Des communautés de micro-organismes vivent en harmonie avec notre corps. En le colonisant, elles sont devenues un véritable bouclier pour notre organisme. Mais elles aussi ont besoin d’être protégées !
Nous ne sommes jamais seuls… et même plutôt nombreux ! Notre corps abrite des milliards de micro-organismes. Nous entendons souvent parler du microbiote intestinal, mais d’autres zones hébergent aussi de petits êtres vivants, comme le vagin, les voies oro-pharyngées ou encore la peau. Et leur préservation est essentielle ! Marie Drago, docteur en pharmacie et fondatrice de Gallinée (marque de cosmétiques pour le microbiome cutané), nous apporte son expertise sur le sujet.
Les alliés de notre peau
Le microbiote cutané est l’ensemble des micro-organismes vivant sur la peau. Il est essentiellement constitué de bactéries, mais aussi de champignons, levures, virus, etc. Leurs propriétés particulières maintiennent l’équilibre de notre peau. En se nourrissant de sécrétions de la peau (sébum, protéines, cellules mortes…), ces organismes s’organisent et produisent des composés chimiques qui participent à la protection de la peau.
Pour assurer cette protection, le microbiote cutané s’attelle à plusieurs rôles :
- Maintien du pH de la peau : une peau saine nécessite un manteau acide, qui correspond à un pH d’environ 5,5. « Le microbiote synthétise des composés acidifiants, comme l’acide lactique par exemple, qui amène la peau au bon pH », nous explique Marie Drago.
- Barrière protectrice et antiinfectieuse : les bonnes bactéries empêchent le développement des mauvaises bactéries, en monopolisant la place et la nourriture ou sécrétant des toxines contre les bactéries pathogènes. Elles peuvent également signaler une infection au système immunitaire.
- Stimulation du système immunitaire : une fonction du microbiote est « d’éduquer le système immunitaire à ne pas sur-réagir à tout, mais aussi à reconnaître une infection, explique Marie Drago, et lorsque le microbiote est endommagé, le système immunitaire sur-réagit, ce qui entraîne une inflammation et donc un risque d’infection. »
- Réparateur : en cas de blessure, le microbiote aide à protéger la peau contre des agents extérieurs, et peut stimuler les cellules de l’épiderme et les cellules immunitaires pour la reconstituer rapidement en limitant le risque infectieux.
Chute du bouclier
C’est lorsqu’il est déséquilibré que le microbiote se fait remarquer. « Le déséquilibre du microbiote est un problème mondial depuis 50 ans. Dès tout petit, on prend des antibiotiques, on se lave beaucoup, on désinfecte souvent… on a une un mode de vie beaucoup plus hygiéniste. On est aussi très isolé du monde naturel, on reste à l’intérieur d’une maison 90 % de notre temps, donc moins de contact avec les bactéries, les arbres, la terre… », déclare Marie Drago.
Ce mode de vie appauvrit nos microbiotes. Et s’il y a moins de bactéries protectrices sur la peau, les mauvaises bactéries prennent la place. « Elles peuvent alors provoquer des maladies de peau comme l’eczéma, l’acné, le psoriasis, la rosacée… », explique notre spécialiste. Un déséquilibre peut se traduire par de l’inflammation, donc une peau plus sensible, moins hydratée et par son vieillissement prématuré.
Protégez-les !
Chaque microbiote est unique. Il faut donc le maintenir en forme ! Pour cela, évitez de suivre une hygiène trop poussée. L’eau savonneuse détruit une partie de la flore qui a ensuite besoin de temps pour recoloniser la peau. Elle ne peut alors plus diminuer le pH de la peau qui devient alcalin ; un milieu favorable pour les bactéries pathogènes.
Pour éviter ces désagréments, Marie Drago nous conseille de « se laver avec des produits ultra-doux, au bon pH. Notre peau étant au pH 5, le microbiote aime un pH 5 également. Il ne faut donc pas de savon alcalin. Et ça vaut aussi pour le cuir chevelu ! ». La bonne recette est de se laver plus doucement et moins souvent. Et n’en faites pas trop ! À chaque fois que vous utilisez un ingrédient sur votre peau, il y une possibilité d’abîmer votre flore. « On estime que nous mettons en moyenne 150 ingrédients différents sur notre figure le matin, c’est beaucoup trop ! », exprime notre pharmacienne.
D’après Marie Drago, il est aussi possible de « soutenir le microbiote grâce à des mélanges de probiotiques (bactéries ou fragments de bactéries), prébiotiques (nutriments pour bactéries), et post-biotiques (composés bactériens ou cellulaires inactivés), qui vont pouvoir interagir avec le microbiote et procurer un effet apaisant ». Avant de choisir un produit, n’hésitez pas à demander conseil à votre pharmacien !
« La bonne recette est de se laver plus doucement et moins souvent. »
Toilette intime féminine : quels produits ?
Pour éviter infections et irritations, préférer un savon doux, non parfumé, au pH neutre pour la toilette intime. Puis rincer abondamment à l’eau claire. Il ne faut pas savonner l’intérieur du vagin pour éviter de détruire la flore, ce qui favoriserait la survenue d’infections.
Le vagin se nettoie naturellement seul, grâce à des sécrétions vaginales. Les bactéries de sa flore le protègent en empêchant le développement de germes causant des maladies.
Par Lise de Crevoisier





