Antalgique le plus consommé par les Français après le paracétamol, l’ibuprofène est un médicament prescrit et utile dans de nombreuses situations. Cependant, il n’est pas recommandé en première intention en automédication, son usage pouvant être néfaste.
L’ibuprofène fait partie de la classe des anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS). En plus d’être antalgique (réduit la douleur) et antipyrétique (baisse la fièvre) comme le paracétamol, il est également, comme son nom l’indique, anti-inflammatoire. En inhibant la production de prostaglandines et de thromboxanes, des acteurs centraux de l’inflammation, il lutte contre l’inflammation présente dans certaines pathologies, en particulier rhumatologiques.
Quand utiliser l’ibuprofène ?
En prise orale, il est indiqué seul dans le traitement symptomatique :
– de la fièvre chez l’adulte et l’enfant,
– des affections douloureuses d’intensité légère à modérée chez l’adulte et l’enfant (maux de tête, courbatures, états grippaux…),
– des règles douloureuses,
– des douleurs modérées dans certaines maladies rhumatologiques (arthrose, goutte…).
Il peut également être utilisé en gel appliqué directement sur les zones douloureuses en cas d’entorses ou de contusions, grâce à son action anti-inflammatoire.
Quelle que soit la situation, il est préférable d’éviter les AINS en automédication et de privilégier le paracétamol en cas de douleurs ou fièvre.
“À quelles doses, Docteur ?”
- Chez les adultes , en cas de douleurs et de fièvre, la posologie est de 3 comprimés de 400 mg par jour (soit 1 200 mg par 24 heures), à espacer au moins de 6 heures. En rhumatologie, les doses sont spécifiques, veuillez en parler avec votre médecin.
- Chez les enfants , la dose est poids dépendant. De 3 mois (et plus de 5 kg) à 12 ans (environ 30 kg), la posologie est de 20 à 30 mg/kg par jour, à répartir en 3 prises.
- Chez les nourrissons de moins de 3 mois , l’ibuprofène n’est pas autorisé, sauf en cas de contre-indication au paracétamol (allergie par exemple).
C’est quoi une inflammation ?
L’inflammation est une réaction de notre organisme en cas d’agression (par un virus, un choc, un produit chimique…). Elle se traduit le plus souvent par une rougeur locale, une sensation de chaleur, une douleur et un gonflement. Mais une inflammation peut également avoir lieu à l’intérieur du corps, au niveau d’un organe par exemple.
Cette réaction est indispensable face à une agression pour se défendre, mais parfois l’inflammation persiste alors même que les “agresseurs” ont été éliminés, il s’agit d’une inflammation chronique.
Les cas particuliers
Les femmes enceintes
À partir du deuxième trimestre de grossesse, l’ibuprofène est formellement contre-indiqué, car il augmenterait le risque de fausse couche. Selon l’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM), même une seule prise d’ibuprofène peut entraîner la mort du fœtus à partir du 6e mois de grossesse. L’ANSM recommande tout de même d’éviter la prise d’ibuprofène également au premier trimestre.
La varicelle
Si votre enfant a la varicelle, ou que vous le suspectez, ne lui donnez surtout pas d’ibuprofène, d’aspirine, ou tout autre anti-inflammatoire. En cas de fièvre, le paracétamol sera la seule molécule acceptée. En effet, les AINS augmentent le risque de complications infectieuses bactériennes et l’aspirine peut entraîner un syndrome de Reye (complication rare, mais très grave).
Précautions d’emploi
Attention aux estomacs fragiles
Comme tous les AINS, l’ibuprofène peut être agressif au niveau digestif et causer des brûlures d’estomac. Pour protéger son ventre, il est recommandé de prendre ce médicament au cours d’un repas pour ne pas agresser les muqueuses. Il est d’ailleurs totalement contreindiqué en cas d’ulcère de l’estomac ou du duodénum, ou de maladie chronique de l’intestin (ex. maladie de Crohn).
Éviter les surdosages
Beaucoup de médicaments sans ordonnance contiennent de l’ibuprofène. Cette molécule doit pourtant être surveillée attentivement. En effet, bien que les intoxications graves soient rares, un surdosage peut entraîner nausées, vomissements, douleurs à l’estomac, voire acouphènes, saignements gastro-intestinaux, jusqu’aux vertiges, convulsions et coma.
C’est pourquoi, au vu des nombreuses spécialités contenant de l’ibuprofène, il faut vérifier, à chaque prise en automédication, les molécules contenues dans le médicament pour ne pas doubler les doses. Ce conseil est à reproduire pour toutes les autres molécules, comme le paracétamol.
Par exemple, ces spécialités très vendues en pharmacie en contiennent : Advil®, Nurofen®, Rhinadvil®, Spedifen®, Ibupradoll®… (liste non exhaustive).
L’ibuprofène et Covid-19
Aux prémices de l’épidémie, il a été conseillé d’éviter de prendre des AINS ou de l’aspirine en cas de Covid-19 avéré ou suspecté, car ils aggraveraient les symptômes. Une étude portée sur 72 000 patients a montré que l’utilisation d’AINS durant un Covid-19 n’augmentait pas la gravité ou la mortalité de la maladie. Cependant, la Haute Autorité de santé recommande l’usage du paracétamol en cas de douleur et fièvre lors de l’infection. En cas de prise d’AINS dans le cadre d’une maladie chronique, ces derniers peuvent cependant être poursuivis.
- 1 femme sur 10 déclare avoir déjà pris de l’ibuprofène en automédication durant sa grossesse
Source : Observatoire français des médicaments antalgiques (OFMA)
L’ibuprofène est contre-indiqué en cas de…
- Allergie à l’ibuprofène
- Grossesse
- Antécédents d’hémorragie ou de perforation digestive au cours d’un traitement par AINS
- Hémorragie
- Insuffisance hépatique, rénale ou cardiaque, sévère
- Lupus érythémateux disséminé
- Douleurs dentaires en automédication (l’ibuprofène peut masquer des signes d’infection et faire propager une infection bactérienne), veuillez en discuter avec votre dentiste.
Il est déconseillé de prendre de l’ibuprofène si vous prenez…
- Autres AINS
- Aspirine
- Anticoagulants oraux (augmentation du risque hémorragique)
- Héparine (augmentation du risque hémorragique)
- Lithium
- Méthotrexate
Par Léna Pedon





