Les courbes de croissance en taille et en poids des filles et des garçons se trouvent dans le carnet de santé. Bien renseignées, elles aident les médecins à détecter des signes avant-coureurs d’un trouble de la croissance.
Comment ont été faites les courbes de croissance du carnet de santé ?
Elles ont été mises au point par trois pédiatres : Nathalie Masse, Marie-Paule Roy-Pernot et Michel Sempé. Ceux-ci ont suivi de la naissance à l’âge adulte 497 enfants en bonne santé, entre 1953 et 1975. Tous les trois mois, puis tous les six mois, ces enfants passaient des examens gratuits : mesure de la taille, du poids, du périmètre crânien, des plis cutanés, des dents, de l’avancée pubertaire, etc. Les pédiatres leur ont aussi fait passer des radiographies du poignet et de la main gauche afin d’étudier leur maturation osseuse. La compilation de ces données a permis de mettre au point les courbes de croissance encore utilisées actuellement. Il en existe d’autres, plus élaborées et employées principalement par des spécialistes, également issues de cette étude.
Comment les lire ?
Y sont indiquées les moyennes de taille, de poids et de périmètre crânien des enfants, en fonction de leur âge et de leur sexe. Sur celles de taille et de périmètre crânien, la zone entre les courbes “+2σ” et “-2σ“ (les σ sont les écarts types) indique où se situe 95 % de la population. Par exemple, à 18 ans, 95 % des garçons mesurent entre 1,63 m et 1,87 m. Sur la courbe de poids, l’espace entre les deux courbes regroupe 94 % de la population.
Comment les remplir ?
Le médecin reportera ses mesures sur les courbes du carnet de santé de l’enfant, les parents pouvant les compléter grâce à celles faites à la maison. La croissance des enfants est intense au cours de deux périodes : de 0 à 4 ans, puis à la puberté. C’est pourquoi les mesures doivent être effectuées au moins tous trois mois jusqu’à l’âge de 1 an, puis au moins tous les six mois jusqu’à environ 5-6 ans. Ensuite, des mesures annuelles suffisent. Il est important de bien remplir ces courbes car le médecin y repère de nombreuses informations et peut détecter de façon précoce une pathologie qui a un impact sur la croissance.
À partir de quand faut-il s’inquiéter ?
Tant que les mesures de votre enfant sont comprises entre -2σ et +2σ, il n’y a pas lieu de s’inquiéter. Qu’il soit un peu plus petit que la moyenne ou un peu plus grand, il a une croissance dans les normes. En revanche, si les mesures sont situées en dehors du couloir défini par les courbes ou que vous repérez une cassure ou un aplatissement dans leur trajectoire, cela signifie que la croissance est ralentie ou accélérée. Dans ce cas, une consultation chez le médecin permettra d’en rechercher la cause.
Quels sont les principaux troubles de la croissance ?
La croissance est soumise à de nombreux facteurs. Par exemple, si votre enfant est souvent malade (rhume, bronchite, gastro-entérite…) durant une période, un ralentissement de sa croissance peut avoir lieu. Mais rassurez-vous, il y a de fortes chances qu’il rattrape ce retard ensuite. D’autres pathologies, plus graves mais aussi plus rares, peuvent avoir une influence : l’obésité (la courbe de poids est au-dessus de la moyenne), la maladie coeliaque (aussi appelée intolérance au gluten) qui se traduit par des problèmes digestifs et une stagnation du poids, le déficit de la production d’hormones, certaines anomalies chromosomiques, etc. En cas de doute, consultez votre médecin, il examinera votre enfant et pourra lui prescrire des examens appropriés (bilan sanguin,radiographies…).
Qu’est-ce que l’hormone de croissance ?
Cette hormone est produite par l’hypophyse (une glande du cerveau) durant le sommeil. Elle stimule la croissance des os et des muscles. Un déficit de fabrication de cette hormone peut provoquer une réduction de la taille adulte d’une quarantaine de centimètres. Cette hormone est essentielle pour bien grandir, mais ce n’est pas la seule qui entre en jeu. Les hormones thyroïdiennes et sexuelles (œstrogènes et testostérone) influent beaucoup sur la croissance et la maturation des os des enfants.
Cécile Pinault