Pourquoi les myopes ne voient pas de loin ? Serons-nous bientôt tous myopes ? Que faut-il savoir sur la chirurgie au laser ? Ce dossier répond à vos questions.
Entre 20 et 30 % de la population mondiale est touchée par la myopie. Ce défaut visuel affecte la vision de loin. La cause : un œil trop long ! « Nous devenons myopes lorsque notre œil a trop grandi, souvent à partir de l’adolescence, et jusqu’à environ 25 ans, âge auquel l’œil myope a normalement atteint sa taille définitive », explique Mikael Guedj, chirurgien des yeux et Chef de service d’ophtalmologie de l’Institut Vernes (Paris VIe). L’œil normal, capable de voir net de loin, mesure en moyenne 23 mm de long. Un œil myope s’allonge entre 23 et 26 mm, et au-delà on parle de myopie forte (qui correspond à une correction de – 6 dioptries ou plus forte). Il existe plusieurs moyens de corriger la myopie : lunettes, lentilles de contact ou techniques chirurgicales (essentiellement par laser ou par implant).
Le saviez-vous ?
Le chirurgie au laser s’adresse le plus souvent aux patients myopes, mais peut concerner aussi les hypermétropes, les astigmates et même les presbytes.
Bientôt tous myopes ?
Plusieurs facteurs sont en cause dans la myopie, bien qu’elle soit encore mal comprise. Voici les trois principaux :
La génétique :
Un enfant dont les parents sont myopes a plus de risques de devenir myope ; deux fois plus de risques si l’un des parents est myope, et 3 à 6 fois plus de risques si les deux parents sont myopes, voire encore plus en cas de myopie forte des parents.
L’exposition à la lumière du jour :
Le niveau de lumière reçu par l’œil durant l’enfance ou l’adolescence jouerait sur la croissance de l’œil et pourrait ainsi favoriser le développement de la myopie. « Il a été démontré, de manière relativement récente que, selon les régions du monde, moins nous recevons de lumière naturelle dans l’œil pendant l’enfance et l’adolescence, en vivant toujours enfermés en intérieur, plus l’œil continue à grandir et à se myopiser. À l’inverse, dans les pays où les enfants passent plus de temps en extérieur, la proportion de myopes est très faible, comme en Australie par exemple. En Chine et en Asie du Sud-Est, au-delà des facteurs génétiques, les enfants sont parmi les moins souvent exposés à la lumière naturelle et comptent près de 90 % de myopes à la sortie du lycée, ce qui devient un incroyable problème de santé publique. », précise le chirurgien ophtalmologue.
Le comportement :
Nos habitudes de vie peuvent favoriser aussi l’apparition de myopie, entre autres par une vision de près trop sollicitée au quotidien. Notamment, le temps passé devant les écrans qui a considérablement augmenté, avec une vision rapprochée et des éclairages LED généralisés, ce qui favoriserait l’allongement du globe et la myopie.
Comment préserver ses yeux ?
Difficile de lutter contre la génétique, mais nous pouvons songer à changer nos habitudes de vie.
Certaines recommandations semblent pouvoir freiner le développement de la myopie :
- Une exposition à la lumière naturelle plus de 2 à 3 h par jour, surtout pendant l’enfance et l’adolescence.
- Travailler à une distance de plus de 30 cm de son écran et faire des pauses fréquentes, idéalement toutes les 20 minutes (règle des 20/20 : toutes les 20 minutes regarder 20 secondes par la fenêtre).
- Adopter des nouveaux verres freinateurs chez les enfants myopes, qui réduisent la progression de la myopie de manière prometteuse.
Un conseil du Dr Guedj pour les parents : « En plus des verres, il faudrait essayer autant que possible d’exposer l’enfant à la lumière du jour, par exemple, lorsqu’il doit faire ses devoirs, les faire plutôt en extérieur, sur une terrasse, dans un jardin ou au moins près d’une fenêtre. Dans tous les cas, éviter de le laisser enfermé dans son bureau sombre. »
La myopie est due à un œil trop long.
L’œil normal mesure en moyenne 23 mm et l’œil myope s’allonge entre 23 et 26 mm.
La DIOPTRIE est l’unité de mesure de la correction optique nécessaire pour obtenir une vision nette (fournie par des lunettes ou lentilles). Le signe « – » devant la mesure de la dioptrie indique une myopie. Au contraire, le signe « + » devant cette mesure indique une hypermétropie (un œil trop court).
La chirurgie cornéenne au laser
Interview du docteur Mikael Guedj, chirurgien des yeux et Chef de service d’ophtalmologie de l’Institut Vernes (Paris VIe).
Vocation Santé : à quels myopes s’adresse la chirurgie par laser ?
Mikael Guedj : La chirurgie par laser s’adresse aux myopes entre 20 et 60 ans, dont l’oeil a arrêté de grandir. Il faut s’assurer que la correction n’a pas bougé depuis 1 à 2 ans pour être sûr que la vision est stable. C’est pour cette raison qu’on évite d’opérer avant l’âge de 22-23 ans. Ensuite, il faut vérifier que la cornée est assez épaisse et assez régulière pour supporter d’être sculptée au laser, en procédant à un bilan topographique. C’est un ensemble d’examens qui mesurent l’épaisseur de la cornée, son relief, sa courbure, etc.
En quoi consiste justement une chirurgie par laser chez le myope ?
La chirurgie réfractive par laser est basée sur la sculpture du profil cornéen par un faisceau laser pour en modifier ses propriétés optiques. Il existe plusieurs techniques au laser mais nous pouvons les simplifier ici en deux groupes principaux :
Le LASIK (pour Laser in situ keratomileusis)
La technique LASIK utilise deux lasers. Le premier laser (femtoseconde) vient découper un capot cornéen et, sous ce capot, un deuxième laser (excimer) va corriger la myopie en enlevant un peu d’épaisseur au centre de la cornée, rendant le profil cornéen plus plat. Une fois que le profil est aplati, on replace le capot par dessus, attaché par une charnière.
• Le laser de surface ou PKR (pour Photo-Kératectomie Réfractive)
Avec la technique laser de surface ou PKR, on n’utilise que le deuxième laser. Sans découper de capot, on va directement traiter en surface de la cornée.
Comment se déroule l’opération ?
L’opération se fait en clinique (ou à l’hôpital) et dure entre 20 et 30 minutes en moyenne. Elle n’est pas douloureuse, l’œil est endormi par des gouttes d’anesthésiant. Les deux yeux sont opérés le même jour. La séquence de laser excimer est très courte, entre 10 et 40 secondes selon le niveau de myopie. Pendant cette séquence laser, un système d’eye tracker intégré à la machine, sorte de petit point de visée suivant le centre de la pupille, permet au traitement d’être parfaitement centré.
Et après l’opération, comment ça se passe ?
La technique PKR est toujours suivie de douleurs d’intensité variable dans les jours suivant l’opération. Il faut s’armer d’antidouleurs, de patience, et rester un peu dans l’obscurité pendant les deux premiers jours. La technique LASIK fait elle beaucoup moins mal dans les jours suivants, au-delà de picotements de sécheresse.
Très rapide pour le LASIK, l’amélioration de la vision a lieu dans les tout premiers jours ; plus lente pour le laser de surface, elle prend entre quelques jours et quelques semaines pour atteindre son maximum de récupération visuelle. Mais les deux techniques apportent une vision correcte dans la semaine qui suit l’opération. Les résultats finaux sont aussi bons dans un cas que dans l’autre.
Par Lise de Crevoisier





