La pratique avancée est une évolution du métier d’infirmier qui permet d’élargir ses missions et ses compétences. Elle a été créée par la Loi de modernisation du système de santé de 2016. Nous décrivons son rôle à l’aide de Jérémie Thezenas, infirmier en pratique avancée (IPA) en neurologie.
Qu’est-ce qu’un infirmier en pratique avancée ?
Un infirmier en pratique avancée (IPA) est un infirmier qui intervient auprès des patients avec une notion d’expertise dans un domaine d’intervention. Sa pratique est ouverte à cinq domaines : pathologies chroniques stabilisées, oncologie et hémato- oncologie, néphrologie, psychiatrie et santé mentale, et urgences. La particularité des IPA est qu’ils fonctionnent sur orientation du médecin. Mais ils ont aujourd’hui le droit de prendre en charge directement les patients lorsqu’un médecin est présent dans l’équipe.
Dans quels lieux L’IPA peut-il exercer ?
L’IPA peut exercer en : libéral, établissement privé, hôpital public… partout où il y a des infirmiers il peut y avoir des IPA.
Comment un infirmier peut-il devenir IPA ?
Pour devenir IPA, l’infirmier doit justifier d’une expérience infirmière de 3 ans minimum et obtenir un diplôme d’État d’IPA, correspondant à une formation universitaire de 2 ans reconnu au grade de master. Le domaine d’intervention est choisi durant cette formation.
Quels sont les bénéfices attendus de la pratique avancée ?
La pratique avancée permet entre autres :
- un meilleur accompagnement car les IPA prennent en charge les patients de façon plus biopsychosociale et holistique, en complément de la prise en charge médicale ;
- un acteur de coordination important sur le parcours de soins du patient ;
- un acteur permettant une pluri-professionnalité efficace autour des patients ;
- une réduction des délais de prise en charge ;
- une réduction des inégalités d’accessibilité à un professionnel expert. Et même si un IPA ne peut pas remplacer un médecin, il répond au déficit d’accès aux soins ;
- une diversification et un enrichissement des professions paramédicales.
Quelles sont les limites du métier d’IPA ?
Témoignage de Jérémie Thezenas : « L’IPA a de grands rôles dans différents champs comme la formation, la recherche, la collaboration ou encore l’éthique. Sa plus grande problématique concerne le champ clinique où il est le plus attendu. Aujourd’hui, un décret liste des actes médicaux que l’IPA est autorisé à effectuer sans prescription médicale. Une prise en charge holistique me semble compliquée avec une liste d’actes, c’est une logique de parcours qui manque à ce décret. De plus, pour les pathologies chroniques stabilisées, seulement 8 pathologies ont accès à la pratique avancée (accident vasculaire cérébral, artériopathies chroniques, cardiopathie, diabétologie, insuffisance respiratoire chronique, maladie d’Alzheimer et autres démences, maladie de Parkinson, épilepsie), tandis que d’autres champs qui en ont en besoin comme la rhumatologie ou les soins palliatifs n’y figurent pas. Le choix est un peu arbitraire et demanderait plutôt une prise en charge globale, pouvant s’adapter à tout type de patients. »
D’après le décret de 2018, la pratique avancée recouvre :
→ des activités d’orientation, d’éducation, de prévention ou de dépistage ;
→ des actes d’évaluation et de conclusion clinique, des actes techniques et des actes de surveillance clinique et paraclinique ;
→ des prescriptions de produits de santé non soumis à prescription médicale, des prescriptions d’examens complémentaires, des renouvellements ou adaptations de prescriptions médicales.
En savoir +
la rémunération d’un IPA
L’IPA perçoit une augmentation d’environ 10 % vis-à-vis du salaire infirmier dans la fonction publique. Pour le privé, le salaire évolue selon les négociations. Dans les autres pays, il se situe en moyenne 35 % au-dessus du salaire infirmier.
Par Lise de Crevoisier
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