Pas toujours évident de s’y retrouver au rayon des laits infantiles des pharmacies. Pas de panique, à chaque besoin spécifique des nourrissons, un lait adapté existe. Votre pharmacien vous accompagne et vous explique leurs propriétés.
Lait anti-régurgitation ou AR
Les régurgitations sont fréquentes. Deux tiers des nourrissons de 4 à 5 mois sont concernés. Il s’agit de rejets involontaires de lait dans l’heure qui suit la tétée, souvent associés à une immaturité de l’estomac et à un trop-plein : le volume de lait, associé à l’air ingéré, est supérieur au volume de l’estomac.
Quand l’utiliser ?
Si les conseils de prévention ne suffisent pas (une tétine adaptée, faire des pauses pendant le biberon, laisser au bébé le temps de faire un rot, ne pas le coucher immédiatement après le repas), il faut éviter l’automédication et d’attendre l’avis du médecin pour administrer un lait AR. Les laits épaissis vont réduire la fréquence et l’importance des régurgitations. Leur texture est modifiée grâce à l’ajout d’amidon ou de caroube.
- Amidon (de maïs ou de pomme de terre) : il donne une texture très proche des laits standards. C’est seulement au contact de l’acidité de l’estomac que ces laits s’épaississent. L’avantage est qu’ils seront aussi faciles à boire pour le bébé et qu’il n’est pas nécessaire d’adapter la tétine.
- Caroube : c’est une fibre alimentaire qui augmente la viscosité de la préparation dès son contact avec l’eau dans le biberon. La formule étant plus épaisse, il faut adapter la tétine et savoir qu’elle ralentit le transit intestinal.
À noter
Les symptômes s’améliorent en général autour des 10-12 mois du bébé. Il n’est en général pas nécessaire de maintenir ce type de lait au-delà de 1 an.
Lait sans lactose
Le lactose est le sucre contenu naturellement dans le lait. Il est digéré dans le tube digestif par la lactase, une enzyme qui le décompose en glucose et galactose plus facilement absorbés. Un déficit en lactase provoque une accumulation de lactose dans le tube digestif, où il va subir une fermentation bactérienne responsable de la production de gaz, des douleurs et une accélération du transit. 30 à 50 % des adultes sont concernés par une perte progressive de l’activité lactasique, mais les nourrissons souffrent rarement de déficit en lactase et l’intolérance congénitale au lactose reste très exceptionnelle chez eux.
Quand l’utiliser ?
Une intolérance passagère peut cependant apparaître lors d’épisodes de diarrhées aiguës. Les cellules intestinales ne sont plus en capacité de digérer le lactose. Les laits sans lactose peuvent alors être recommandés, pendant une dizaine de jours, le temps que l’organisme retrouve sa production normale de lactase.
À noter
Des confusions existent chez certains parents mais l’intolérance au lactose n’est pas une allergie.
Lait hypoallergénique ou HA
Ces laits sont recommandés pour les nourrissons considérés comme à risque de développer des allergies plus tard dans la vie (eczéma, asthme ou allergies alimentaires). Les protéines y sont partiellement hydrolysées. Les sociétés savantes les recommandent pour les nourrissons ayant un parent ou un membre de la fratrie avec des antécédents d’allergies, mais il n’existe pas de consensus réel quant à leur efficacité.
Quand l’utiliser ?
Dans un contexte de gastro-entérite avec diarrhées aiguës chez les nourrissons de moins de 3 mois, dont l’alimentation n’est pas encore diversifiée, vous pouvez utiliser par précaution pendant 15 jours des préparations de lait hypoallergénique.
À noter
Le lait hypoallergénique ne convient en aucun cas aux nourrissons présentant une allergie avérée aux protéines de lait de vache.
Préparation pour allergie aux protéines du lait de vache
L’allergie aux protéines de lait de vache (APLV) est une réaction d’hypersensibilité. La réponse du système immunitaire face à ces protéines, qu’il considère à tort dangereuse, est alors exagérée. Elle apparaît précocement avant l’âge de 6 mois et concerne environ 6 % des enfants nourris avec une formule infantile.
Quand l’utiliser ?
Le diagnostic est difficile à établir car les symptômes peuvent être variés avec des manifestations gastro-intestinales, cutanées, respiratoires voire des réactions anaphylactiques. Le refus alimentaire et la mauvaise prise de poids sont des signes classiques d’APLV. Un diagnostic rapide prévient l’installation et l’aggravation des symptômes. L’objectif étant d’améliorer la qualité de vie de l’enfant jusqu’à l’acquisition d’une certaine tolérance, qui finit par apparaître dans 80 % des cas. Une réintroduction du lait de vache peut être proposée vers 9 à 12 mois sous contrôle médical. Le traitement de ces allergies repose sur un régime d’éviction et sur l’administration de lait dont les protéines ont été fragmentées pour perdre leur pouvoir allergisant. Ces formules sont soumises à prescription médicale et en partie remboursées.
Il existe trois catégories :
- Les hydrolysats de protéines du lait de vache (caséine ou lactosérum).
Ils conviennent à 90 % des nourrissons souffrant d’APLV. L’hydrolyse donnant souvent un goût amer aux préparations, le choix du lait se fera en fonction du goût préféré de l’enfant. - Les hydrolats d’acides aminés
Prescrites pour les 10 % de nourrissons allergiques aux hydrolats de protéines, ces préparations vont supprimer tout peptide, donc tout pouvoir allergène. Il est également possible de proposer des préparations infantiles exclusivement d’origine végétale. - Les préparations à base de riz
Ces formules contiennent des hydrolysats partiels de protéines de riz. C’est une alternative intéressante car le goût est moins désagréable et mieux accepté que les précédents.
À noter
Attention, les préparations pour allergies aux protéines de lait de vache ne doivent pas confondues avec les laits HA où l’hydrolyse est nettement moins poussée.
Par Chloé Joreau





