L’Inserm et l’ANRS-Maladies infectieuses émergentes (MIE) ont récemment publié les premiers résultats de la plus grande étude scientifique sur les pratiques sexuelles des Français depuis presque 20 ans. Au lit : changements culturels, sociaux et technologiques. Vocation Santé décrypte ce qu’il faut en retenir.
Par Sacha Citerne
« Ce n’est pas la quantité qui compte, mais la qualité ! ». Cet adage populaire s’applique à bon nombre de situations, même dans la chambre des Français. Dans la vaste enquête Contexte des Sexualités en France 2023, parue le 13 novembre dernier, une équipe de recherche pluridisciplinaire (Inserm et ANRS-MIE) a suivi pendant cinq années 31 518 Françaises et Français volontaires, et leurs pratiques sexuelles.
Les chercheurs ont passé au crible les évolutions des comportements intimes, à la suite de plusieurs changements de sociétés, tant sur le plan social et juridique, qu’économique et technologique. L’enquête inclut des personnes de 15 à 89 ans, contre 18 à 69 ans dans les précédentes éditions (1970, 1992 et 2006). Les premiers résultats permettent de dresser un état des lits intéressant, limité à l’Hexagone dans ce premier volet.
Un peu moins, mais un peu mieux
En 2023, 77 % des femmes et 81,6 % des hommes de 18-69 ans déclarent avoir eu une activité sexuelle au cours de l’année. Contre 83 % des femmes et 89 % des hommes en 2006. Malgré une légère baisse des pratiques, la majorité de la population reste sexuellement active.
La satisfaction sexuelle augmente un peu : 45 % chez les femmes et 39 % chez les hommes en 2023, soit respectivement 2 et 4 points de plus qu’en 2006. Avec une augmentation de la diversité des pratiques — masturbation, fellation, cunnilingus, pénétration anale — pour les deux sexes, à toute catégorie d’âge. Ainsi que du nombre de partenaires, du sexe opposé et du même sexe, bien que l’écart entre les femmes (en moyenne 7,9 partenaires) et les hommes (16,4) reste important. Un peu moins, mais plus diversifié : les auteurs de l’étude parlent de « paradoxe contemporain de la sexualité ». Des tendances visibles aussi en Allemagne, aux États-Unis ou encore au Japon.
L’homosexualité, mieux acceptée
L’enquête atteste de la remise en question de plus en plus marquée de la norme hétérosexuelle. L’acceptation sociale des sexualités bi- ou homosexuelles est plus forte qu’auparavant : 7 femmes sur 10 considèrent que l’homosexualité est une sexualité comme les autres, contre moins de 6 hommes sur 10.
Si l’on retient un indicateur global d’orientation sexuelle (attirance, pratique, identité), une portion significative d’environ 1/3 des jeunes femmes de 18 à 29 ans déclarent ne pas être strictement hétérosexuelles. Elles étaient 6 % en 2006.
En revanche, l’acceptation est bien plus compliquée à l’égard des personnes trans, qui subissent encore beaucoup de discriminations, entraînant une moins bonne santé mentale pour ces personnes.
Du sexe en numérique, mais des violences qui persistent…
En 2023, 33 % des femmes et 46,6 % des hommes ont eu une expérience sexuelle numérique. Cette hausse du sexe en ligne, qu’il s’agisse d’échange de photos ou de vidéos de parties intimes ou de connexion à des sites dédiés, menant ou non à la rencontre de partenaires, est plus marquée chez les 18-29 ans.
Malgré cela, Internet ne protège pas des violences sexuelles (VS) : 29 % des femmes et 6 % des hommes déclarent avoir reçu des photos à caractères pornographiques sans consentement.
Cette disparité dans les VS se retrouve sans étonnement dans la vie réelle, avec 30 % des femmes et près de 9 % des hommes déclarant avoir subi un viol, ou une tentative, en 2023. •





