Pour la deuxième année consécutive, la Fédération française des diabétiques a axé sa semaine de prévention sur le thème de l’activité physique. Retour sur ses bienfaits, à la fois dans la prévention et le traitement de cette maladie chronique.
Réduction du stress, amélioration de la qualité du sommeil et de la santé mentale, renforcement du coeur… Les bénéfices d’une activité physique régulière sur la santé ne sont plus à présenter. Elle contribue également à la prévention et à la prise en charge des maladies non transmissibles comme les maladies cardiovasculaires ou le cancer.
À l’occasion de la Semaine nationale de la prévention du diabète, début juin, la Fédération française des Diabétiques est revenue sur l’importance de l’activité physique dans la prévention du diabète de type 2.
Le tout en pointant le manque global d’activité sportive des patients diabétiques, alors que plus de 4 millions de personnes sont concernées par cette affection selon l’Assurance maladie. Dans 9 cas sur 10, il s’agit d’un diabète de type 2.
L’activité physique n’est pas que le sport
Définie par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) comme « tout mouvement corporel produit par les muscles squelettiques qui requiert une dépense d’énergie », l’activité physique ne se limite pas qu’à la pratique de sport. Elle comprend également toutes les activités de la vie quotidienne : les déplacements actifs, tels que la marche ou monter et descendre des escaliers, les tâches domestiques, comme le ménage et le bricolage, et enfin les activités effectuées dans un cadre professionnel ou scolaire.
Pour les personnes qui souffrent de maladies chroniques, l’OMS recommande a minima 150 minutes par semaine d’une activité d’intensité modérée ou 75 minutes d’activité d’intensité soutenue. En pratique ? Ces chiffres correspondent à 30 minutes de marche rapide, 5 jours par semaine. Ou encore 25 minutes de course trois jours par semaine. Avec, dans tous les cas, au moins 2 fois par semaine des exercices de renforcement musculaire.
Un effet protecteur contre le diabète de type 2
Désormais considérée comme un traitement à part entière, l’activité physique est parfois recommandée avant même la prise d’un médicament. Et ce dans de nombreuses maladies ! Ainsi, pour le diabète de type 2 – en plus de son effet bénéfique sur le contrôle de la glycémie et la réduction de certaines complications – se remettre en mouvement peut aussi limiter le développement de la maladie.
« En ce qui concerne la prévention, on dispose depuis une vingtaine d’années d’études chez des sujets prédiabétiques, c’est-à- dire à risque de développer un diabète de type 2. Toutes montrent que chez ces sujets, l’activité physique permet de diminuer la survenue du diabète de type 2 de 30 à 50 %, explique la Pr Martine Duclos, endocrinologue et cheffe du service médecine du sport au CHU de Clermont-Ferrand, lors de son intervention au cours de la conférence organisée par la Fédération française des diabétiques. Et si en plus il y a une perte de poids dans le cadre d’un régime adapté, alors l’effet préventif est encore plus important ». Deux conseils qui vont généralement de pair.
Un effet également sur les complications
L’activité physique est aussi un bon moyen de prendre en charge certaines complications liées au diabète. « Quand le diabète de type 2 est installé, elle est aussi un traitement à part entière. Elle permet de réduire la mortalité globale de 30 à 40 %, car elle diminue la mortalité cardiovasculaire », détaille la Pr Duclos. Et ce n’est pas tout ! S’activer au quotidien aide aussi à obtenir un meilleur contrôle de la glycémie par une plus grande utilisation du sucre circulant dans le sang par les muscles, un meilleur contrôle du poids, un renforcement musculaire et osseux ainsi qu’une réduction des pathologies articulaires, dont l’arthrose. « Le problème c’est que le niveau d’activité physique chez le diabétique de type 2 est tout à fait insuffisant, seulement 12 à 40 % des patients répondent aux recommandations », déplore la Pr Duclos.
Bouger à son rythme et régulièrement
Mais ces recommandations ne sont pas forcément atteignables par tous les patients. « Un peu d’activité physique c’est mieux que rien, explique la Pr Duclos. On commence doucement et on augmente progressivement, si possible. L’important c’est d’adapter son activité à son état de santé et à sa condition physique. »
Si vous souhaitez vous lancer progressivement, votre effort peut par exemple être fractionné en séances de 10 minutes, réparties tout au long de la journée. Sans oublier que c’est, toujours, la régularité qui permettra d’en tirer le maximum de bénéfices !
L’activité physique avant les médicaments ? C’est officiel !
Début juin, la Haute Autorité de Santé a actualisé ses recommandations destinées aux professionnels de santé sur le traitement du diabète de type 2. Désormais ce sont les thérapies non médicamenteuses – à savoir l’activité physique et une prise en charge nutritionnelle – qui sont recommandées avant même l’instauration de traitements médicamenteux. Ces derniers ne seront proposés aux patients que « si les modifications du mode de vie ne suffisent pas », précise ainsi la HAS. Un changement complet de paradigme.
La marche à suivre pour être plus actif
La marche est la pratique la plus simple à intégrer dans sa vie quotidienne. Aussi, il suffit parfois de simplement modifier quelques habitudes pour être plus actif. Descendre un arrêt de bus ou de métro plus tôt, garer son véhicule un peu plus loin que sa destination, prendre les escaliers plus fréquemment… les astuces ne manquent pas. Attention toutefois à toujours porter des chaussures adaptées aux pieds diabétiques.
Sport et diabète : attention à l’hypoglycémie
C’est l’un des freins à la pratique d’une activité physique par le patient diabétique : la crainte de faire une hypoglycémie. En effet, lors de l’effort, le corps consomme davantage de sucre contenu dans le sang, ce qui peut exposer à un risque d’hypoglycémie, y compris lorsque la maladie est bien contrôlée.
Aussi il est recommandé aux patients :
- De cesser toute activité ou de la reporter tant que l’hypoglycémie n’est pas corrigée
- D’en parler à son médecin, car avec certains médicaments, il pourra vous demander de réaliser une autosurveillance de la glycémie, en particulier lors d’une activité longue ou très intense
- De garder avec eux de quoi pouvoir se resucrer
- De s’hydrater régulièrement
- De s’entourer de quelqu’un capable de reconnaître les signes d’hypoglycémie et capable de l’aider pour les activités de longue durée
+ 500 000 C’est le nombre de personnes supplémentaires qui pourraient être touchées par un diabète de type 2 en 2027 d’après l’Assurance maladie si les tendances observées entre 2015 et 2021 perdurent.
Par Julien Dabjat





