Les thérapies comportementales et cognitives, un éventail d’approches thérapeutiques. Pour mieux les comprendre, Dr Christine Mirabel-Sarron, psychiatre et psychothérapeute, nous apporte son expertise sur le sujet.
Les thérapies comportementales et cognitives, quésaco ?
Les thérapies comportementales et cognitives (TCC) sont de plus en plus utilisées dans le traitement des troubles psychologiques. Ce sont des thérapies brèves, qui visent à « remplacer le comportement inadapté par un comportement plus adapté correspondant à ce que souhaite le patient » selon l’AFTCC (Association française de thérapie comportementale et cognitive). « Le thérapeute définit avec le patient les buts à atteindre et favorise ce nouvel apprentissage en construisant une stratégie thérapeutique adaptée. »
Cette aide psychologique est dite brève car elle nécessite, en moyenne, une quinzaine de séances, ce qui équivaut environ à une année. Tandis qu’une thérapie non brève dure environ 6 ans. « Une thérapie correspond à un problème donné. Admettons que vous ayez des difficultés à prendre la parole en public ainsi que des troubles alimentaires, ce n’est pas le même contrat thérapeutique. Chaque contrat est séparé et individualisé », explique la Dr Christine Mirabel-Sarron.
L’objectif de la TCC est le soin. Ce n’est pas une aide de bien être mais une aide psychologique de soin, le but étant donc de guérir les phobies, améliorer la dépression à long terme, arrêter le tabac définitivement…
Les TCC, toujours en mouvement !
Les indications pour les TCC sont très larges. Leur base théorique est en évolution permanente car elle fait partie de la psychologie expérimentale et de la psychologie clinique. Elles couvrent de plus en plus de troubles au cours du temps.
Les premières thérapies comportementales remontent aux années 1940, tandis que les premières thérapies cognitives apparaissent autour des années 1970. Il y a 3 composantes dans les TCC : comportementale, cognitive et émotionnelle.
Plus la science s’enrichit du côté des souffrances émotionnelles, plus la palette des techniques se développe et plus les indications s’élargissent. En avançant dans le temps, ce sont des pathologies de plus en plus complexes qui en bénéficient.
Le thérapeute doit alors faire de la formation en continu s’il veut s’enrichir dans ces techniques. Il peut aussi choisir de rester seulement sur un certain spectre de souffrance. Être formé permet notamment d’orienter le patient vers d’autres spécialistes si besoin.
Comment ça se déroule ?
Chaque TCC est différente. Il n’y a pas de programme type, tout est sur mesure. Il y a néanmoins un certain procédé à suivre.
La thérapie ne peut pas démarrer sans poser préalablement une indication, comme pour toute aide psychologique. Des entretiens préliminaires, effectués par un praticien, permettent d’évaluer les difficultés et de définir ce qui est envisageable de faire pour le patient, avec les outils à utiliser et les potentielles limites. « Une fois l’indication posée, la probabilité d’amélioration du patient est de 70 à 80 % pour les troubles anxieux par exemple », précise Christine Mirabel-Sarron, « mais ce n’est pas le patient qui pose l’indication ! ». Le thérapeute propose alors un contrat thérapeutique avec le format, la durée et la fréquence de la thérapie, ainsi que l’explication des outils utilisés. Le patient prend ensuite le temps de réfléchir s’il souhaite partir dans cette thérapie ou non.
Il existe des cadres différents selon les thérapies : thérapie individuelle, thérapie de groupe, thérapie de phase aiguë, thérapie de prévention de rechute, etc.
Christine Mirabel-Sarron nous décrit, pour exemple, une thérapie individuelle pour une phobie simple : « Généralement, on commence par proposer des outils de relaxation au patient pour qu’il apprenne à gérer seul ses angoisses ou ses montées d’anxiété. Ensuite, classiquement, on fait une hiérarchie de la phobie en plaçant les situations des moins effrayantes aux plus effrayantes. Puis on travaille étape par étape, en confrontant progressivement le patient à la situation, avec notre aide ».
Le processus est, par contre, totalement différent pour un épisode dépressif d’intensité légère par exemple. Et même pour un trouble donné, la thérapie varie selon les patients. Les TCC sont spécifiques et sur mesure.
Une grande spécificité des TCC est que le patient a du travail personnel à faire, appelé les “tâches à domicile”. « Ce travail par écrit est fondamental, nous ne pouvons pas avancer sans », précise notre spécialiste, « il ne peut se faire qu’avec la motivation du patient, comme toute aide psychologique ». Ce travail peut, par exemple, ne nécessiter que 5 minutes par jour, 3 jours par semaine.
Une fois la thérapie terminée, une phase de consolidation peut être proposée aux patients qui préfèrent continuer les entretiens, tous les 3 ou 6 mois. Mais ça n’est plus la partie active de la thérapie.
Bref historique des approches comportementales et cognitives,
expliqué par Christine Mirabel-Sarron :
Qui consulter et combien ça coûte ?
Le patient d’adresse à un psychiatre, psychologue ou psychothérapeute qui a suivi une formation spécifique de 2 à 3 ans, en plus de leur cursus d’étude initial. Les formations de 3 jours ne permettent pas d’exercer.
Pour trouver un professionnel, tournez-vous vers les annuaires de thérapeutes ou les associations nationales comme l’AFTCC. L’ARS (Agence régionale de santé) tient notamment la liste des psychothérapeutes accrédités par région sanitaire.
Le prix d’une TCC est variable selon le psychothérapeute. Il n’y a un remboursement seulement si vous consultez un médecin (psychiatre). Pour les psychologues, certaines mutuelles prennent en charge un nombre de séances. Il y a également des réseaux de soins (régionaux ou départementaux) qui peuvent rembourser quelques séances. Renseignez- vous !
On vous recommande :
« La dépression, comment en sortir ? »
Christine Mirabel-Sarron
Édition Odile Jacob
« Bien gérer son temps pour vivre mieux »
Christine Mirabel-Sarron, Nayla Chidiac
Édition Odile Jacob
« Se reconstruire après un accident de la vie »
Christine Mirabel-Sarron
Édition Odile Jacob
- Entre 30 minutes et 1 heure c’est la durée d’une séance pour une thérapie individuelle
- 83 % des patients ayant suivi une TCC ont significativement réduit la sévérité de leur insomnie. Source : ThéraSomnia
Par Lise de Crevoisier





