La diarrhée aiguë est le plus souvent d’origine infectieuse : très majoritairement virale, parfois bactérienne et rarement parasitaire. Si elle évolue spontanément vers la guérison dans la plupart des cas, un traitement est souvent nécessaire pour mieux vivre sa journée. Mais dans l’urgence, comment choisir ?
La diarrhée aiguë se définit par une émission de selles plus fréquentes (plus de trois par 24 heures), plus abondantes et plus molles que d’habitude. Outre l’inconfort qu’elle génère, elle n’est potentiellement grave que chez les nourrissons, les personnes âgées ou fragiles qui présentent un risque plus élevé de déshydratation.
Premier réflexe : se réhydrater
S’hydrater oui, en petite quantité et régulièrement, mais pas simplement avec de l’eau.
Les solutés de réhydratation, SRO, disponibles en pharmacie sont adaptés aux enfants, mais ils peuvent aussi être utilisés chez l’adulte. Ils contiennent des électrolytes suffisants pour compenser les pertes, des glucides pour l’apport énergétique et calmer les nausées parfois associées, et des agents alcalinisants pour éviter l’acidose.
Si vous n’en avez pas à portée de main, privilégiez un thé sucré et un bouillon salé, mais éviter les boissons gazeuses type cola, qui contiennent en général trop de sucres et pas assez de sodium et de potassium pour en faire une alternative au SRO.
Continuer à s’alimenter en changeant quelques règles
Prenez des repas moins copieux et plus fréquents avec des aliments salés et sucrés, mais surtout pauvres en fibres ou en résidus : riz, pommes de terre, pâtes, carottes bien cuites. Exceptées les bananes, évitez les fruits et légumes crus.
L’altération de la muqueuse intestinale empêche une bonne digestion du lactose : il est conseillé d’éviter les produits laitiers quelques jours. Oubliez aussi les aliments trop gras.
« Je peux rester tranquillement chez moi »
Si vous n’avez pas d’impératif et que vous pouvez rester chez vous à proximité de vos toilettes, la meilleure alternative pour vous est un traitement dit absorbant comme la diosmectite – Smecta. Le principe actif provient de l’argile et a le pouvoir de tapisser la muqueuse intestinale irritée et de capter l’eau pour améliorer la consistance des selles.
- À savoir : s’il neutralise aussi les toxines que libèrent certains germes responsables de diarrhée en les absorbant, il peut aussi réduire l’efficacité des traitements pris simultanément. Pensez à toujours mettre minimum 2 heures de distance entre les prises.
Le conseil du pharmacien : versez la poudre dans un verre d’eau (en non l’inverse) et n’attendez pas pour la boire, car la solution s’épaissit très rapidement. Pour une alternative moins « plâtreuse », il existe des formats sticks, prêts à l’emploi.
« J’ai mal au ventre »
Vous pouvez alors compléter la prise en charge avec un traitement antispasmodique qui va réduire les spasmes et crampes associées, type phloroglucinol — Spasfon ou trimébutine — Débridat.
« J’ai une journée chargée et je dois assurer »
Vous n’avez pas le choix et devez absolument vous éloigner de vos toilettes : deux options médicamenteuses s’offrent à vous.
Racécadotril — Tiorfast
De la famille des antisécrétoires, il agit en diminuant l’hypersécrétion intestinale d’eau et d’électrolytes. Les selles deviennent moins liquides ce qui limite les allers-retours aux toilettes.
- Mode de prise : 1 gélule si diarrhée puis à chaque repas, sans dépasser 3 prises par jour.
Lopéramide — Imodium
Il s’agit d’un dérivé opiacé utilisé ici pour ralentir le transit. En temps normal, le tube digestif se contracte tout au long de la journée pour faire avancer son contenu et participer à la digestion. Le lopéramide agit sur le transit justement en réduisant ses contractions : le contenu du tube digestif n’avance plus ce qui réduit efficacement la fréquence des selles.
Par son mécanisme d’action, le lopéramide ralentit également l’élimination du virus ou de la bactérie, et peut entraîner une constipation par la suite. À réserver donc qu’en cas de nécessité !
- Mode de prise : pour une action rapide 2 gélules à la première prise, puis 1 gélule à chaque selle liquide, sans dépasser 6 gélules maximum par jour et 2 jours de suite.
Le conseil du pharmacien : avant d’opter pour l’un de ces traitements, demandez toujours l’avis de votre pharmacien qui connaît vos traitements et vos antécédents.
« Je suis sous antibiotique »
La diarrhée n’est ici pas infectieuse mais due à un déséquilibre de votre microbiote intestinal. En effet l’antibiotique que vous prenez a un spectre d’action large et ne s’attaque pas simplement à la bactérie responsable de votre infection, mais également à toute votre flore intestinale.
Le conseil du pharmacien : protégez votre flore grâce à des probiotiques dès le début de votre traitement (Ultra-Levure, Lactibiane ATB) et faites ensuite une cure de 7-10 jours pour reconstituer votre flore.
Attention : le lopéramide est ici contre-indiqué.
Les signes d’alertes
Certains signes doivent vous alerter et vous amener à consulter rapidement un médecin :
- la présence de sang dans les selles,
- de la fièvre > 39 °C,
- un âge > 75 ans,
- une baisse de la vigilance,
- un voyage récent,
des vomissements associés empêchant toute réhydratation orale.
La déshydratation se traduit par :
- une sensation de soif,
- une réduction de la quantité d’urine émise,
- un pli cutané persistant.
Par Chloé Joreau





