« J’ai choisi de me faire vacciner contre la grippe pour nous protéger, moi et mon bébé ! »
Octobre 2016, Claire Duval est enceinte de trois mois et vient de voir, à la télévision, le spot en faveur de la vaccination contre la grippe. Elle se questionne sur les bénéfices et les risques, pour elle et son bébé, d’une telle vaccination. Demain, elle en parlera à sa gynécologue lors de son rendez-vous d’échographie. La vaccination contre la grippe est recommandée à tous les trimestres pour la femme enceinte. En effet, la grossesse s’apparente un peu à une greffe. Le système immunitaire de la mère s’adapte pour ne pas considérer l’embryon comme un corps étranger et ne pas le rejeter. Il devient plus tolérant pour accueillir le bébé… mais aussi moins efficace pour combattre les éventuelles infections. Une femme enceinte n’a pas plus de chance qu’une autre personne d’attraper la grippe. En revanche, affaiblie par le virus, elle risque davantage de développer des complications, surtout après le quatrième mois de grossesse. Il s’agit le plus souvent de surinfections bactériennes à l’origine de laryngites, sinusites, ou pneumonies pouvant conduire à une hospitalisation à cause de détresses respiratoires notamment.
D’autre part, certaines complications liées à la grippe sont susceptibles de déclencher des fausses couches, des accouchements prématurés ou des retards de croissance chez l’enfant. Il est également possible que la mère transmette le virus grippal à son enfant à travers le placenta. Claire mesure maintenant les risques d’une infection grippale, mais elle est tout de même inquiète de recevoir un vaccin alors qu’elle est enceinte. Il est important de savoir que les trois vaccins grippaux commercialisés en 2016 (Influvac, Immugrip et Vaxigrip) sont inactivés. Contrairement à certains vaccins fabriqués à partir de virus vivants, leur utilisation ne risque pas d’entraîner le développement de la maladie de manière atténuée. De plus, ces vaccins ne contiennent pas d’adjuvants (substance administrée conjointement avec un antigène, stimulant ou renforçant le système immunitaire) comme l’aluminium dont l’utilisation inquiète l’opinion publique. Des études scientifiques ont conclu à l’absence d’effets néfastes de la vaccination antigrippale chez la femme enceinte et le fœtus. Claire et son bébé ne risquent rien. Autre avantage, les anticorps développés par Claire en octobre passeront par le placenta. Ainsi, le petit sera en quelque sorte “vacciné” et protégé pendant 6 mois, soit après la fin de l’épidémie en avril.
Claire sort de chez la gynécologue rassurée. Tout va bien pour le bébé et elle a décidé, avec l’accord de son médecin, de se faire vacciner contre la grippe. Son médecin le lui a prescrit. En effet, les femmes enceintes ne reçoivent pas de bon de prise en charge directement à la maison même si elles font partie des personnes fragiles, d’abord parce qu’il est difficile de les identifier et ensuite parce qu’une prescription médicale est obligatoire même si elles ont été vaccinées l’année précédente.
Claire se rend à la pharmacie avec son ordonnance où on lui délivre le vaccin gratuitement. En revanche, l’injection du produit sera prise en charge selon les modalités habituelles (70 % par l’Assurance maladie et le reste par la mutuelle selon le contrat).
Claire part le déposer au réfrigérateur chez ses parents. Elle se fera vacciner en même temps que son père par son infirmière.
Thierry se fait vacciner tous les ans contre la grippe.
Il est atteint d’un diabète de type II et, comme tous les malades chroniques, il est affaibli et a plus de chance de développer des complications s’il contracte le virus. Il le sait, il en a fait les frais l’année dernière en développant une pneumonie.
Pour tous les malades chroniques, l’Assurance maladie prend en charge le vaccin à 100 % et les incite à se faire vacciner. Thierry a reçu un bon de prise en charge chez lui pour l’inviter à retirer gratuitement son vaccin en pharmacie. Il est allé le chercher fin septembre et l’a mis au réfrigérateur car le vaccin peut se conserver plusieurs semaines au frais.
Il se fera vacciner au moins 15 jours avant le début de l’épidémie en novembre pour être sûr que son corps a bien développé des anticorps contre la grippe.
Il est également possible de se faire vacciner plus tard, mais le risque de contracter la grippe existe à partir de novembre.
Pour lui, le vaccin en lui-même et le geste de l’injection, pratiqué par l’infirmière ou le médecin, sont pris en charge à 100% car il est atteint de ce que l’on appelle une affection longue durée (ALD).
Pépé Joseph et Mamie Denise se feront vacciner, eux aussi, comme chaque année.
Pour ces personnes âgées, le vaccin est doublement recommandé car ils ont tous les deux plus de 65 ans et présentent en plus d’autres facteurs de risques qui augmentent le risque de développer des complications. En outre, la grippe est susceptible d’aggraver leurs pathologies chroniques. Denise est obèse et a déjà subi un pontage coronarien.
Joseph lui a une broncho-pneumopathie obstructive (BPCO). Il a fumé pendant 40 ans et ses poumons ne fonctionnent plus très bien. Tous deux ont reçu un bon de prise en charge à la maison pour aller chercher le vaccin gratuitement à la pharmacie. Comme pour Thierry, Denise et Joseph, le vaccin en lui-même et son injection seront pris en charge à 100 % car ils ont aussi une ALD.
« J’ai reçu le bon de l’assurance maladie pour aller retirer gratuitement mon vaccin à la pharmacie
Aurélie, la tante de Claire a une polyarthrite rhumatoïde.
Elle avait 28 ans quand on lui a diagnostiqué cette maladie auto-immune. Le système immunitaire d’Aurélie attaque son propre corps au lieu de viser uniquement les microbes. Chez Aurélie, il agresse surtout les articulations, mais pourrait aussi endommager d’autres organes du corps, comme les poumons. Il existe en effet plusieurs formes de la maladie. Le traitement qu’on lui administre est immunosuppresseur. Il limite l’agressivité des cellules immunitaires envers son corps. Le revers de la médaille, c’est que le système immunitaire est aussi moins efficace pour lutter contre les maladies. Donc, pour elle, le vaccin est vivement recommandé. Elle a reçu son bon de vaccination, est allée cherché son vaccin et s’est rendue chez le médecin pour se faire vacciner. Elle aussi est en ALD. Malheureusement, ce jour-là elle avait déjà un rhume et de la fièvre. Dans ce cas, il vaut mieux attendre que les symptômes disparaissent avant d’effectuer l’injection du vaccin car la production d’anticorps contre la grippe peut s’en trouver affectée et être moins efficace. Elle retournera chez son médecin la semaine prochaine. Il lui a conseillé de rentrer directement chez elle pour mettre le vaccin, toujours dans sa boîte, dans la partie centrale du réfrigérateur car dans la porte la température varie trop. Et de ne surtout pas le congeler !
Anne, la maman de Claire a deux autres enfants : Lucas et Manon.
Lucas, 9 ans est atteint d’une forme d’épilepsie qui ne se manifeste pas sous forme de crises convulsives, mais sous forme d’absences durant de 5 à 15 secondes pendant lesquelles, il est déconnecté du monde. Anne a décidé de faire vacciner Lucas que ses absences et son traitement fatiguent. Elle préfère tout mettre en œuvre pour lui éviter toute autre source de fatigue et notamment d’être infecté par la grippe. Comme il est âgé de neuf ans et qu’il se fait vacciner pour la première fois, le processus de la vaccination est un peu différent pour Lucas. Anne devra absolument l’emmener chez le médecin pour obtenir une prescription. Ensuite, deux injections devront être réalisées à quinze jours d’intervalle pour obtenir une bonne immunité contre le virus. La prise en charge de la sécurité sociale sera conforme aux conditions habituelles.
« Pour moi, c’est la première fois et j’ai 9 ans, alors c’est deux vaccins à quinze jours d’intervalle ! »
Manon, elle, est en bonne santé. Leur mère, Anne, l’est aussi. Elle a décidé de ne pas se vacciner et de ne pas faire vacciner Manon. En revanche, elles se sont promis d’adopter les gestes pour se protéger de la grippe et pour éviter de la transmettre. Pour les personnes en bonne santé, le vaccin et l’injection sont pris en charge dans les conditions habituelles et nécessitent une prescription médicale, sauf s’ils se sont fait vaccinés l’année précédente (auquel cas ils peuvent aussi recevoir un bon de prise en charge chez eux pour aller retirer directement et gratuitement le vaccin en pharmacie).
Toutes les personnes de la famille Duval souhaitant être protégées contre la grippe doivent se faire vacciner chaque année.
En effet, les différentes souches du virus changent et le vaccin de l’année précédente n’est pas efficace sur ceux de l’année en cours. On dit qu’ils mutent. Parfois, des mutations surviennent après la mise au point des vaccins. Ainsi, des personnes vaccinées l’année dernière ont tout de même attrapé la grippe. Si la même chose arrive cette année pour des personnes particulièrement fragiles, elles devront être étroitement surveillées. Mais globalement, le vaccin reste la mesure la plus efficace de prévention contre la grippe.
La vaccin contre la grippe
- Est fortement recommandé pour les personnes les plus fragiles : + de 65 ans, femmes enceintes et personnes atteintes de pathologies chroniques. (voir la liste complète sur le site de l’assurance maladie. Améli.fr)
- Est recommandé pour l’entourage familial des nourrissons de moins de 6 mois
- Est vivement conseillé aux personnes soignantes ou en contact régulier avec des personnes fragiles
Conseils d’hygiène pour éviter de contracter ou de propager le virus de la grippe.
- Se laver les mains avec du savon liquide en les frottant pendant 30 secondes avant et après chaque repas, après avoir éternué ou toussé lorsqu’on mis la main devant sa bouche. Bien rincer et sécher ses mains avec une serviette propre.
- Se servir de mouchoir jetable pour se moucher, cracher ou éternuer.
- Porter un masque si l’on rend visite à une personne fragile.
- Aérer son intérieur régulièrement pour diminuer la concentration en microbes.
- Éviter de serrer des mains ou d’embrasser pour dire bonjour.
- Ne pas toucher ses yeux, sa bouche ou son nez sans s’être lavé les mains au préalable.
Par Marie Anton