Avant 3 ans, peu de médicaments sont prescrits aux enfants, car ils n’ont pas été développés pour cette population fragile. Pourtant, les moins de 3 ans tombent aussi malades… Voici les bons réflexes à avoir, conseillés par le Dr Élisabeth Fournier-Giorno, pédiatre de ville en région parisienne.
Là, il faut consulter
– Avant 3 mois en cas de fièvre, une consultation médicale est recommandée en urgence, un bilan infectieux est souvent nécessaire : les infections des nourrissons peuvent se développer rapidement.
– De 3 mois à 1 an, la consultation est conseillée en cas de fièvre de plus de 48 h.
« Mais il faut surtout être attentif au comportement de l’enfant : est-il plus fatigué que d’habitude, mange-t-il normalement, etc. Chaque enfant réagit différemment à la fièvre. Un enfant avec 40 °C peut sembler “en forme”, alors qu’un autre sera KO avec 38 °C », explique le Dr Élisabeth Fournier-Giorno, pédiatre de ville.
Fièvre, douleurs
L’avis de la pédiatre : « Si l’enfant n’est pas douloureux, a bon appétit et est “juste” fiévreux, il n’est pas utile de consulter dans l’immédiat, mais il faut le soulager avec du paracétamol. Au-delà de 48 h de fièvre par contre, il faut un avis médical. En cas de douleurs, dentaires par exemple, le paracétamol soulagera l’enfant à condition que la dose soit bien adaptée. »
- Le paracétamol (Doliprane Liquiz, Efferalgan granulés en sachet) est recommandé en cas de fièvre. La formule liquide permet de doser précisément la posologie en fonction du poids de l’enfant. Pensez à noter l’heure de prise, car il est recommandé d’attendre 6 h entre deux doses
Vomissements
L’avis de la pédiatre : « Si les vomissements ne sont pas nombreux (un ou deux par jour), isolés (sans fièvre ni diarrhée), il faut se focaliser sur le risque de déshydratation pour le limiter. Au-delà de 48 h, si les vomissements persistent, il faut consulter. En revanche, en cas d’apparition de fièvre, de vomissements importants ou de signes de déshydratation (somnolence, gémissements, etc.), il faut consulter en urgence. »
- La réhydratation est optimisée par les solutés de réhydratation orale (SRO), spécialement élaborés pour compenser les pertes en eau et sels minéraux lors des vomissements. Ils sont disponibles sans ordonnance en pharmacie. Les sodas au cola, trop sucrés, ne sont pas adaptés pour réhydrater.
Toux
L’avis de la pédiatre : « À partir de 1 an, il est possible de donner du miel aux enfants, il est démontré qu’il est plus efficace que les sirops disponibles pour les enfants de moins de 3 ans. Surtout, il ne faut pas diaboliser la toux : quand elle est grasse, il faut la favoriser pour permettre à l’enfant d’évacuer ; quand elle est sèche, il faut la limiter, car elle irrite la gorge qui peut être douloureuse. »
- Il existe des huiles essentielles en suppositoire (Coquelusedal par exemple) qui peuvent aider certains enfants aux voies aériennes encombrées. Elles sont disponibles sans ordonnance. Le miel est déconseillé avant 1 an en raison du risque de botulisme mais après 1 an, il est autorisé et efficace.
Constipation
L’avis de la pédiatre : « La constipation est très courante et rarement dangereuse. Elle est souvent liée à une alimentation trop riche en féculents et à une hydratation insuffisante (on parle d’eau, les jus du commerce n’hydratent pas, ils constipent !). Il faut enrichir l’alimentation en légumes verts (poireaux, haricots verts, etc.). Apprendre aux enfants l’importance de boire beaucoup d’eau est aussi indispensable pour limiter la constipation. En cas de vomissements associés à une constipation, il faut bien entendu consulter, car il y a un risque d’occlusion intestinale. »
- Avec le régime alimentaire adapté, les laxatifs (Forlax Enfant par exemple) peuvent être utiles ponctuellement, par exemple en cas de constipation liée à un long voyage ou régulièrement en cas de transit lent. Les suppositoires de glycérine sont désormais eux déconseillés dans cette indication.
Diarrhées
L’avis de la pédiatre : « Comme avec les vomissements, le principal risque est la déshydratation. L’avantage est que la réhydratation peut être plus simple et efficace en l’absence de vomissements. Il est aussi utile de modifier l’alimentation par un régime “anti-diarrhée” avec carottes, riz et pâtes. Chez les moins de 6 mois, il est utile de consulter sous 24 h si ça ne passe pas, pour s’assurer que la perte de poids n’est pas excessive. »
- Les SRO sont indispensables et les probiotiques (Ultralevure par exemple) peuvent diminuer la durée de l’épisode de diarrhées.
Coliques
L’avis de la pédiatre : « Les coliques concernent les bébés de la naissance à 5 mois environ. C’est le temps nécessaire à la mise en place du système digestif des enfants. La solution pour faire passer les coliques est donc… d’attendre. Je recommande la chaleur sur le ventre des enfants (mains des parents, bouillotte, etc.), mais la prise de probiotiques peut aussi aider. »
- Les probiotiques (Biogaïa par exemple) peuvent aider à installer plus rapidement le système digestif et soulager l’enfant. Ils sont généralement à prendre en cure de 2 à 3 semaines.
Reflux
L’avis de la pédiatre : « Le plus souvent, la solution est d’épaissir le lait par des épaississants. Les reflux cessent généralement avec le temps : l’enfant grandit, se tient assis puis debout, mange des aliments solides et le reflux disparaît. En cas d’acidité, des pansements gastriques peuvent être proposés et être une aide temporaire, mais ils ne stoppent pas le reflux, ils le rendent moins désagréable. Les anti-acides ne sont plus recommandés en première intention (ils empêchent la régulation naturelle de l’acidité par l’estomac et peuvent avoir des conséquences à long terme), une pHmétrie et/ou une fibroscopie sont nécessaires pour une prescription supérieure à 2 mois. »
- Les pansements (Gaviscon ou gel Polysilane par exemple) ne stoppent pas le reflux, mais le rendent moins désagréable. Les épaississants (Gelopectose, Gumilk ou lait AR par exemple) peuvent être une aide temporaire en attendant que l’enfant grandisse.
Rhume
L’avis de la pédiatre : « Pas de produit miracle : il faut laver le nez ! Je recommande plutôt les sprays qui sont moins agressifs que les pipettes de sérum physiologique. En effet, elles ont un effet “karcher” qui est plus redouté par les petits. Le mouche-bébé peut être utile au minimum deux fois par jour quand l’enfant est très encombré, par exemple au réveil et au coucher. »
- Les sprays et les pipettes contiennent le même produit : du sérum physiologique. Même si les pipettes sont très pratiques, il est utile d’avoir les deux produits.
Faut-il prendre systématiquement la température ?
Une étude récente a montré que la main des parents était très efficace pour déterminer si l’enfant avait de la fièvre ou non : il n’y avait que 0,5 °C de différence entre la main parentale et le thermomètre…
Il y a aussi l’attitude de l’enfant qui compte : les parents sont capables de juger s’il est affaibli, s’il mange moins, s’il gémit, etc. et de déterminer ainsi si l’enfant est fiévreux.
- La prise de température rectale reste une référence, mais la prise axillaire (sous le bras) peut être utilisée, à condition d’ajouter 0,5 °C au résultat.
Un site de référence pour les parents : www.mpedia.fr
Ce site, créé par des médecins spécialistes des enfants, recense des centaines de questions que les parents peuvent se poser tant sur l’alimentation des enfants que sur la santé, les dents, le sommeil, etc.
Gaëlle Monfort