Si la varicelle reste la maladie infantile bénigne la plus connue, elle n’est cependant pas la seule. Connaissez-vous le syndrome pieds-mains-bouche ? Focus sur cette maladie, ses causes et ses symptômes…
Le syndrome pieds-mains-bouche : kézako ?
Il s’agit d’une maladie bénigne qui touche essentiellement les enfants d’âge préscolaire. Il existe également des formes plus précoces ou tardives, mais elles sont plus rares.
Qu’est-ce qui provoque un pieds-mains-bouche ?
Le syndrome pieds-mains-bouche peut être provoqué par différents virus de la famille des entérovirus, notamment le coxsackievirus A16 (le plus souvent en cause) et l’entérovirus 71 (beaucoup plus rare). Ces derniers sont notamment mis en cause dans certaines épidémies estivales. L’entérovirus 71 est plus redouté, car il peut être responsable de complications comme les méningites, heureusement très rares.
Quels sont les signes révélateurs ?
Comme toute maladie éruptive d’origine virale, le syndrome pieds-mains-bouche débute par une phase d’incubation, qui dure de 4 à 6 jours.
Pendant cette phase, l’enfant peut présenter une fièvre modérée (38-38,5 °C). En règle générale, les deux caractéristiques principales de la maladie apparaissent 48 h après le début de la fièvre. Des lésions vésiculeuses (“boutons”) se forment autour et à l’intérieur de la bouche (face interne des joues, lèvres, parfois gencives, langue, etc.). Elles sont suivies de près par l’apparition d’éléments vésiculeux aux extrémités. Selon les virus en cause, les vésicules se situent soit sur le dos des mains et pieds soit au niveau de la paume des mains et de la plante des pieds. Elles peuvent parfois être retrouvées sur les jambes, les bras ou encore les fesses. Les boutons s’atténuent au bout de 4 à 7 jours.
Est-ce contagieux ?
Le virus se transmet par voie cutanée, c’est-à-dire par contact direct d’un enfant à l’autre, ou encore par contact indirect, par voie aérienne ou en touchant un objet contaminé. Un enfant malade est contagieux de la période d’incubation à la disparition des boutons. Le syndrome pieds-mains-bouche se transmet essentiellement dans les collectivités (crèches, écoles, etc.), mais sa contagiosité est modérée. Elle est en effet bien plus faible que celle de la rougeole ou même de la grippe. Une éviction de la collectivité n’est donc pas nécessaire.
Quel traitement ?
Il n’y a pas vraiment de traitement pour le syndrome pieds-mains-bouche. Il s’agit essentiellement d’améliorer le confort de l’enfant en utilisant des antiseptiques pour éviter une surinfection des vésicules et du paracétamol pour la fièvre. Des bains de bouche peuvent également être utiles.
Des boutons caractéristiques
En cas de syndrome pieds-mains-bouche, des vésicules blanches entourées d’un halo rougeâtre apparaissent notamment au niveau de la bouche (rappelant des aphtes), des pieds et des mains (ressemblant à des cloques).
3 questions au Dr Sydney Sebban Pédiatre à Paris
Quels sont les signes caractéristiques d’un syndrome pieds-mains-bouche ?
S.S. : Ce syndrome débute par une phase d’incubation de 4 à 6 jours, pendant laquelle l’enfant peut avoir un peu de température. Après cela, apparaissent des lésions au niveau buccal (à l’intérieur et à l’extérieur de la bouche) et, peu après, des “boutons” aux extrémités. C’est ce qui se passe dans les formes habituelles de la maladie. Mais les symptômes diffèrent parfois en fonction de l’âge, du virus en cause… Des boutons peuvent apparaître au niveau des cuisses et des fesses par exemple. Il existe également des formes peu ou pas symptomatiques. Il m’est arrivé de recevoir des enfants avec des formes “mixtes”, notamment avec un pieds-mains-bouche associé à de l’eczéma. Cela peut engendrer une éruption pouvant se généraliser. Parfois j’ai pu observer, en plus des éruptions vésiculeuses classiques, des éruptions maculeuses, c’est-à-dire que la peau devient rouge sans qu’il y ait de “cloques” blanches.
Comment distinguer ce syndrome des autres maladies infantiles bénignes ?
S.S. : Lorsqu’on se retrouve face à des vésicules pouvant être accompagnées de fièvre chez l’enfant, le premier diagnostic qui ressort est la varicelle. Or, si les boutons de varicelle commencent au niveau de la tête puis s’étendent vers les extrémités, ils sont, dans le cas d’un pieds-mains-bouche, généralement localisés au niveau de la bouche et des extrémités.
Les lésions intra et extrabuccales peuvent également rappeler un herpès, ou plus précisément une gingivostomatite (caractéristique d’une primo-infection herpétique). Mais la gingivostomatite est vraiment mal tolérée par les enfants, qui ne parviennent parfois plus à s’alimenter ou à boire. De plus, contrairement à l’herpès (dont les lésions sont douloureuses) et la varicelle (dont les boutons grattent), les vésicules d’un pieds-mains-bouche ne sont pas vraiment dérangeantes.
Enfin, une possible confusion avec une toxidermie médicamenteuse rend le diagnostic délicat : si l’enfant a de la fièvre et quelques lésions dans la bouche, on peut imaginer qu’il a autre chose et lui prescrire des antibiotiques. Les boutons apparaissant par la suite, il est alors possible d’évoquer une réaction à l’antibiotique.
Quels conseils donneriez-vous aux parents ?
S. : Le pieds-mains-bouche est presque un incontournable chez l’enfant. Si vous le décelez chez le vôtre, utilisez un antiseptique sur les vésicules pour éviter qu’elles ne se surinfectent et donnez-lui du paracétamol. Les enfants ayant beaucoup d’atteintes à l’intérieur de la bouche peuvent être gênés pour s’alimenter. Si c’est le cas, privilégiez une alimentation liquide. Chez les plus grands, il est possible d’utiliser des bains de bouche sans alcool, qui ne piquent pas. Un pieds-mains-bouche ne nécessitera donc pas forcément de consulter un médecin, sauf si l’état général de l’enfant n’est pas satisfaisant ou si des symptômes nouveaux ou inhabituels apparaissent.
Et chez l’adulte ?
S’il touche plus particulièrement les enfants, le syndrome pieds-mains-bouche peut apparaître à tout âge. Il est même possible de le contracter plusieurs fois dans sa vie. Ne représentant pas de danger en règle générale, il peut cependant engendrer une infection permanente chez les personnes ayant un déficit en anticorps. Chez les femmes enceintes, il peut augmenter le risque de fausse couche s’il est contracté au cours du 1er trimestre de grossesse et être transmis au fœtus s’il survient au 3e trimestre.
Marine Rognone