Tous les hommes en ont une et pourtant, rares sont ceux qui savent à quoi elle sert et quand s’en soucier. Pourtant, sans elle, pas de fertilité masculine.
Questions d’hommes et réponses du Pr Alexandre de la Taille, chirurgien urologue au CHU Henri Mondor de Créteil.
À quoi sert la prostate ?
De Gaulle disait d’elle que « c’est comme le Sénat, ça ne sert à rien » ! En réalité, on peut vivre sans prostate (les femmes le prouvent !), mais on ne peut pas se reproduire sans elle. Elle produit 99 % du volume de l’éjaculat et permet l’éjaculation.
À quel âge doit-on penser à sa prostate ?
Il y a deux pathologies possibles concernant la prostate : le cancer et l’adénome.
- Le cancer de la prostate pour lequel on recommande de se poser la question d’un diagnostic précoce du cancer par le dosage du PSA à partir de 50 ans, mais à partir de 45 ans si des facteurs de risque c’est-à-dire être un homme afro-antillais ou avoir des antécédents familiaux de cancer de la prostate survenu à des âges jeunes.
- L’adénome est une pathologie bénigne mais qui entraîne une gêne au moment des mictions. Ainsi, quand la façon d’uriner devient gênante, ou qu’il y a des complications comme des blocages, des infections, des calculs ou du sang dans les urines, il faut consulter son généraliste qui fera le bilan et parfois dirigera vers un urologue si besoin.
Qu’est-ce que l’hypertrophie de la prostate ?
C’est l’autre nom de l’adénome de la prostate. Il correspond à l’augmentation de la taille de la prostate avec l’âge et qui entraîne des difficultés pour uriner. La prostate grossit et se fibrose, elle comprime ainsi le canal responsable du passage des urines. L’adénome peut survenir à tout âge, même s’il concerne plutôt les hommes à partir de 60 ans. Cette pathologie est extrêmement fréquente, touche quasiment tout le monde, mais à des degrés de sévérité différents (de la gêne imperceptible à de grosses difficultés pour uriner).
Est-ce que je vais forcément avoir un toucher rectal chez le médecin ou chez l’urologue ?
Oui, car cela fait partie de l’examen clinique global. Il est important pour le médecin d’examiner son patient dans son ensemble et également la glande prostatique, cela fait partie du bilan. D’autres examens moins invasifs (PSA, IRM…) sont possibles, mais l’examen clinique est recommandé et va inclure chez l’urologue la palpation des testicules (cancer des testicules), l’examen de la verge (phimosis ou rétrécissement de la peau), l’abdomen, etc. L’examen clinique reste indispensable, même en 2022 !
Quand faire un dosage PSA ? À quoi sert-il ?
Il sert uniquement à avoir un diagnostic précoce du cancer de la prostate. C’est une pathologie très fréquente, liée au vieillissement de l’homme et c’est le premier cancer chez l’homme, le 3e cancer en termes de risque de décès masculins. Le dosage de PSA (antigène prostatique spécifique) est recommandé à partir de 50 ans pour tout le monde et 45 ans pour les personnes à risque. C’est un cancer très fréquent avec l’âge (on estime qu’un homme sur deux de 80 ans a un cancer de la prostate et 100 % des hommes de 100 ans), mais n’est responsable que de 2 % des décès masculins chaque année, soit environ 8 000 décès par an (plus de la moitié ont plus de 75 ans). On diagnostique environ 50 000 cancers de la prostate par an en France.
Un PSA augmenté ne signifie pas systématique un cancer car l’infection ou l’adénome peuvent augmenter le taux. Diagnostiquer ne signifie pas systématiquement traiter le cancer : en effet, de nombreuses formes de cancers de la prostate ne nécessitent pas de traitement car ont un développement très lent, ne sont pas agressifs et n’ont pas de conséquence sur l’espérance de vie des patients.
En cas de problèmes de prostate, devient-on forcément impuissant ?
Non, pas du tout !
Dans le cas de l’adénome de prostate, il existe des traitements qui impactent peu la sexualité. Mais attention, les deux pathologies sont souvent liées : plus on a du mal à uriner, plus on a des troubles de l’érection ! Et si l’on soigne l’un, l’autre va mieux, en particulier avec les inhibiteurs de la 5-alpha réductase (tadalafil) comme le Viagra® par exemple.
Dans le cancer de la prostate, lorsqu’une simple surveillance est définie par l’urologue, il n’y a pas de conséquences sur la sexualité du patient. En revanche, quand il faut traiter la prostate par chirurgie ou par radiothérapie, la sexualité peut être affectée. Mais, dans tous les cas, des traitements spécifiques sont possibles !
Quels signes doivent faire consulter ?
En cas de difficultés à uriner, la dysurie, le jet faible d’urine, le fait d’aller souvent aux toilettes, avec envies pressantes, les fuites urinaires ou levers nocturnes pour aller uriner, les pesanteurs vésicales et pelviennes… doivent faire consulter son médecin généraliste.
« Une surveillance active est privilégiée aux traitements pour les cancers de la prostate de faible agressivité. »
Par Gaëlle Monfort en collaboration avec le Pr Alexandre de la Taille





