Retour sur l’histoire des tests de grossesse, de l’antiquité à nos jours.
Égypte antique (-1350 av. J.-C.) : uriner sur des grains de blé
L’un des plus anciens documents évoquant un semblant de test de grossesse date de l’Égypte antique ! Un papyrus relate ainsi une technique prisée des femmes égyptiennes d’alors : uriner, plusieurs fois par jour, sur des grains d’orge et de blé. Si l’orge germe le premier, ce sera un garçon. Si le blé pousse d’abord, c’est une fille. Et si aucune des graines ne germe, la femme n’est pas enceinte. Une technique farfelue ? Étonnamment, pas tant que ça. Des scientifiques ont reproduit l’expérience dans les années 1960. Résultat : 70 % d’efficacité.
Du Moyen Âge au XVIIIe siècle : un mélange d’urine et de vin
Pendant de nombreux siècles, l’observation de la couleur de l’urine était utilisée pour diagnostiquer tous les maux. Lorsqu’elle était citron pâle, voire blanc cassé, recouverte d’un nuage à sa surface, elle présageait une grossesse. Au XVIe siècle, une autre méthode consistait à mélanger de l’urine avec du vin, car l’alcool se lierait à des protéines caractéristiques de la grossesse. Des techniques peu efficaces.
1928 : identification de l’hormone de grossesse
Au début du XXe siècle, les premières hormones sont identifiées. On parle alors de messagers chimiques, à l’instar de l’insuline découverte en 1921. Dans les années 1920, une substance est identifiée comme favorisant la croissance des ovaires chez la souris et le lapin : la gonadotrophine chorionique humaine (hCG). Deux gynécologues, Ascheheim et Zondek, imaginent pour la première fois un test de grossesse qui serait fondé sur la détection d’hCG dans les urines.
1930 – 1940 : « le lapin est mort »
Les premiers tests de grossesse deviennent accessibles aux femmes. Il leur suffisait de se rendre en laboratoire avec un échantillon d’urine. Celui-ci était alors injecté dans l’ovaire d’une lapine vivante. Quelques jours après, l’ovaire était extrait et analysé. Si la lapine avait ovulé, la femme était enceinte, cette ovulation étant due à la présence d’hCG dans l’urine. Ce test ne possédait pas une fiabilité parfaite. En effet, une quantité importante de hCG était nécessaire pour provoquer l’ovulation de la lapine. Ovulation qui pouvait également être causée par la présence de LH, l’hormone de l’ovulation.
1940 – 1950 : injection d’urine dans des grenouilles
Au-delà du lapin et de la souris, l’injection d’urine s’avère également un bon test de grossesse chez la grenouille africaine. Appelée xénope, elle est choisie, car sa ponte s’opère toute l’année. Si elle pond des œufs dans les 10 jours, la femme est enceinte. Durant les années 1940 et 50, ce « test de Hodgen » se développe dans le monde entier, entraînant alors l’explosion de l’importation de ces grenouilles sud-africaines. Parce qu’ils impliquent le sacrifice d’animaux et sont longs à réaliser, les tests sur les xénopes et lapines sont progressivement abandonnés.
1960 : le premier test de grossesse capable de détecter l’HCG
À partir des années 1960 apparaissent les premiers tests de grossesse tels qu’on les connaît encore aujourd’hui, c’est-à-dire capables de détecter la présence de hCG directement dans l’urine de femme. Ce test, par « inhibition de l’hémagglutination », consiste à mélanger l’urine à des anticorps dirigés contre les hCG. En présence d’hCG les globules rouges coagulent, affichant un aspect particulier propre à la grossesse. Moins cher et plus rapide que le test animal, il était cependant vecteur de nombreux faux positifs.
1970 : naissance du test moderne
Les années 1970 sonnent le début de la révolution sexuelle. Les femmes sont de plus en plus demandeuses de détection précoce de grossesse, pour pouvoir assurer, au choix, un projet parental ou une interruption volontaire de grossesse. Cette période signe ainsi la naissance des tests de grossesse tels qu’on les connaît aujourd’hui : reposant sur le principe de l’immunochromatographie. Des chercheurs américains ont découvert que l’hCG se différenciait d’un point de vue immunologique grâce à sa sous-unité bêta. En utilisant des animaux, ils ont développé un antisérum spécifique capable de mesurer l’hormone chez les humains. À partir de là, c’est donc cette sous-unité qu’on cherchera à détecter dans les tests de grossesse, pour plus de fiabilité.
1973 : les premiers tests à la maison, pour apprenti chimiste
Les tests de grossesse sont enfin disponibles à domicile ! Un signe fort d’autonomie pour les femmes, qui ne sont plus obligées d’informer leur médecin de leur activité sexuelle. Mais le test est encore loin du simple bâtonnet que l’on connaît aujourd’hui. Le procédé requérait pas moins de neuf étapes, avec éprouvette et tubes à essai. Peu importe : ce test est un franc succès en France, à tel point que les laboratoires de biologie médicale craignent de perdre des clientes.
1978 : un test pour 10 dollars
En 1978, le premier autotest à 10 $ est vendu aux USA, promettant un résultat en 2 heures. Son nom ? « Error proof test », le test de preuve d’erreur. Les scientifiques américains de l’époque se réjouissent de cette avancée majeure pour la santé publique.
Depuis les années 1990 : un test en perpétuelle évolution
Les principes de fonctionnement ayant été posés dans les années 1970, le test de grossesse innove ensuite régulièrement pour s’adapter à la vie des femmes. Il apparaît ainsi sous la forme de bâtonnet à usage unique. Par ailleurs, de nouveaux anticorps de la sous-unité bêta de l’hormone sont découverts. Plus spécifiques, ils permettent une fiabilité de 99 %. La sensibilité est également améliorée. Désormais, certains tests peuvent détecter une présence infime d’hormone dans les urines, permettant une réalisation du test dès les premiers jours de grossesse.
Comment fonctionne un test de grossesse ?
Les doses maximales sont déterminées à partir de calculs assez arbitraires. La dose journalière autorisée est calculée par rapport à la dose inoffensive la plus élevée chez la souris, ce chiffre étant ensuite divisé par cent. Cela semble précautionneux, mais la physiologie de la souris étant différente de celle de l’Homme, ce calcul n’est pas forcément juste. De plus, les perturbateurs endocriniens n’ont pas toujours un effet plus puissant si la dose est plus élevée. À petite concentration, les cellules ne les détectent pas et donc ne les éliminent pas, alors qu’à dose moyenne, ils sont repérés et éliminés. Parfois, une faible dose peut donc avoir plus d’effet qu’une dose plus élevée.
Quand réaliser un test de grossesse ?
Dès le premier jour de retard de règles. Pour un résultat idéal, attendre 2 à 3 jours après, le taux d’hCG étant plus élevé. Certains tests promettent une réponse dès 6 jours de fécondation, mais leurs résultats sont légèrement moins fiables, notamment chez les femmes ayant un cycle long, car l’ovulation peut être décalée. Il est par ailleurs conseillé de réaliser le test avec les urines du matin, plus concentrées.
Par Léa Galanopoulo