Nous ne connaissons jamais totalement notre partenaire. Lors d’une relation sexuelle, on se réfère à ses ressentis et réactions, à sa propre expérience et parfois aux connaissances qu’on a acquises à ce sujet. Mais certaines de ces idées sont à prendre avec des pincettes. Ceci vous évitera des jugements hâtifs, ou des situations non souhaitables. Pour poursuivre une vie érotique saine et paisible, Caroline Le Roux, sexologue et psychologue clinicienne, nous débarrasse de ces idées reçues.
La sexualité diminue lorsque l’on vieillit
L’idée que la sexualité s’arrête avec la vieillesse a persisté pendant longtemps. Même si ça l’est moins actuellement, il est bon de rappeler que la sexualité peut battre son plein quel que soit l’âge ! Pour certaines personnes, elle peut diminuer avec le temps, mais ça ne signe pas son arrêt. Caroline Le Roux, sexologue et psychologue clinicienne, nous explique que : « cette idée concernait plutôt les femmes, en disant que, avec la ménopause, elles n’ont plus de libido et ne peuvent plus enfanter, donc elles n’ont plus envie de faire l’amour ». En revanche, ce n’était pas le cas pour l’andropause (la “ménopause masculine”)… En réalité, si votre envie reste présente, quel que soit votre sexe, vous pouvez poursuivre une sexualité épanouie et à la fréquence que vous souhaitez, jusqu’à votre mort !
La ménopause correspond à un arrêt de production des hormones sexuelles et marque la fin de la fertilité chez les femmes.
L’andropause, chez l’homme, est un phénomène différent car c’est une diminution progressive de l’hormone sexuelle (la testostérone) et non un arrêt complet, ce qui n’implique pas la fin des capacités de reproduction.
Une conséquence possible de la ménopause est une diminution de la lubrification vaginale. Pas d’inquiétude : les gels, crèmes ou ovules vaginaux lubrifiants seront vos alliés. La diminution de testostérone chez l’homme peut également provoquer des ennuis avec, entre autres, des troubles érectiles ou une baisse de la libido. Ils peuvent être palliés grâce à un traitement de substitution de la testostérone.
Pour l’homme ou la femme, lorsque la libido diminue, c’est souvent le côté psychologique qui joue. L’âge peut faire se sentir moins performant pour ces activités… une idée à se sortir de la tête !
Certaines femmes ne peuvent pas avoir d’orgasme
Il n’est pas toujours facile d’atteindre l’orgasme lorsque l’on est une femme. Certaines pensent d’ailleurs ne pas être normales et qu’elles ne parviendront jamais à en avoir. « Mais si, elles sont normales ! », affirme Caroline Le Roux. L’orgasme chez la femme n’est pas inné, ça s’apprend. Elle nous explique : « Il faut apprendre comment avoir un orgasme, et pour ça, il faut d’abord s’explorer soi-même, comprendre comment on fonctionne, comment on est excitée, comment on prend du plaisir, et ensuite on peut le transposer avec son partenaire. ». Certaines femmes connaissent des orgasmes sans obligatoirement passer par ces étapes, mais rien ne les empêche d’essayer !
Il y a des femmes clitoridiennes et des femmes vaginales
Les avis des sexologues divergent sur la question. Caroline Le Roux nous explique que : « certains pensent qu’il y a deux types d’orgasme et d’autres pensent, comme moi, que tous les orgasmes viennent du clitoris, mais c’est la façon dont on le ressent qui change : s’il est plus perçu au niveau du clitoris ou au niveau du vagin. »
Le clitoris est un organe qui joue un grand rôle dans le plaisir de la femme. Une petite partie du clitoris, le gland, est émergée au-dessus de l’urètre, mais la plus grande partie du clitoris est interne et invisible. Il comprend environ 10 000 capteurs sensoriels, tandis que le pénis de l’homme en contient 5 000 en moyenne. Le clitoris est donc une zone érogène particulièrement sensible. « Des ramifications nerveuses du clitoris arrivent au niveau du vagin, correspondant au fameux point G, ajoute notre sexologue, c’est pour cela que l’on pense que tout est lié. »
Les préférences de stimulation varient selon les femmes, et parfois selon les moments. Elles préféreront parfois des caresses très légères ou plus fortes, plutôt au niveau du gland, ou alors dans le vagin… Il n’y a pas de règle !
Des problèmes de prostate entraînent des conséquences néfastes sur la sexualité
Dans certains cas, l’opération de la prostate peut affecter la sexualité. « Cela dépend du type d’opération », précise Caroline Le Roux. « Certaines opérations peuvent entraîner ce que l’on appelle une éjaculation rétrograde. Le sperme ne sort plus, il est évacué dans la vessie. » Tandis que d’autres patients n’auront aucun changement. Cette éjaculation rétrograde peut poser problème si le patient souhaite avoir des enfants.
C’est plutôt au niveau de la psychologie que cela peut jouer, nous explique la sexologue : « Il n’y a plus de sperme éjecté donc ça leur fait bizarre, et ils se remettent parfois en question. Ils ont bien un orgasme, ils savent qu’ils ont éjaculé, mais comme ils ne le ressentent pas, ça peut être compliqué pour eux. »
Un problème d’érection peut éventuellement arriver, mais d’après notre experte, « c’est très vite pallié avec les médicaments et c’est plutôt psychologique. Il est rare que l’érection soit rééllement atteinte. »
Je ne peux pas tomber enceinte pendant mes règles
Tomber enceinte pendant la période des règles est plutôt rare, car les règles arrivent pile 14 jours après l’ovulation. Les femmes sont fécondes quelques jours aux alentours de la période d’ovulation. « Ce qui est embêtant, d’après Caroline Le Roux, c’est que l’on ne sait jamais combien de temps on ovule après le premier jour des règles, sauf si on est réglé comme une horloge, on ne sait pas combien de temps ça dure ». L’inverse nous aurait tous arrangés : j’ovule 14 jours après le début de mes règles, donc je sais quand faire attention. Certaines femmes n’ont pas, et n’auront jamais, de cycles réguliers. Ils peuvent faire 28 jours, ensuite 40 jours, puis 35 jours. Rien de grave, mais elles ne peuvent jamais savoir combien de jours après le début de leurs règles elles ovuleront. Il est possible que l’ovulation arrive juste après les règles, ou même pendant les règles. « Et même si vous êtes bien réglée, le moindre choc psychologique, la fatigue, le stress, une dénutrition… peuvent perturber l’ovulation et donc le moment de survenue des règles », ajoute Caroline Le Roux. La méthode de contraception naturelle Ogino qui consiste à compter à partir du début des règles ne peut donc pas toujours être fiable.
Je n’ai pas besoin de réaliser un test de dépistage du VIH (ou d’autres IST) si je n’ai pas pris de risque avec mes partenaires
Nous ne pouvons pas toujours être sûre de n’avoir pris aucun risque et nous n’évaluons pas toujours bien les risques d’attraper une IST (infection sexuellement transmissible). Les infections peuvent avoir lieu dans de nombreuses situations de la pratique sexuelle : lors de la pénétration (vaginale ou anale), durant le sexe oral (cunnilingus ou fellation), lors de la masturbation ou lors de frottements sexe contre sexe. Certaines IST peuvent être transmises par le biais des mains ou des objets, surtout s’il y a un échange ou contact de fluides sexuels. La présence de sang (règles) ou de petites blessures dans ou sur le sexe ou l’anus augmente le risque de transmission de certaines IST. « Dès qu’il y a un contact de fluides corporels, il peut y avoir une transmission de maladie », précise Caroline Le Roux.
Les recommandations de Santé publique France :
– bien se laver les mains avant les rapports ;
– utiliser un préservatif dès le début de la pénétration ;
– si vous utilisez des objets sexuels, il faut veiller à ne pas les partager ou à utiliser des préservatifs différents lors de chaque pénétration. Cela permet de ne pas transporter de germes d’un orifice à l’autre
Des infections peuvent aussi être attrapées dans d’autres cas : par le contact direct avec des lésions ou des muqueuses infectées, par l’usage de seringues ou d’objets coupants contaminés par du sang, etc.
Notre sexologue tient aussi à signaler : « on ne connaît jamais le partenaire avec qui on est, même si ça fait des années. Il ou elle peut très bien avoir eu un rapport sexuel avec une autre personne à un moment donné ». Donc, même si vous et votre partenaire vous étiez testés avant vos relations sexuelles, il faut toujours se refaire tester avant de changer de partenaire. Et, malgré l’usage de préservatifs, des échanges de fluides peuvent avoir lieu sans s’en rendre compte.
De plus, Caroline Le Roux nous explique que « certaines IST restent latentes dans notre corps et peuvent se déclarer quelques mois, voire quelques années, après la contamination. » Dans d’autres cas, nous pouvons être contaminés par une IST sans avoir de symptômes. On peut donc être contagieux sans le savoir.
L’éjaculation précoce empêche de bonnes relations sexuelles
La sexualité n’a pas de code ! Une bonne relation pour certains ne le sera pas pour d’autres. En ce qui concerne l’éjaculation précoce, tout dépend des personnes et de comment ils le ressentent à deux. Certains partenaires peuvent également avoir leur orgasme rapidement et des relations plus courtes leurs conviennent. « Si le fait d’éjaculer rapidement ne gêne pas la partenaire, il n’y a pas de problème. Si effectivement cela l’embête parce qu’elle a besoin de plus de temps pour atteindre son plaisir et son orgasme, là cela devient un souci. Tout est une question d’entente sexuelle. » Mais ne vous en faites pas, d’après Caroline Le Roux, l’éjaculation précoce peut être traitée en seulement deux consultations. « Il n’y a pas de médicament, c’est une méthode comportementale où l’on apprend au patient à maîtriser son excitation avec une technique bien particulière », ajoute-t-elle. Si le patient fait bien ses exercices, en 3-4 mois c’est réglé !
Par Lise de Crevoisier en collaboration avec Caroline Le Roux, sexologue et psychologue clinicienne, sexologue-france.fr





