Cette maladie touche 20 % de la population mondiale. Aux origines parfois mystérieuses, elle peut en décourager plus d’un. Pourtant, elle est de mieux en mieux connue, et les moyens de la guérir aussi.
Le plus souvent, la douleur des migraines se diffuse dans une partie de la tête. Elle est dite unilatérale. Toutefois, dans 30 % des cas, elle peut être bilatérale.
Maux de tête, nausées, sensibilité à la lumière… la migraine est un type de céphalée qui survient par crises accompagnées ou non d’autres symptômes. Les causes déclenchantes d’une migraine peuvent être diverses, ainsi que les moyens de la soigner. Elle touche enfants comme adultes.
L’autodiagnostic de maladie migraineuse ne suffit pas. Il est nécessaire de consulter un médecin pour être suivi et vérifier que les migraines ne cachent pas un problème de santé plus grave ou que les céphalées ressenties sont bien des crises de migraine. Outre les symptômes évoqués, l’historique familial et environnemental sera interrogé et des examens par imagerie pourront même être effectués pour le diagnostic.
Le plus souvent, la douleur des migraines se diffuse dans une partie de la tête. Elle est dite unilatérale. Toutefois, dans 30 % des cas, elle peut être bilatérale.
Mal de tête : est-ce forcément une migraine ?
Les symptômes
La plus grande caractéristique de la migraine est le mal de tête. À ce stade, elle peut être confondue avec des céphalées classiques, mais si elle se montre particulièrement violente, avec un caractère pulsatile, il est possible que vous ayez une migraine. Cette dernière pourra aussi s’accompagner de nausées, de vomissements, d’une sensibilité aux bruits et à la lumière exacerbant la douleur. L’intensité de la douleur est variable (légère à sévère) et se situe souvent à un endroit localisé de la tête, les mouvements risquent également d’aggraver la migraine, obligeant alors à rester alité. Les crises durent en général de 4 à 72 heures. Le plus significatif dans l’installation d’une maladie migraineuse est la répétition de ce type de crise dans le temps. Elle est d’ailleurs dite chronique si elle survient plus de 15 jours par mois depuis au moins 3 mois.
Les migraines peuvent parfois être précédées d’une aura dans 20 à 30 % des cas. Ce trouble neurologique transitoire se manifeste par des troubles visuels, sensitifs, verbaux ou moteurs. Le plus souvent, les personnes migraineuses rapportent l’apparition de points noirs ou brillants dans leur champ visuel, ou encore des engourdissements au niveau du visage ou des mains. Cela dure entre 5 et 60 minutes, et arrive de manière progressive avec une succession de symptômes. Heureusement, ces manifestations ne perdurent pas après une migraine.
Il existe d’autres types de migraines avec aura qui restent rares : migraine hémiplégique familiale, migraine basilaire, auras migraineuses sans céphalée.
Les autres céphalées qui peuvent être confondues avec la migraine
Les céphalées persistantes et douloureuses ne signifient pas pour autant migraine.
En dehors du classique mal de tête lié à la déshydratation, la fièvre, l’hypertension, le manque de café ou encore celui des lendemains difficiles, il existe également des céphalées de tension qui sont assez répandues et concernent 20 à 40 % des adultes. Ces dernières sont vraisemblablement d’origine musculaire, liées à des problèmes de position, de stress, de désordres squeletto- musculeux avec une douleur non pulsatile et plutôt localisée vers la nuque, les tempes ou le front.
Les différentes causes de la migraine
La génétique
Une prédisposition génétique à la migraine existe même s’il n’y a pas un gène précis responsable de cette maladie. Il est alors question d’une tendance à faire des crises de migraine plus élevée que la population générale, en raison de l’association de différents facteurs génétiques. La seule exception concerne la migraine hémiplégique familiale, une migraine avec aura reliée à deux gènes.
La prédisposition génétique est le point commun de toutes les migraines, mais la survenue des crises est modulée par l’environnement.
L’environnement
Les facteurs stress, anxiété et émotion peuvent déclencher une migraine chez certaines personnes. Ce sont alors les événements du quotidien, le surmenage, la fatigue… qui deviennent l’élément déclenchant.
L’hygiène de vie joue également un rôle important dans la maladie. Ainsi, une mauvaise alimentation (abus d’alcool, d’aliments gras ou de café) ou la mauvaise utilisation de certains médicaments peuvent être des pistes à explorer.
Les autres causes
- Le port de lunettes non adaptées
- Les bruits, les odeurs, la lumière
- Les changements météorologiques
Les hormones chez les femmes
En France, parmi les patients migraineux se trouvent trois quarts de femmes.
Les variations du cycle hormonal peuvent en effet être un élément déclenchant de migraine, mais n’en sont pas pour autant la cause en elle-même. Elle est appelée migraine catémiale si elle est due uniquement à la chute hormonale.
Où en sont les traitements aujourd’hui ?
Désormais, la longueur des crises de migraine peut être raccourcie grâce à des traitements. Il existe également des traitements de fond qui réduisent la fréquence et l’intensité de ces crises.
Pour les migraines avec une douleur légère à modérée, certaines personnes se soignent parfaitement avec l’aspirine, le paracétamol ou l’ibuprofène. Si l’intensité est modérée à sévère, des anti-douleur plus puissants sont utilisés, ainsi que des anti-migraineux (les triptans) qui ont un effet constricteur sur les vaisseaux pour intervenir sur la migraine.
De manière générale, pour les douleurs légères à modérées, demandez conseil à votre pharmacien pour savoir quel anti-douleur de type 1 conviendra le mieux à votre cas. Il faut également veiller à ne pas dépasser 8 jours de traitement par mois pour ne pas ajouter aux migraines des maux de tête dus à la surconsommation de médicaments.
Il peut aussi être intéressant de tenir un journal de migraine afin de suivre avec précision la fréquence et la durée des crises.
Il existe aussi des traitements non médicamenteux reposant notamment sur la relaxation. L’hypnose est ainsi une technique très plébiscitée pour aider les patients à gérer leur maladie au long cours et améliorer leur qualité de vie.
3 questions au Dr Christian Lucas,
neurologue et coordonnateur de la structure Douleur chronique à l’hôpital Salengro, Lille
En tant que médecin, comment parvenez-vous au diagnostic de la migraine ?
Je reçois en consultation beaucoup de patients avec ce que j’appelle « le syndrome du sac » : ils apportent souvent un nombre impressionnant d’examens complémentaires normaux déjà réalisés ! Et pourtant, seuls l’interrogatoire et l’examen clinique permettent de poser le diagnostic de la migraine. On sait maintenant que celle-ci est principalement d’origine génétique. Il est donc important d’interroger l’historique familial. On a identifié une quarantaine de gènes qui sont responsables d’une diminution de la sérotonine (un neurotransmetteur) et d’une augmentation du glutamate (un autre neurotransmetteur) dans le cerveau. Le déséquilibre de ces deux neurotransmetteurs est par ailleurs favorisé par divers facteurs déclenchants comme l’anxiété, l’alcool ou le manque de sommeil qui vont provoquer la migraine.
Quel est votre principal conseil pour améliorer sa qualité de vie lorsque l’on est migraineux ?
Le principal facteur déclenchant des migraines est le stress. La diminution de sérotonine chez les patients migraineux favorise d’ailleurs les terrains anxieux. Avoir une bonne hygiène de vie générale est bien sûr important (alimentation, sommeil), mais il faut surtout veiller à avoir des activités qui favorisent le « lâcher-prise ». Que ce soit du sport ou une activité créative, le fait de s’autoriser une pause récréative régulière aidera à diminuer le niveau de stress quotidien.
Quelles sont les nouvelles pistes de traitement pour les patients migraineux ?
Il existe une nouvelle piste thérapeutique fondée sur ce que l’on appelle les anticorps monoclonaux. Ceux-ci ciblent une molécule (le CGRP) qui est relarguée de manière importante dans le cerveau lors des crises migraineuses. De récentes études ont prouvé leur efficacité chez les patients. Trois de ces anticorps monoclonaux ont déjà reçu les autorisations européennes pour être commercialisés mais, pour le moment, les négociations sur leur remboursement en France sont toujours en cours. Certains patients décident d’acheter leur traitement à l’étranger bien que celui-ci soit très coûteux ! D’autres molécules médicamenteuses appelées les « gépants » sont également à l’étude actuellement. Tout comme les anticorps monoclonaux, ils ciblent le CGRP.
Par Héloïse Rakovsky





