Vous en avez certainement entendu parler dans le cadre du Covid-19. La sérologie est un examen sanguin permettant de déceler la signature d’une infection virale, bactérienne ou parasitaire. Comment fonctionne-t-elle ?
Sérologie : quèsaco ?
Une sérologie désigne une analyse de notre sérum. Après centrifugation, le sang peut être divisé en deux parties : d’un côté, les éléments solides, cellulaires, comme les globules rouges, de l’autre, le sérum. Ce dernier, composé principalement d’eau, renferme également des hormones, des ions et des protéines comme les anticorps. La sérologie étudie ainsi la composition du sérum pour repérer la trace d’anticorps marqueurs d’infection virale, bactérienne ou parasitaire.
Pourquoi les anticorps ?
Les anticorps sont des protéines sécrétées par des cellules de notre système immunitaire. Ils construisent l’immunité adaptative, c’est-à-dire l’entraînement que met en place tout au long de la vie notre système immunitaire à repérer et neutraliser les agents pathogènes. Ainsi, une fois en contact avec un virus, le système immunitaire va sécréter des anticorps spécifiques, capables de reconnaître par la suite une nouvelle entrée de ce virus. La présence d’anticorps dans le sérum permet donc de savoir si vous avez été, ou non, en contact avec cet agent pathogène par le passé.
Comment se passe une sérologie ?
Une sérologie s’effectue par une simple prise de sang. Nul besoin d’être à jeun ! Il est courant de devoir réaliser une nouvelle sérologie, 2 à 4 semaines plus tard. En effet, cela permettra de voir si le taux d’anticorps a augmenté, signe que l’infection se propage, ou a disparu, marquant la fin de la maladie.
Pourquoi m’a t‑on prescrit une sérologie ?
Pour diagnostiquer ou dépister une infection, ou pour suivre l’évolution de votre maladie. La sérologie peut cibler des bactéries, comme la salmonellose, la syphilis ; des parasites, comme la toxoplasmose, ou des virus : VIH, hépatite C et B, rubéole, mononucléose, etc. Par ailleurs, cet examen est également capable de repérer votre statut immunitaire, c’est-à-dire de savoir si vous avez été immunisé contre une maladie, ou si vous avez été vacciné dans le passé. Enfin, la sérologie est également utilisée dans le diagnostic de certaines maladies auto-immunes, comme la polyarthrite rhumatoïde. Ici, les anticorps ne sont plus dirigés contre un microbe, mais contre notre propre corps. Ce sont des auto-anticorps.
Comment les biologistes analysent‑ils le sérum ?
Il existe une dizaine de technologies capables de réaliser des sérologies. La plus connue reste le test Elisa. Cette technique, largement utilisée dans l’épidémie de VIH, est capable de détecter la présence d’anticorps dans un liquide et de les doser. Pour cela, des mini-puits sont tapissés d’antigènes spécifiques au pathogène. C’est la signature protéique du virus ou de la bactérie. Puis, le sérum du patient est versé dans le puits. Si l’anticorps du patient se lie à l’antigène, le liquide change de couleur : la sérologie est positive.
Faux négatifs, faux positifs…
Sur le compte rendu, le biologiste donnera sa conclusion, généralement avec la mention « positive » ou « négative », en fonction du type d’anticorps détectés et de leur quantité. Cependant, comme pour toute analyse biologique, il existe de faux positifs et de faux négatifs. Le faux négatif peut être la conséquence d’un test pas assez sensible. C’est-à-dire que les anticorps sont bien présents, mais en trop faible quantité pour être détectés. Le résultat est négatif. Quant au faux positif, il fait cette fois-ci intervenir la spécificité du test. Celui-ci va confondre la signature de deux anticorps distincts, et donner un résultat faussement positif.
Une sérologie positive signifie-t-elle que je suis immunisé ?
Pas forcément, car les anticorps détectés ne sont pas tous neutralisants. Prenons l’exemple du virus de la grippe. Lorsque l’on est infecté par ce virus, le système immunitaire va fabriquer des anticorps dressés à reconnaître la grippe. Plus précisément, des protéines particulières, présentes à la surface de ce virus. Seulement, d’une année sur l’autre, le virus mute et ces protéines ne seront plus les mêmes. Ainsi, les anticorps ne pourront plus agir sur le virus de la grippe, d’où l’intérêt d’une vaccination antigrippale tous les ans.
Les différents anticorps
Le terme Ig est une abréviation d’« immunoglobuline », famille de protéines dont font partie les anticorps.
- IgM
Ces anticorps sont produits au tout début de l’infection, après un court temps de latence. Ce sont les premiers anticorps qui apparaissent lors du contact avec le pathogène. Ils ont une durée de vie très courte et ne permettent pas de montrer une immunité.
= Marqueurs d’une infection en cours
- IgG
Ces anticorps apparaissent en général 15 jours après la contamination. Ce sont les IgG qui vont être produits durablement et permettre une immunité, de plusieurs mois ou pour toute la vie. Après l’infection, ils vont circuler en petite quantité. Puis, lorsque l’organisme sera à nouveau en contact avec la substance pathogène, le taux d’IgG réaugmentera, pour neutraliser le virus ou la bactérie.
= Marqueur d’immunité
- IgE
Cet anticorps est la signature d’un contact avec une substance allergène et non plus pathogène. Sa présence en grande quantité dans le sérum permet de confirmer un diagnostic d’allergie ou de terrain allergique. Certains IgE – pas tous – vont être spécifiques à des allergènes, comme le latex ou les arachides. La présence d’IgE signe aussi une infection parasitaire à certains vers, comme le ténia.
= Marqueur d’allergie ou de certaines infections parasitaires
- IgA
Cet anticorps va être sécrété directement dans le tissu infecté, en particulier dans les bronches, les larmes, le lait, l’appareil génital ou urinaire. Son action est de protéger les muqueuses, localement, de l’entrée d’agents pathogènes.
= Immunité locale
Le saviez-vous ?
Les anticorps fabriqués pour réaliser les tests sérologiques sont souvent issus de lapins ou de chèvres. Le virus, ou la bactérie, est injecté à ces animaux, qui vont fabriquer en retour des anticorps, qui pourront être prélevés dans leur sang.
Par Léa Galanopoulo