La ménopause n’est pas une maladie, mais un état physiologique. Elle est liée au vieillissement du corps humain féminin : vieillissement de l’ovaire et perte du capital en ovules. Elle entraîne de nombreuses manifestations ou symptômes qui peuvent nécessiter une prise en charge médicale.
Ménopause ou pas ménopause ?
- Insuffisance ovarienne précoce : avant 40 ans
- Ménopause anticipée : entre 45 ans et 55 ans
- Ménopause tardive : après 55 ans
Les Signes
- Les bouffées de chaleur
(présentes chez 65 à 70 % des femmes), peuvent durer jusqu’à 10 ans après la ménopause - Les sueurs nocturnes
obligeant les femmes à se changer à cause de la transpiration excessive - La sécheresse
vaginale, aussi appelée le syndrome urogénital de la ménopause - Les douleurs articulaires
qui, contrairement aux idées reçues, ne sont pas liées à l’âge, mais bien à la ménopause
D’autres signes, dits secondaires, peuvent aussi être associés à la ménopause :
- les troubles du sommeil
- la dépression liée au déclin hormonal
- les troubles de la libido (en hausse ou en baisse selon les femmes) 2
- un amincissement du tissu conjonctif de la peau avec une apparition plus rapide des rides
En revanche, la prise de poids n’est pas liée à la ménopause, mais plutôt à la chute hormonale qui entraîne une redistribution des graisses et notamment l’apparition d’une obésité dite androïde, car moins localisée sur les hanches, mais plus abdominale, comme chez les hommes.
Le check-up
Au moment de la ménopause, le corps de la femme va donc être malmené par des variations hormonales intenses. C’est le bon moment pour faire un point sur sa santé et anticiper d’éventuels besoins. Prenez votre agenda et consultez votre généraliste pour discuter avec lui de l’intérêt d’effectuer :
- Un bilan gynécologique (avec mammographie et estimation des risques de cancer du sein ou du col de l’utérus)
- Un bilan cardiologique
- Un bilan biologique (cholestérol, glycémie et thyroïde)
- Un bilan tabagique et autres addictions
- Un bilan hygiéno-diététique
- Un bilan osseux (dépistage du risque de fracture du col du fémur et d’ostéoporose)
À savoir
L’âge de la ménopause de la mère d’une femme donne une indication sur l’âge de la ménopause de la fille. Il est donc utile d’en parler avec sa mère, cette information peut être demandée par les médecins en cas de bilan d’une insuffisance ovarienne prématurée ou d’une ménopause anticipée.
Polémique du traitement hormonal de la ménopause (THM) : quel risque ?
Un arrêt du fonctionnement ovarien avant 48-50 ans n’est pas physiologique, il est donc important pour la santé future de ces femmes de leur prescrire un traitement hormonal substitutif (THS). Le THS est recommandé pour limiter les symptômes de la ménopause et retarder les effets de la disparition des hormones.
La polémique qui a eu lieu dans les années 2000 sur ces traitements était liée à une étude américaine. Celle-ci montrait que les Américaines, qui après randomisation prenaient un THM ou un placebo, avaient une augmentation du risque de maladies cardiovasculaires. Cette étude a affolé, à juste titre, une grande partie des femmes qui ont arrêté leur traitement, y compris en France.
Il est important de rassurer les femmes françaises, car en France les THS ont toujours été différents de ceux proposés aux États-Unis (pas les mêmes hormones, s’adressant à des femmes sur des critères différents d’âge, etc.) et le risque cardiaque n’a jamais été retrouvé dans les études françaises si le THM est prescrit tôt après la survenue de la ménopause, et si les femmes utilisent l’estradiol par voie cutanée avec la progestérone naturelle.
Depuis, les auteurs de l’étude de 2002 ont reconnu que leurs résultats étaient biaisés, car ils tenaient compte de femmes traitées qui étaient très âgées et qui n’auraient pas dû recevoir ce traitement. Lorsque les auteurs ont repris les données en vérifiant les âges, les bénéfices de ces traitements ont été retrouvés pour les femmes avant 60 ans.
Le traitement hormonal
Il est important de distinguer le traitement hormonal de la ménopause (THM) avec le traitement hormonal substitutif (THS) qui est proposé avant 50 ans et qui n’est pas le même. Le THM est composé d’oestrogènes et de progestérone et a pour objectif de réduire la chute hormonale et les symptômes les plus importants. Parmi les effets positifs de ces traitements :
- Diminution des bouffées de chaleur intenses et fréquentes
- Stabilisation de la densité minérale osseuse
- Diminution du risque fracturaire
- Diminution du diabète de type 2
- Diminution des cancers digestifs
Pour les effets négatifs constatés : une augmentation du risque de maladies cardiovasculaires, de cancer du sein hormonodépendant, même si les études françaises et européennes indiquent que, sur une prise de traitement sur une durée moyenne de 7 ans, il n’y a pas d’augmentation du risque de cancer du sein.
Enfin, l’ensemble des sociétés savantes de ménopause reconnaît que le THM est bénéfique aux femmes de 50 à 60 ans (ou de moins de 10 ans de ménopause), en l’absence de contre-indications.
En 2002, avant la crise liée à la publication de l’étude sur les THS, 20 à 30 % des femmes prenaient un THM. Aujourd’hui, seules 8 % le suivent alors qu’on estime qu’en début de ménopause, il pourrait soulager 35 à 45 % des femmes.
Comme tout traitement, il existe des contre-indications, n’hésitez pas à en parler avec votre gynécologue.
La ménopause et après ?
Pour une partie des femmes, la ménopause signe la fin d’un stress : celui de tomber enceinte. Et cette issue leur permet de lâcher prise et de s’épanouir davantage dans leur sexualité.
Dans certaines cultures, la fin des règles signifie aussi que la femme obtient un statut équivalent à celui des hommes, comme si elles gagnaient en sagesse, puisque les règles sont parfois considérées comme une faiblesse qu’il faut cacher.
Enfin, cette période signifie que les femmes ont la possibilité de devenir grands-mères : une joie pour de nombreuses d’entre elles.
Et les hommes ?
L’andropause dont on entend parfois parler est une invention « marketing » : les hommes n’ont pas de rupture de leur fertilité, avec chute hormonale, comme le subissent les femmes. Il est possible d’avoir un hypogonadisme avec insuffisance en testostérone, mais qui peut être corrigé.
À savoir
Des facteurs environnementaux comme le tabagisme peuvent diminuer la fertilité et entraîner une ménopause plus précoce. Concernant les perturbateurs endocriniens, les études n’ont pas encore prouvé leur implication.
- En France, l’âge moyen de la ménopause est 51 ans.
- Site à connaître : WWW.GEMVI.ORG
Vous y retrouverez des fiches patientes sur la ménopause et sa prise en charge.
Par Gaëlle Monfort, avec la collaboration du Pr Patrice Lopes, professeur émérite de l’université de Nantes, gynécologue à la polyclinique de l’Atlantique, groupe Elsan, Saint-Herblain.