Parfois confondus, les psychomotriciens exercent une profession de soins différente mais complémentaire à la kinésithérapie. Voici tout ce qu’il faut savoir sur ce métier.
Pour mieux connaître et comprendre le métier de psychomotricien, nous avons interviewé Nicolas Raynal, le secrétaire général de la Fédération française des psychomotriciens.
Qu’est-ce que la psychomotricité ?
C’est une discipline qui s’intéresse à quatre grands domaines du fonctionnement humain : la motricité, la sensorialité, la cognition et l’affectif (les émotions). Autrement dit : comment je bouge, comment je sens (les 5 sens), comment j’organise ma pensée et ce que je ressens. La psychomotricité s’intéresse à ces quatre domaines, mais aussi à leurs interactions entre elles. Si l’un des domaines est touché ou des interactions fonctionnent moins bien, on peut agir pour les rétablir.
Quelle est la formation des psychomotriciens ?
C’est une formation de 3 ans, après le bac, dans l’un des 18 instituts de formation de psychomotricien en France. Il est possible d’entrer en 2e année si vous êtes déjà titulaire d’un diplôme dans le champ médico- social, par exemple infirmier, kinésithérapeute, etc.
La formation est généraliste : le diplômé est capable de s’occuper de tous les patients et, au fil des expériences et en fonction des lieux d’exercice, le psychomotricien orientera son expertise.
Qui peut aller voir un psychomotricien ?
Tout le monde ! Nous intervenons dès la naissance (y compris chez les grands prématurés), tout au long de l’enfance, à l’âge adulte, pour les personnes âgées puis jusqu’en soins palliatifs. Le psychomotricien a à la fois un rôle dans la prévention, mais également de l’éducation (stimulation psychomotrice, par exemple dans les crèches) et dans le cadre du soin.
Quand faut-il aller voir un psychomotricien ?
C’est très large : un enfant qui a des troubles du neurodéveloppement (autisme, problème de coordination, problème d’attention, difficultés d’apprentissages…), sa psychomotricité est impactée. Chez les adultes, cela peut être après un événement de vie comme un AVC, un burn out, une dépression, un trouble psychiatrique… Chez la personne âgée, on retrouve notamment toutes les maladies neurodégénératives (Maladie d’Alzheimer, Parkinson…). L’inventaire est infini !
D’une façon générale, quand on a trouble du développement ou un handicap (moteur, sensoriel, mental, psychique, polyhandicap), il y a de fortes chances qu’un psychomotricien soit utile, en complément de la prise en charge avec les autres professionnels de santé.
« On aide le patient à se réapproprier son corps pour soit plus efficace et autonome dans son quotidien »
Arnaud Bonnet, psychomotricien dans l’Essonne, nous parle de son métier
« Ce que j’aime dans mon métier, c’est sa diversité ! Diversité de la patientèle (bébé, personne âgée, adolescent…) et des problématiques auxquelles on est confrontés. Par exemple, on peut, dans une même journée, avoir des séances avec des parents quand il s’agit de bébé, des enfants seuls quand ils sont plus grands et une séance avec une personne âgée. Et à chaque consultation, ce n’est pas la même façon de travailler !
La psychomotricité, ce n’est pas, contrairement à ce que certains patients peuvent penser, de la rééducation pure. On aide le patient à se réapproprier son corps pour qu’il soit plus efficace et autonome dans son quotidien.
Par exemple, des enfants qui peuvent être diminués pour une raison sensorielle, motrice ou psychique, c’est à nous de les aider à harmoniser l’ensemble de leurs compétences dans les différents domaines pour avoir un développement performant et le plus harmonieux possible.
Souvent, j’explique au patient que je ne fais pas de la rééducation, c’est un autre métier, mon objectif est plutôt qu’il se répare. Ainsi, on est dans une autre démarche : il est totalement acteur de la séance et on l’aide à s’approprier les choses.
Avec les enfants, il faut particulièrement être inventifs pour être efficace et proposer à l’enfant une situation de création. Face à des difficultés scolaires, nous pouvons essayer de lui montrer comment retrouver du plaisir à aller à l’école, par exemple. C’est un métier passionnant ! »
En pratique
On peut consulter un psychomotricien sur prescription médicale. Quand la consultation a lieu à l’hôpital, la prise en charge est faite par l’Assurance maladie. La consultation d’un psychomotricien libéral, en revanche, ne permet pas le remboursement des soins. Selon les besoins et caractéristiques des patients, il peut être nécessaire de faire des séances plusieurs fois par semaine, des séances plus ou moins longues, etc. Le praticien s’adapte aux capacités (physiques, de concentration, etc.) du patient. Il s’agit d’une prise en charge sur mesure, qui peut suffire pour gérer certaines situations, et parfois en complémentarité avec d’autres soignants (orthophonistes, kinés, etc.)
En France, il y a 16 000 psychomotriciens dont 5 000 libéraux (Fédération française des psychomotriciens)
Par Gaëlle Monfort





