Les troubles de la sexualité peuvent tous nous concerner ! La Dr Aurélie Bourmaud, sexologue à Paris, apporte des réponses aux problèmes les plus courants, et souligne qu’il n’est jamais trop tôt pour consulter.
« J’ai la libido en berne »
La réponse du Dr Bourmaud : « Après une phase de lune de miel, il est courant que la libido que l’on a pour son ou sa partenaire décroisse. Cependant, à partir du moment où ça devient problématique pour le patient ou pour son partenaire, il faut consulter. Les troubles du désir peuvent être liés soit au patient lui-même, soit à son partenaire, soit à un événement antérieur au sein du couple qui va avoir des conséquences sur la sexualité. Les troubles de la libido installés sont plus complexes à traiter et à prendre en charge. La plupart des patients vont consulter beaucoup trop tard. Ils ont déjà des problèmes au sein du couple bien plus larges qui se sont installés, très difficiles à gérer lorsque l’origine est ancienne et donc plus difficilement identifiable. »
« J’ai du mal à avoir une érection correcte »
La réponse du Dr Bourmaud : « Les troubles de l’érection surviennent couramment avec l’âge. À partir de 60 ans, 50 % des hommes en souffrent et c’est déjà 30 % à 40 ans. En plus de l’âge, il y a d’autres facteurs physiologiques qui peuvent affecter la qualité de l’érection : l’hypertension, le diabète, les maladies cardiovasculaires, etc. La consommation de tabac et d’alcool sont aussi des facteurs de risque. Chez les jeunes hommes en particulier, l’alcool est une cause courante du trouble de l’érection. Il est pertinent de consulter lorsque le trouble de l’érection devient récurrent et angoissant.
On a des hommes qui ont aussi un naturel très anxieux, et là encore, un sexologue peut les accompagner pour gérer leurs troubles de l’érection en travaillant sur la gestion de l’anxiété. Arrivé à un certain âge, il faut consulter en cas de trouble de l’érection, car cela peut être un signe de maladie cardiovasculaire précoce. »
« La pénétration est douloureuse »
La réponse du Dr Bourmaud : « Les femmes consultent en général beaucoup trop tard pour des douleurs sexuelles, car dans l’imaginaire collectif, si elles ne prennent pas de plaisir, ce n’est pas très grave, et si ça fait un peu mal, c’est normal… Les premiers rapports peuvent être inconfortables lorsque l’on est inexpérimentée ou que l’excitation n’est pas optimale. En revanche, si la situation se poursuit, alors qu’on est avec une personne avec qui on est en confiance et qu’il n’y a aucun obstacle apparent, il devient pertinent de consulter. »
« Dès qu’on a l’impression de perdre pied, que l’on en souffre ou que l’autre en souffre, c’est le moment de consulter »
« À partir de quand ma consultation de pornographie est-elle problématique ? »
La réponse du Dr Bourmaud : « La consommation de porno chez l’écrasante majorité des gens n’est pas problématique. Tant qu’elle n’impacte pas la vie de tous les jours et les relations de couple, il n’y a pas de difficulté. C’est à partir du moment où le porno commence à avoir un impact sur sa vie qu’il y a un souci. Par exemple, si l’on est au travail et qu’on se dit « il faut que j’aille me masturber » ou si on se fait porter malade pour rester chez soi pour binge watcher du porno, là il est important d’aller consulter précocement pour ne pas laisser ce problème s’installer. »
« Quand dois-je me faire dépister ? »
La réponse du Dr Bourmaud : « Lorsque l’on a des rapports avec différents partenaires, il faut se faire dépister régulièrement. Il y a plusieurs dépistages à envisager et le VIH est le principal risque. Si l’on a eu un rapport non protégé avec une personne dont on ne connait pas le statut sérologique, il faut aller dans un centre de santé sexuelle ou aux urgences pour demander à prendre un traitement post-exposition (TPE).
C’est un traitement qui, à raison d’un comprimé par jour pendant 28 jours, permet, lorsqu’il est pris moins de 48 heures après le rapport à risque d’empêcher une éventuelle infection par le VIH. Pour la plupart des autres maladies, des traitements notamment antibiotiques existent, il est recommandé d’utiliser des préservatifs pour s’en prémunir ».
« Je n’arrive pas à atteindre l’orgasme ou, au contraire, je l’atteins trop vite »
La réponse du Dr Bourmaud : « À partir du moment où un homme trouve que l’excitation puis l’orgasme arrivent trop vite, il devrait aller consulter. Des traitements notamment par des thérapies comportementales sont disponibles pour accompagner les hommes vers une sexualité satisfaisante. Pour les femmes, l’orgasme trop rapide n’est pas considéré comme un trouble puisqu’elles n’ont pas de période réfractaire : elles peuvent avoir plusieurs orgasmes de suite.
Par contre, l’anorgasmie est courante. C’est souvent un trouble de l’apprentissage qui peut être pallié avec un accompagnement adapté. Il est rare qu’une femme qui cherche l’orgasme et se fait accompagner, que ce soit par un soignant ou par son partenaire, n’arrive jamais à l’atteindre. »
« Si vous êtes en souffrance, venez le plus tôt possible, car les sexologues ont des solutions »
« Mon partenaire et moi n’avons pas la même libido »
La réponse du Dr Bourmaud : « À partir du moment où cela rejaillit sur la relation, l’affection, la confiance et génère des frictions dans le couple, il faut consulter. Beaucoup de couples se séparent à cause de ce problème. Il est possible d’apprécier la personne, d’être amoureux, de partager beaucoup de choses et de ne pas avoir la même libido.
L’idée est de trouver un équilibre en matière de sexualité entre les deux et de retrouver une communication pour que chacun exprime ses besoins et ses ressentis. Sinon, celui qui en a moins envie développera des systèmes d’évitement, et celui qui en a plus envie sera de plus en plus insistant, créant un cercle vicieux. »
- 50 % des hommes de plus de 60 ans ont déjà souffert d’un trouble de l’érection
Par Arthur-Apollinaire Daum
Crédits : Freepik





