Qu’est-ce que la maladie de Parkinson ?
La maladie de Parkinson est la deuxième maladie neurodégénérative la plus fréquente après la maladie d’Alzheimer : elle concerne près de 150 000 Français. Contrairement aux idées reçues, la maladie de Parkinson ne se manifeste pas nécessairement par des tremblements. Elle se définit par la présence d’au moins deux des trois signes suivants :
- tremblement de repos ;
- rigidité et raideur articulaire ;
- lenteur dans l’exécution des mouvements.
La maladie de Parkinson est liée à une dégénérescence de certains neurones, dits dopaminergiques, situés dans une petite zone du cerveau (substance noire). Normalement, ces neurones libèrent de la dopamine, une substance impliquée dans le contrôle de la motricité. De ce fait, un déficit en dopamine survient chez les patients parkinsoniens, ce qui entraîne des troubles moteurs. Viennent s’ajouter des troubles non moteurs de manifestations diverses : troubles de la parole, troubles du sommeil, troubles digestifs, troubles cognitifs…
Les causes de la maladie ne sont pas encore bien connues, mais des prédispositions génétiques et des facteurs environnementaux sont souvent évoqués.
La découverte de la lévodopa : une révolution !
Jusqu’en 1960, les personnes atteintes de la maladie de Parkinson ne disposaient pas de traitements efficaces.
La découverte de la molécule lévodopa (L-Dopa) en 1960 fut donc une révolution. Le principe de ce traitement est simple : puisqu’il y a un déficit en dopamine, il a fallu trouver un moyen d’en apporter.
Toutefois, cette substance n’étant pas capable de passer la barrière digestive ni la barrière hématoencéphalique, c’est la lévodopa, un précurseur de la dopamine, qui a été utilisé. Avec succès ! La lévodopa est ensuite transformée en dopamine dans l’organisme. « Alors que l’espérance de vie était considérablement réduite chez les patients atteints de la maladie de Parkinson, avec la lévodopa elle s’allonge de manière considérable », s’enthousiasme le Pr David Devos, pharmacologue et neurologue à Lille. « Les signes de la maladie peuvent être réduits de 30 à 70 % selon les patients ». Des nouveaux médicaments ont depuis été développés et sont utilisés en association à la lévodopa.
Forme avancée de la maladie : des avancées majeures
Si l’efficacité de la lévodopa s’est montrée spectaculaire, il s’avère néanmoins que la maladie n’est plus aussi bien contrôlée après quelques années de traitement. L’efficacité du traitement devient variable et des complications apparaissent par intermittence, on parle de « fluctuations ». Pour les personnes ayant des fluctuations importantes et ne répondant plus de façon satisfaisante au traitement initial, trois options peuvent être envisagées afin d’améliorer grandement la qualité de vie.
- La chirurgie
La stimulation cérébrale profonde consiste à implanter des électrodes dans le cerveau afin de stimuler la zone normalement active responsable des symptômes moteurs (noyau subthalamique etpallidum interne).
- La stimulation dopaminergique continue
Grâce à une pompe, l’apomorphine (substance mimant l’action de la dopamine) est injectée en sous-cutané et est libérée de façon continue.
- L’administration intestinale d’un gel de lévodopa
Pour optimiser l’efficacité du traitement, celui-ci peut être directement administré dans l’intestin (plus précisément
dans le duodénum).
La reconnaissance des troubles non moteurs
La maladie de Parkinson ne se résume pas aux symptômes moteurs tels que les tremblements. Il est désormais acquis qu’il s’agit d’une maladie neuropsychiatrique, source d’anxiété pour de nombreuses personnes, mais aussi de dépression et de fatigue. « Ce sont ces aspects non moteurs qui font qu’il existe de nombreuses formes différentes de la maladie de Parkinson. Et ce sont finalement eux qui doivent guider le traitement », explique le Pr Devos.
La prise en charge non médicamenteuse
Dès l’annonce du diagnostic de la maladie, un suivi neuropsychologique peut être mis en place. La rééducation doit également être démarrée de façon précoce, même si les troubles moteurs sont modérés. « Nous incitons également nos patients à avoir une activité physique et sportive quotidienne, ainsi qu’une activité intellectuelle », déclare le neuropharmacologue.
« L’éducation thérapeutique des patients a également un rôle majeur. Les traitements sont complexes, et en accompagnant les patients, nous améliorons leur qualité de vie », estime le Pr Devos.
Charlène Catalifaud
Deux question au Pr. David Devos
1/ Quels sont les progrès attendus ?
Les axes majeurs à développer sont la prévention environnementale, la mise au point de traitements neuroprotecteurs et l’amélioration de traitements existants.
2/ Qu’est-ce que la neuroprotection ?
La maladie de Parkinson est une des maladies neurologiques les mieux prises en charge aujourd’hui et on la comprend de mieux en mieux. Mais il n’existe pas de traitement capable de modifier le cours évolutif de la maladie. C’est le grand challenge : enrayer la dégénérescence des neurones et ainsi retarder l’apparition de troubles sévères tels que la démence. C’est cela la neuroprotection. D’ores et déjà, des pistes prometteuses existent.
Dates clés
1917 : Description des premiers cas par James Parkinson
1960 : Mise au point de la lévodopa
Années 1990 : Mise au point de la stimulation cérébrale profonde





