nombreuses théories et idées reçues et il est parfois difficile de faire ressortir le vrai du faux. Si vous voyez une information qui vous paraît suspecte, n’hésitez pas à sortir des réseaux et à consulter des sites de fact checking. Des journalistes et des experts vous aideront à reconnaître une vraie information d’une simple rumeur. En cas de doute, vous pouvez également en discuter avec votre médecin, votre pharmacien ou d’autres professionnels de santé.
« Je me fais toujours vacciner, mais ce vaccin en question me fait douter. Comment a-t-il pu être développé si rapidement ? » Guillaume, 44 ans
À situation exceptionnelle, mesures exceptionnelles. Les communautés scientifiques du monde entier se sont rapidement mobilisées afin de proposer un vaccin contre cette nouvelle souche de coronavirus. Des partenariats inédits entre des organismes publics et privés ont été mis en place et de nouvelles stratégies ont été imaginées. Les étapes ont pu s’enchaîner plus vite en évitant les lourdeurs administratives et en accélérant les processus de vérification. Malgré cela, la rigueur scientifique a toujours été mise en avant et les essais cliniques non concluants ont été arrêtés. C’est le cas pour le vaccin de Sanofi qui n’est toujours pas mis sur le marché faute d’efficacité prouvée. De plus, les chercheurs n’en étaient pas à leur coup d’essai ; ils ont pu se baser sur les données des anciennes épidémies dues au coronavirus (SARS-CoV en 2003, MERS-CoV en 2012). Enfin, le virus du Covid-19 est relativement stable, ce qui a facilité la tâche des scientifiques.
« Le vaccin contre le covid-19 a-t-il des effets indésirables ? » Rachid, 63 ans
Oui, ce vaccin présente de potentiels effets indésirables, majoritairement inoffensifs. Au cours des essais cliniques, quelques patients vaccinés ont en effet rapporté des rougeurs au niveau de la zone d’injection, des maux de tête ou encore de la fièvre. Ces symptômes indiquent que la réaction immunitaire de l’organisme a été déclenchée et que le vaccin sera donc efficace à l’avenir pour lutter contre le virus. Des effets indésirables plus graves — telles des réactions allergiques sévères — ont été observés depuis la mise sur le marché du vaccin ; ils restent toutefois extrêmement rares et ne remettent pas en cause son utilité. En médecine, un rapport dit « bénéfice/risque » est calculé pour chaque intervention, afin d’estimer la dangerosité pour la population. Dans le cas du Covid-19, ce rapport est très fortement en faveur de la vaccination, qui permet de se protéger d’une maladie qui a tué plus de 2 millions de personnes en une seule année.
- 12 mois c’est le temps écoulé entre les premiers cas détectés de coronavirus dans la province de wuhan (décembre 2019) et les premières vaccinations publiques (décembre 2020). Source : OMS
- Pour en savoir plus
infectiologie.com
Pour suivre les évolutions de nos connaissances sur le vaccin contre le Covid-19, consulter le site de la Société de pathologie infectieuse de langue française.
Par Baptiste Gaborieau





