Qu’est-ce que le diabète gestationnel ?
Le diabète gestationnel est défini comme un trouble de la tolérance glucidique conduisant à une hyperglycémie (élévation anormale du taux de sucre dans le sang) de sévérité variable, débutant ou diagnostiqué pour la première fois pendant la grossesse. Il convient de distinguer deux situations différentes :
- Un diabète, le plus souvent de type 2, préexistant à la grossesse, mais découvert seulement à l’occasion de celle-ci et qui persistera après l’accouchement.
- Une anomalie de la tolérance glucidique réellement apparue en cours de grossesse, généralement en deuxième partie, et disparaissant, au moins temporairement, en post-partum (après l’accouchement).
Existe-t-il des facteurs de risque ?
Oui, les facteurs de risque du diabète gestationnel sont bien identifiés :
- Surpoids maternel avant la grossesse : indice de masse corporelle (IMC) ≥ 25 kg/m2.
- Antécédents familiaux de diabète chez un ou plusieurs apparentés au premier degré (parents, fratrie).
- Âge supérieur ou égal à 35 ans.
- Origine ethnique.
- Antécédent de macrosomie fœtale (bébé de plus de 4 kg à la naissance) ou de diabète gestationnel lors d’une précédente grossesse.
Peut-il entraîner des complications ?
Chez la mère, le diabète gestationnel est associé à un risque accru de césarienne et de prééclampsie (maladie fréquente de la grossesse, associée à une hypertension artérielle et à l’apparition de protéines dans les urines). Chez le bébé, la macrosomie est la principale conséquence du diabète gestationnel.
Comment est-il diagnostiqué ?
Comme pour le diabète, le diabète gestationnel peut passer inaperçu, être asymptomatique (sans symptômes) ou présenter des symptômes similaires : soif intense, urines abondantes, fatigue importante… Le dépistage est donc essentiel.
Au premier trimestre de la grossesse, il se fait par la mesure d’une glycémie veineuse (taux de sucre dans le sang) chez la femme enceinte à jeun depuis au moins 8 heures. La valeur est normale si elle est inférieure à 0,92 g/l.
Au deuxième trimestre, entre 24 et 28 semaines d’aménorrhées (absence de règles), le dépistage se fait par la réalisation d’une hyperglycémie provoquée par voie orale (HGPO, voir ci-dessous Zoom sur le test HGPO). Les résultats de ce test sont normaux si :
- la glycémie à jeun est inférieure ou égale à 0,92 g/l ;
- la glycémie à 1 heure est inférieure ou égale à 1,80 g/l ;
- la glycémie à 2 heures est inférieure ou égale à 1,53 g/l.
Si l’une des valeurs est anormale, c’est-à-dire supérieure à la valeur seuil, le diabète gestationnel est confirmé.
En quoi consiste la prise en charge ?
Elle est basée sur l’autosurveillance glycémique et le contrôle de l’alimentation.
L’objectif de l’autosurveillance glycémique est de conserver une glycémie à un taux acceptable en la contrôlant à l’aide d’un lecteur de glycémie entre 4 et 6 fois par jour (au moins une fois à jeun et 2 heures après les repas). L’objectif est de ne pas dépasser 0,95 g/l à jeun et 1,20 g/l 2 heures après les repas.
La prise en charge diététique est la pierre angulaire du traitement du diabète gestationnel et consiste à :
- adopter un régime équilibré en privilégiant les aliments à faible index glycémique, qui ont peu d’impact sur la glycémie, et en mangeant moins d’aliments riches en graisses saturées (beurre, crème, etc.) ;
- fractionner les repas en répartissant la prise des glucides au cours de la journée (3 repas, 2 à 3 collations) ;
- calculer une ration calorique adaptée à chaque femme ;
- privilégier les fibres qui ralentissent l’absorption des glucides et donc le pic d’hyperglycémie postprandial.
En dehors de contre-indications médicales, une activité physique régulière et adaptée au profil de la femme enceinte est également mise en place. Environ 30 minutes d’activité physique, 3 à 5 fois par semaine, sont recommandées. La marche, la natation ou la gymnastique douce, notamment, sont des sports idéaux durant la grossesse.
Si ces mesures hygiénodiététiques ne suffisent pas, le médecin pourra être amené à prescrire, dans un second temps, des injections d’insuline (la plupart des médicaments antidiabétiques étant contre-indiqués en cas de grossesse). Le schéma d’insulinothérapie sera adapté en fonction des profils glycémiques.
À noter : les pompes à insuline agréées en France peuvent être utilisées par les femmes enceintes. Toutefois, le réservoir doit être suffisant, car les doses de fin de grossesse sont 2 à 3 fois plus élevées que les doses usuelles. De plus, le cathéter devra être changé tous les 2 jours ou plus (notamment en cas d’obésité) si la pompe a un petit réservoir.
Par ailleurs, la rapidité d’infusion des bolus varie en fonction des pompes. Il ne faut pas hésiter à changer pour un modèle plus ancien, dont les bolus passent à raison de 1 U/min, car pour des bolus de 20 U, fréquents en fin de grossesse, 20 minutes seraient nécessaires, ce qui ne permettrait pas un bon contrôle après les repas.
Enfin, les cathéters seront choisis avec votre médecin, car il est nécessaire que vous soyez à l’aise avec ce dispositif. En fin de grossesse, il peut être difficile de les poser sur la peau de l’abdomen et les cathéters tangentiels sont souvent mieux tolérés.
Caroline Sandrez
Et après ?
Dans la majorité des cas, le diabète disparaît après l’accouchement, sauf si la mère était diabétique avant la grossesse sans le savoir. Dans ce cas, le diabète persistera après l’accouchement. C’est pour cette raison qu’il est indispensable de refaire un test de glycémie 3 mois après l’accouchement pour dépister un éventuel diabète persistant.
Si le diabète a disparu après l’accouchement, les femmes qui ont présenté un diabète gestationnel l’auront à nouveau très probablement à la prochaine grossesse, et sont à haut risque de développer un diabète permanent dans les années suivantes. C’est la raison pour laquelle il est très important qu’elles gardent une bonne hygiène de vie et contrôlent leur poids.
Les enfants de mère ayant eu un diabète gestationnel ont un risque de développer un syndrome métabolique (surpoids, trouble de la glycémie, hypertension artérielle) à l’âge adulte.
Zoom sur le test HGPO : 3 questions à Asceline Gaume, pharmacien
1. En pratique, comment est-il réalisé ?
Le test HGPO nécessite de se présenter au laboratoire d’analyses médicales à jeun. Une première prise de sang permet alors de mesurer la glycémie à jeun. Puis, la femme enceinte doit ingérer, en cinq minutes, une solution de 75 g de glucose mélangée à 250 ml d’eau et patienter une heure avant la deuxième prise de sang. Après une heure d’attente supplémentaire, la troisième et dernière prise de sang est réalisée.
2. Provoque-t-il des effets indésirables ?
Les effets indésirables sont restreints, mais peuvent être handicapants. Il s’agit principalement de vomissements (dus à l’ingestion rapide et d’une grande quantité de sucre) et de malaises (provoqués par l’hyperglycémie).
3. Comment se procurer le test ?
La solution de glucose doit être retirée en pharmacie. Son coût est de 2,70 € environ (prix selon les pharmacies), non remboursé.





