Courir un marathon, c’est mettre en présence deux structures qui ne devraient jamais se rencontrer, le pied et le bitume. Heureusement, les conflits sont adoucis par un arbitre hautement bienveillant, la chaussure.
Pour choisir la chaussure de running qui vous conviendra le mieux, les critères sont nombreux et doivent tenir compte de votre ancienneté, de votre niveau de pratique ainsi que de questions mécaniques ou technologiques souvent complexes. Et, pour terminer la course avec la fierté de réaliser un bon temps, il est essentiel de suivre un plan d’entraînement parfaitement adapté à votre profil physiologique. Les chaussures seront un partenaire au quotidien pour accomplir ce défi. N’oublions pas que l’objectif premier du chaussage est de rendre très régulière la pratique de la course à pied pendant les mois qui précèdent le marathon.
Étape 1 : préciser vos objectifs
Avant même d’entrer dans un magasin ou de commander via Internet, vous devez avoir déterminé la manière dont vous allez aborder la préparation du marathon et vos objectifs le jour J. Deux positionnements peuvent se concevoir :
- Courrez-vous pour le plaisir de participer à un événement unique et de finir dignement le marathon ?
- ou souhaitez-vous vous placer dans les meilleurs et faire, par exemple, un temps de moins de 3 heures ?
De nombreuses marques ont bien compris cette dualité et développent actuellement deux gammes : l’une destinée au confort et « à prévenir les blessures », l’autre à la performance et « à faire courir plus vite ».
Étape 2 : choisir vos chaussures
Pour la grande majorité des marathoniens, ce choix devrait se fonder sur le confort et la stabilité ainsi que sur la qualité, la hauteur et la durée de vie du matériau amortissant.
- Les runneurs qui pratiquent la course sur route devraient éviter les drops bas (c’est-à-dire l’inclinaison de la chaussure) et rester sur un drop de 8-10 mm. Dans leur cas, les chaussures minimalistes ne sont pas totalement déconseillées, mais devraient être limitées à l’entraînement pour des sorties courtes ou sur terrains souples (pelouses, sous-bois, pistes). Les chaussures pour l’entraînement sur route et le jour de la compétition doivent être les mêmes ou du moins très similaires.
- Pour les coureurs professionnels et ceux qui cherchent à réaliser une performance, la paire idéale pour le jour J devra faire l’objet d’une soigneuse recherche personnelle. Les marques améliorent sans cesse leurs modèles et de nouvelles technologies apparaissent environ tous les 3 mois, entraînant un véritable casse-tête pour le sportif. Il est important que le choix définitif soit arrêté quelques mois avant le marathon.
Étape 3 : consulter un podologue du sport
Les éléments proposés par les fabricants pour lutter contre les déformations du pied (varus ou valgus) et la pronation dynamique sont intéressants, mais standardisés et ne peuvent donc pas être parfaitement adaptés à tous les coureurs. Ainsi, notamment pour les débutants et les coureurs souvent blessés, une consultation chez un podologue du sport peut être pertinente.
Les positionnements des différentes structures du pied dans la chaussure seront analysés par le spécialiste au repos et lors de la course. Des semelles orthopédiques adaptées et individualisées pourront limiter les instabilités et les problèmes d’alignement cheville-genou-hanche qui surviennent à la fatigue notamment dans la seconde partie du marathon. Cette consultation peut être aussi l’occasion d’aborder les questions de drop, taille, largeur, et fit.
Les caractéristiques techniques des chaussures de running
L’amortissement : Pour absorber l’onde de choc et les vibrations, sans trop allonger le temps d’appui au sol, différents matériaux sont disponibles, dont le plus utilisé dans les chaussures de running traditionnelles est l’EVA. La hauteur de la semelle joue aussi un rôle. La hauteur importante des semelles intermédiaires induit une certaine instabilité des appuis, qui peut être limitée par divers éléments de stabilité.
- Le drop : différence d’épaisseur de la semelle à l’arrière et à l’avant, peut varier entre 0 et 12 mm. La mode est au drop bas, mais ils ne sont pas adaptés aux courses sur route de longue distance et peuvent être à l’origine de blessures.
- La taille : En raison du gonflement des pieds avec la course, le meilleur moyen d’éviter les frottements sera de prendre une demi – ou une pointure de plus qu’habituellement.
- La largeur est trop souvent oubliée. Certaines marques proposent des largeurs adaptées aux différences anatomiques des coureurs.
- Le fit : correspond à l’ajustement entre le pied et la chaussure. Au-delà des sensations subjectives de confort, d’amortissement ou de propulsion, cette sensation de “fit” pourrait être en relation avec un ajustement parfait entre le contenant (tige de la chaussure) et le contenu (volume des pieds).
- Les nouvelles technologies (comme les nouveaux matériaux ou les lames de carbone) ont permis une amélioration importante des performances. Tous les coureurs doivent-ils pour autant faire l’effort d’acheter et de s’adapter aux nouvelles technologies ? En modifiant les appuis et la foulée, les chaussures à lames rigides intégrées peuvent être à l’origine de blessures. S’il s’agit avant tout de terminer un marathon difficile, est-il judicieux de prendre les risques de se blesser et devoir modifier ou suspendre l’entraînement pendant parfois plusieurs semaines ?
Par Dr Jacques Pruvost, médecin et traumatologue du sport à Marseille





