Un coup de pompe vers 11 h ou 16 h, une sensation de malaise après un effort physique, voire une syncope, l’hypoglycémie est souvent incriminée… mais à tort. En effet, l’hypoglycémie est une baisse anormale de la quantité de sucre dans le sang qui ne se produit que dans certaines situations, très particulières.
Le glucose est notre principale source d’énergie. Il provient des aliments que nous consommons. Les sucres qu’ils contiennent passent dans notre circulation sanguine pour aller alimenter nos organes. Le taux sanguin de glucose, ou glycémie, doit se situer entre 0,70 et 1,10 g/l à jeun (à distance d’un repas). L’organisme veille à garder ce taux constant en permanence, même en situation de jeûne, grâce à des mécanismes de régulation, principalement hormonaux.
Le système de régulation de la glycémie
Schématiquement, en fonction des variations de cette glycémie, l’organisme va sécréter des hormones de régulation pour maintenir un équilibre constant. En cas d’augmentation du taux de sucre dans le sang (après un repas par exemple), l’excès de sucre va être stocké dans le foie par l’action de l’insuline. À l’inverse, quand la glycémie baisse (après une période de jeûne ou un exercice physique par exemple), le glucose stocké dans le foie sera libéré via l’action du glucagon, de l’hormone de croissance, de l’adrénaline ou encore du cortisol, pour l’augmenter. Il faut noter que l’alimentation et l’activité physique jouent également un rôle sur cet équilibre.
Qu’est-ce qu’une hypoglycémie ?
L’hyperglycémie est définie par une concentration de glucose dans le sang anormalement élevée et, à l’inverse, l’hypoglycémie par une concentration en glucose anormalement basse. En pratique, le seuil retenu pour le diagnostic d’hypoglycémie est de 0,70 g/l. Ce faible taux est associé à des troubles variables : sueurs, pâleur, fringale, vision floue, tremblements, faiblesse, troubles de l’humeur ou du comportement, voire, en cas de taux très bas, perte de connaissance, coma.
Qui peut être concerné ?
L’hypoglycémie est principalement due à un excès d’insuline, à une sécrétion inappropriée des hormones de régulation ou encore à une maladie.
Le diabète
On pense principalement aux personnes diabétiques, sous insulinothérapie, pour lesquels l’hypoglycémie est une complication fréquente de la maladie (manque de glucides, erreur de dosage d’insuline, surplus d’activité physique…).
L’hypoglycémie accidentelle
Elle peut être la conséquence de la prise d’un médicament hypo-glycémiant (faisant baisser la glycémie) non intentionnelle. On parle alors d’hypoglycémie accidentelle.
Les maladies hormonales et cancers
Certaines personnes présentant des problèmes hormonaux peuvent faire l’objet d’hypoglycémie. En effet, l’insuffisance surrénale ou antéhypophysaire, conduisant à un défaut de production de certaines hormones, tel le cortisol, peuvent se produire des chutes anormales du taux de glucose dans le sang. Par ailleurs, certaines tumeurs très graves, notamment pulmonaires, sécrètent des protéines qui miment l’action de l’insuline et provoquent ainsi des hypoglycémies. Cela peut également être le cas dans des situations d’insuffisance hépatique. En outre, les tumeurs rares de type insulinome sécrètent beaucoup d’insuline. Dans ces situations, il convient de traiter la cause initiale.
L’hypoglycémie réactionnelle
Contrairement aux cas précédents, ce type d’hypoglycémie n’apparaît pas à jeun. Au contraire, certaines personnes présentant une sensibilité pancréatique ont une réponse démesurée d’insuline à la consommation de produits très sucrés. Cela induit des hypoglycémies après les repas, associées à des malaises. Ce type d’hypoglycémie ne nécessite pas de traitements médicamenteux, et se résout par la mise en place de règles hygiéno- diététiques, en particulier par la limitation de la consommation de produits sucrés.
La chirurgie bariatrique
Les hypoglycémies peuvent également être l’une des complications de la chirurgie de l’obésité, notamment du bypass gastrique. Elles sont consécutives du dumping syndrome. Il s’agit d’un état de malaise général qui survient après un repas, après l’arrivée brutale des aliments dans l’intestin grêle. Cette arrivée massive de sucres dans le sang induit une sécrétion trop importante d’insuline et donc une hypoglycémie.
Que faire ?
En cas d’hypoglycémie avérée, il convient de « resucrer » rapidement la personne : lui donner un aliment (ou une boisson) sucré. Il faudra également chercher à comprendre les causes du malaise en consultant son médecin afin de les traiter.
Et si c’était plutôt un malaise vagal ?
Dans la majorité des cas, on parle de malaise vagal. C’est le résultat d’une baisse soudaine de la tension artérielle par l’action du nerf vague. Ce nerf crânien qui descend le long du cou a pour fonction de ralentir le rythme cardiaque. Dans une situation de stress, de grosse chaleur, d’effort intense, il peut induire un ralentissement trop brutal du rythme cardiaque, ce qui entraîne une baisse d’afflux de sang au cerveau et donc un malaise. Il peut être associé à différents troubles (bouffées de chaleur, nausées, fatigue extrême, vision embrouillée, sueurs, pâleur, diarrhée, bâillements successifs, troubles d’audition tels que des acouphènes) et peut se traduire par une perte de connaissance brève.
Il s’agit alors de faire remonter la tension et de favoriser le retour sanguin vers le cerveau : s’allonger et surélever les jambes.
Le malaise vagal isolé est généralement sans gravité. Une consultation médicale n’est pas indispensable.
Par Marianne Carrière, avec la collaboration du Dr Saïd Bekka (diabétologue-endocrinologue à Chartres)





