Souvent considéré comme une maladie honteuse, le psoriasis fait l’objet de 60 000 nouveaux diagnostics chaque année en France. Méconnue, cette affection souffre d’idées reçues et n’a, pour le moment, aucun traitement radical. Parmi les malades, un sur deux ne se soignerait pas. Retour sur cette maladie de peau handicapante.
Le psoriasis, c’est quoi ?
Le psoriasis est une affection chronique inflammatoire de la peau, qui touche 1 à 5 % de la population mondiale. Elle se caractérise par l’apparition d’épaisses plaques de peau rougeâtres plus ou moins étendues, recouvertes de squames blanchâtres. Celles-ci sont en fait dues à une prolifération des cellules de la peau qui se renouvellent beaucoup trop rapidement. Les plaques apparaissent à différents endroits du corps ; le plus souvent dans la zone du cuir chevelu, des ongles, des genoux, des coudes, des pieds, des mains et, parfois des organes génitaux, voire au niveau de tout le corps. Cette dermatose chronique évolue de façon individuelle, par poussées, espacées de rémissions, de durée variable, souvent incomplètes, au cours desquelles les lésions s’atténuent et, au mieux, disparaissent momentanément.
Il est important de bien distinguer le psoriasis de l’eczéma, une autre affection dermatologique. En effet, l’eczéma est une dermatite, une inflammation de la peau qui est la source de démangeaisons courantes, et qui se caractérise habituellement par l’apparition de vésicules remplies de liquide qui coulent, forment des croûtes et provoquent des rougeurs et l’enflure de la peau.
Le psoriasis peut se déclarer à tous les âges de la vie et concerne aussi bien les hommes que les femmes. Maladie génétique et héréditaire, elle est transmise de façon familiale (les enfants ont 5 à 10 % de chance d’avoir un psoriasis si un de leurs parents en est atteint) mais nécessite des facteurs déclenchants pour apparaître. Parmi eux : le stress est une cause bien courante, mais on retrouve également le grattage, les traumatismes, des infections (cutanées, oropharyngées…), le tabagisme et certains médicaments.
Comment le traiter ?
Plusieurs traitements existent et s’adaptent, par leur forme et leur mode de prise, à chaque personne. Parmi eux, les topiques ou traitements locaux, souvent à base de corticostéroïdes : crèmes, gels, lotions à appliquer directement sur les plaques. Les traitements par voie orale ou injectables sont réservés aux cas les plus difficiles et aux personnes ne répondant plus aux traitements locaux. Enfin, l’apport de la relaxation, des cures thermales et du soutien psychologique ne sont pas à négliger, notamment dans les situations de stress. L’Association France psoriasis apporte plusieurs réponses aux patients à la recherche d’une oreille attentive.
D’autre part, l’hydratation de la peau est très importante, qu’elle se fasse avec des produits déjà constitués ou à l’aide de préparations spéciales, disponibles en pharmacie. Les savons gras et sans savon, les soins émollients et les produits sans parfum devront être privilégiés pour améliorer la qualité de la peau. Le soleil possède aussi un rôle protecteur qui peut faire beaucoup de bien, il faut néanmoins porter une protection solaire. La vitamine D peut aussi avoir des effets apaisants.
Les différentes formes existantes
Sept principaux types de psoriasis ont été ainsi identifiés. Ils peuvent apparaître seuls ou en complémentarité :
Le psoriasis en plaques, le plus commun :
il se présente sous forme de plaques rouges et irritées, très sensibles au toucher. Ces dernières génèrent des squames qu’il ne faut pas enlever ou détacher, pour ne pas irriter davantage la peau.
Le psoriasis pustuleux des extrémités :
il se caractérise par des plaques ou gouttes remplies de pus. Contrairement aux autres, ce psoriasis n’est pas rouge mais plutôt blanc ou jaunâtre à cause du pus contenu dans les cloques. Il est généralement concentré sur les mains et les pieds mais peut, dans des cas plus rares, s’étendre à tout le corps.
Le psoriasis érythrodermique :
c’est le plus envahissant car il se généralise souvent à tout le corps. Ses squames sont plus fines mais tout aussi douloureuses que les squames des autres types de psoriasis. En raison de son intensité, il requiert habituellement une hospitalisation.
Le psoriasis en goutte, à la disparition plus rapide :
les zones rouges et irritées sont réparties sous forme de « gouttes », petites taches éparpillées sur le corps. Les zones à traiter étant moindres, ce psoriasis a l’avantage de guérir plus
rapidement.
Le psoriasis des plis :
comme son nom l’indique, cette forme, plus lisse, apparaît dans les replis de la peau (seins, coudes, genoux, aisselles). Le psoriasis des ongles : souvent conséquent à un autre type de psoriasis, il se manifeste par une pigmentation blanche de l’ongle.
Le psoriasis des ongles :
Souvent conséquent à un autre type de psoriasis, il se manifeste par une pigmentation blanche de l’ongle.
L’arthrite psoriasique :
seul psoriasis non cutané, c’est une inflammation conséquente du psoriasis, une sorte de rhumatisme très douloureux. Il est presque toujours accompagné d’une affection cutanée.
Alimentation et psoriasis
L’alimentation moderne, industrialisée, acidifie notre organisme, dont le pH doit normalement être autour de 7. Cette acidification augmente la fréquence des crises et aggrave les symptômes des maladies inflammatoires tel le psoriasis. Pour rétablir cet équilibre acido-basique, il faut :
- faire le plein d’antioxydants en mangeant des légumes et fruits frais, de saison, à chaque repas. Les légumes, seuls aliments alcalinisants, doivent occuper la moitié de l’assiette ;
- augmenter l’apport en acides gras oméga-3 (huiles de colza et noix extraites à froid, sardines, maquereau, noix — notamment du Brésil pour sa richesse en sélénium —, amandes, graines de lin…) et limiter l’apport en oméga-6 (huile de tournesol, pépins de raisins…) ;
- favoriser des boissons végétales (d’amande, de riz, d’avoine, yaourts au soja) et limiter le fromage à une part par jour ;
- limiter les plats préparés ou aliments industriels, surchargés en graisses saturées, sel et additifs, et privilégier les aliments peu ou non transformés !
La suppression du lait et du gluten apporte parfois des résultats remarquables. Sans être allergique, une simple intolérance entraîne une hyperperméabilité de la muqueuse intestinale qui laisse alors passer dans la circulation sanguine des macromolécules (comme la gliadine, une protéine du gluten). Alerté, le système immunitaire envoie une réponse inflammatoire qui a pour effet d’accentuer les symptômes du psoriasis.
N’hésitez pas à associer à ces mesures des compléments alimentaires (probiotiques, oméga-3, détoxifiants…),
demandez conseil à votre pharmacien.
Lucie Tourton, diététicienne
Comment mieux vivre au quotidien avec son psoriasis ?
De multiples conseils peuvent être donnés en plus du traitement pour améliorer la prise en charge de son psoriasis, le faire disparaître plus rapidement et espacer les poussées :
- Être doux avec sa peau : l’hydrater deux fois par jour à l’aide d’une crème adaptée. L’utilisation de savons doux surgras ou d’huile de douche est aussi à préférer aux gels douche courants, à éviter, comme les gommages et les gants de toilette.
- Éviter l’eau trop chaude pour se laver et le chauffage trop fort, qui dessèchent la peau. Pour contrer la chaleur, vous pouvez humidifier votre logement.
- Ne pas appliquer de maquillage sur les plaques, et éviter l’épilation à la cire.
- Boire avec modération et faire attention à son poids.
- Dormir ! Le manque de sommeil peut se révéler un facteur déclenchant.
L’alimentation est évidemment à prendre en compte, (voir encadré). De manière plus générale, se connaître soi-même et connaître son psoriasis, afin de mieux comprendre l’arrivée des poussées et potentiellement les prévenir, est un objectif à long terme. Cela passe souvent par une bonne gestion de son stress ; il ne faut alors pas hésiter à s’adresser à un psychothérapeute ou à un autre professionnel. Certaines applications permettent aussi de suivre sa maladie et de mieux la comprendre. Un simple carnet et un stylo peuvent aussi faire l’affaire. Comme pour beaucoup de maladies chroniques, il faut apprendre quotidiennement à vivre un peu mieux avec son psoriasis.
Article rédigé par Jeanne Taban





